Dix-sept ans après avoir acheté son condo situé dans le quartier branché de Kitsilano, à Vancouver, Cobi Falconer est fière d'avoir liquidé son hypothèque et payé ses études en occupant souvent plusieurs emplois en même temps.

Alors qu'elle n'avait que 23 ans, le père de la jeune fille lui a fourni le montant nécessaire à la mise de fonds initiale. Ce qui lui permet à 39 ans d'être entièrement propriétaire de son logement. «C'est une expérience très valorisante, ça fait partie de notre croissance, de notre apprentissage et de notre maturité» déclare l'archiviste célibataire qui a occupé deux emplois à temps plein de serveuse pendant ses vacances d'été et un poste d'assistante-enseignante durant l'année scolaire.

«Lorsqu'une jeune personne investit tôt dans l'immobilier, ça a beaucoup de sens. Au lieu de payer un loyer à quelqu'un d'autre, vous investissez dans votre avenir.»

Selon les données de Statistique Canada dévoilées cette semaine, il y a plus de personnes vivant seules que des gens en couple avec des enfants. Un domicile habité par une seule personne représente 27 pour cent de tous les foyers. Ce qui représente trois fois plus qu'en 1961.

Plusieurs Canadiens n'hésitent pas à profiter des bas taux d'intérêt pour pénétrer seul dans le marché immobilier. Les jeunes gens demeurent plus longtemps aux études, se marient plus tard, ou ne se marient tout bonnement pas alors que les baby-boomers se retrouvent seuls après un divorce ou une séparation.

Mais les conseillers rappellent qu'acheter une maison seul est une décision sérieuse à prendre et il faut en soupeser les conséquences.

Selon l'avocat en droit immobilier Mark Weisleder, de Toronto, il existe des avantages à habiter seul, mais s'il survient un contretemps, on n'a personne vers qui se tourner pour nous soutenir.

Au moment de choisir d'acheter une résidence ou de demeurer locataire, il faut tenir compte d'un facteur important; soit de mesurer son taux de sédentarité, souligne de son côté Farhaneh Haque, conseillère en hypothèques chez TD Canada Trust.

Si vous avez un emploi stable et savez que vous comptez demeurer dans la même ville assez longtemps, acheter une propriété est sûrement un meilleur investissement que de louer, explique Farhaneh Haque. Mais pour cela, il faut être en mesure de s'enraciner pendant trois ou quatre années. Il n'est pas judicieux d'acheter une maison que nous devrons revendre dans un an ou deux en raison des dépenses associées à la vente. Les frais de courtage payés à un agent et les frais légaux peuvent gruger radicalement le gain de capital.

Il faut également voir si vous êtes disposés à sacrifier quelques voyages et sorties au restaurant pour rencontrer vos obligations chaque mois. Pour sa part, Cobi Falconer ne tient pas à posséder une voiture et a plutôt décidé de louer son espace de stationnement pour augmenter ses revenus et a éliminé les dépenses frivoles de sa vie.

Le fait d'être seul pour accumuler la somme nécessaire à une mise de fonds peut retarder le moment de l'achat. On peut alors choisir un condo ou une propriété dont on peut tirer des revenus locatifs.

«Lorsque vous achetez une propriété en solo comparativement à le faire en couple, vous devrez travailler en double pour calculer le montant que vous pourrez consacrer à cet achat et évaluer ce que vous pouvez vraiment vous offrir» déclare Mme Haque.

Il est important d'économiser le plus que vous pouvez pour la mise de fonds. Vous n'aurez pas à prendre une assurance-hypothèque si vous détenez 20 pour cent du montant total de la propriété. Le versement mensuel serait plus abordable et vous paierez moins d'intérêts. Il faudrait également prévoir une bonne réserve pour couvrir les frais relatifs à l'achat lui-même.

Vos besoins en tant que célibataire diffèrent de ceux d'un couple. Aussi, faut-il choisir une propriété en fonction de son style de vie autant qu'en fonction de sa capacité de payer. Par exemple, le choix de Cobi Falconer de vivre dans un espace réduit près de la plage est pratique parce qu'il lui permet de se rendre à pied partout où elle veut.

Vivre dans un condo entraîne des frais mensuels, une surveillance et un service d'entretien. Il faut inclure ces coûts supplémentaires dans le budget. Être propriétaire exige des déboursés de 500 $ à 600 $ de plus par mois que d'être locataire. Idéalement, la portion du revenu mensuel consacrée à l'habitation ne devrait pas dépasser 30 pour cent, souligne Mark Weisleder.

Acheter une propriété alors qu'on est célibataire ne signifie pas que vous ne vivrez jamais avec un partenaire, mais ça demeure un bon placement et une garantie pour l'avenir.