Nombreux sont les Canadiens à être attirés par la liberté et la flexibilité du travail autonome, mais les coûts des soins de santé supplémentaires - prescriptions, lunettes, visites chez le dentiste - peuvent s'additionner au point où il devient plus rentable d'avoir un emploi qui offre des avantages sociaux.

Plusieurs mois après avoir terminé ses études à l'université de Toronto, Matthew Filipowich a reçu une facture fort imposante pour un traitement de canal: celle-ci s'élevait à 1500 $.

Le jeune diplômé de 23 ans était alors un photographe pigiste et ne possédait pas d'assurance pour les soins de santé supplémentaires.

«Ce fut très difficile. J'étais étudiant, j'ai obtenu mon diplôme, mis sur pied ma propre entreprise, puis tout à coup, je me suis retrouvé avec une facture de 1500 $», relate-t-il.

«Ce fut fort accablant. Je n'arrêtais pas de me dire que ça aurait pu être pire. Que serait-il arrivé si j'avais eu des complications? Et si j'avais eu à y retourner? Qu'est-ce que j'aurais fait? J'aurais été pris avec un trou dans la dent?»

Le nombre de travailleurs autonomes au Canada ne cesse d'augmenter. Il a atteint près de 2,7 millions en 2011, par rapport à 2,3 millions dix ans plus tôt, selon les données compilées par Statistique Canada.

Cette croissance a tendance à s'accélérer pendant les périodes de ralentissement économique. Un rapport de Statistique Canada indique que le nombre de travailleurs autonomes a augmenté de 3,9 pour cent entre les mois d'octobre 2008 et 2009, au point fort de la récession.

Au même moment, le nombre d'emplois rémunérés a chuté de 1,6 pour cent dans le secteur public et de 4,1 pour cent dans le secteur privé.

Autrement dit, près de 100 000 personnes ont commencé à travailler à leur compte pendant cette période, tandis que le nombre d'employés à salaire a diminué de près d'un million.

Le planificateur financier agréé Mark Halpern estime que l'essor des petites compagnies a contribué à cette mouvance vers le travail autonome.

«En résultante, nous avons un nombre important de personnes qui ont probablement tenu ce qu'elles avaient pour acquis, qui ne remarquaient plus ce parapluie au-dessus de leurs têtes, cette protection que leur offraient leurs bénéfices sociaux», observe-t-il.

Bien que les Canadiens jouissent d'un système de santé financé par l'État, de nombreux services ne sont pas couverts par cette assurance, notamment les soins dentaires, la physiothérapie, les médicaments sous prescription et les lunettes.

Or selon certains travailleurs autonomes, dont Jeff Chatterton, les plans d'assurance qui couvrent ces services supplémentaires sont trop chers, avec un prix de départ oscillant autour de 300 $ par mois. M. Chatterton, qui possède un bureau de communications à Kitchener, en Ontario, affirme que sa famille est en bonne santé, et qu'il n'est donc pas rentable pour eux de contracter une assurance pour rembourser les frais d'une simple carie ou d'une prescription occasionnelle.

«Ce serait bien d'avoir une assurance, reconnaît-il. Mais bon, disons que je m'assure de nettoyer mes dents avec de la soie dentaire.»

D'aucuns, comme M. Fillipowich, ont formulé des demandes d'assurance, mais ont été rejetés en raison de leurs ennuis de santé.

«C'est décourageant de chercher de l'aide et de se faire dire qu'il n'est pas possible d'être assurés à moins d'avoir un dossier médical parfait», résume-t-il.

Le conseiller en assurance Barry Greenberg recommande aux Canadiens de créer un compte dédié aux dépenses en soins de santé, car il est impossible de se le faire refuser et qu'il propose davantage de flexibilité en ce qui a trait à la manière de dépenser l'argent.

Avec un compte de ce genre, un bénéficiaire effectue un paiement forfaitaire, puis envoie les reçus de ses dépenses en santé, qui lui sont remboursées par la compagnie en prenant l'argent dans ce compte.

Le principe est donc semblable à celui d'un compte-épargne, mais il permet aux bénéficiaires de déduire les coûts de l'impôt sur le revenu qu'il doit payer. Si l'argent n'est pas dépensé en entier dans une année, le solde est reporté à l'année suivante.

M. Halpern recommande enfin de contracter une assurance d'urgence, qui coûte de 10 à 20 $ par mois, afin de faire face aux imprévus plus importants.