L'indemnité de départ est imposable, comme le salaire. Mais différentes options permettent d'esquiver la facture fiscale quand on reçoit un gros montant forfaitaire.

Premièrement, si l'employé a des droits de cotisation inutilisés à son REER, l'employeur peut transférer une portion l'indemnité dans son REER. On ne devrait pas se priver de mettre cet argent à l'abri de l'impôt... sauf peut-être s'il y a un divorce dans l'air. Dans ce cas, l'argent versé au REER fera partie du patrimoine familial qui doit être séparé.

Deuxièmement, les employés qui ont plus de 16 ans de service peuvent gonfler leur espace à l'abri de l'impôt. Même s'ils n'ont pas de droits de cotisation, ils peuvent transférer une partie de leur indemnité dans leur REER, sous forme d'allocation de retraite.

Combien? On calcule 2000$ par année d'emploi avant 1996. Pour les années avant 1989, on peut ajouter un autre 1500$ par année, si la personne ne participait pas à un régime de pension agréé, explique Nathalie Bachand, actuaire et planificatrice financière chez Bachand Lafleur Groupe conseil.

Pour un employé qui travaille pour la même entreprise depuis 1980, cette règle permettrait de transférer 45 500$ dans son REER, soit 32 000$ (1980 à 1995: 16 ans X 2000$) plus 13 500$ (1980 à 1988: 9 ans X 1500$).

«Mais il faut agir l'année où l'on reçoit l'indemnité. Sinon, on perd l'avantage», ajoute Natalie Hotte. Généralement, l'employeur peut transférer directement l'indemnité dans le REER, sans faire de retenue d'impôt à la source. Mais quand l'employé fait sa déclaration de revenu, il doit préciser qu'il s'agit d'une allocation de retrait. Si l'employeur refuse de s'en mêler, l'employé peut faire la contribution lui-même et récupérer l'impôt comme avec une cotisation REER.

Pour ceux qui n'ont toujours pas assez d'espace REER, il y a une troisième option: «Si on perd son emploi vers la fin de l'année, il est souvent intéressant de négocier le paiement en deux tranches: l'une immédiatement, l'autre au début de janvier», dit Mme Hotte.

Cette stratégie permettra de répartir les revenus excédentaires sur deux années d'imposition, et de réduire ainsi la facture fiscale. Mais quand on perd son emploi au début de l'année, la décision est plus difficile à prendre... car il faudra se priver du montant pendant plus longtemps.

Et l'assurance emploi?

Peu importe le mode de versement de l'indemnité de départ (montant forfaitaire ou salaire, versé au REER ou pas), le calcul de l'assurance-emploi reste le même. Si l'indemnité représente six mois de salaire, par exemple, l'employé sera admissible à l'assurance-emploi seulement après six mois et deux semaines, en considérant le délai de carence, souligne Martin Dupras, président du CA de l'Institut québécois de planification financière et propriétaire de ConFor Financiers.

Mais ce n'est pas une raison de s'empêcher de verser son indemnité dans son REER, surtout si on peut profiter de l'allocation de retraite, car il s'agit d'une occasion unique qui ne repassera pas. L'employé pourra toujours puiser plus tard dans son REER, si jamais il manque d'argent parce qu'il n'a pas retrouvé d'emploi.