Vous êtes du genre à laisser traîner votre chéquier dans le tiroir de la cuisine? À oublier de vérifier vos transactions bancaires tous les mois? Cette chronique est pour vous!

Peu de gens le savent, mais leur bon vieux carnet de chèques n'est plus aussi blindé qu'avant contre la fraude. En théorie, les banques doivent vérifier la signature des chèques pour s'assurer qu'elle correspond à celle du client. Cette mesure de sécurité protège les clients qui se font voler leur chéquier. Si le fraudeur utilise un chèque volé en contrefaisant la signature, la banque devrait s'en apercevoir, autrement elle dédommagera le client.

Mais il est fastidieux de vérifier les chèques un après l'autre, si bien que les banques ne le font plus systématiquement. Une décision d'affaires qui permet de réaliser des économies. Pour limiter leurs pertes financières dues à la fraude, les institutions financières ont modifié leur convention pour forcer la clientèle à être plus vigilante.

Ainsi, les particuliers doivent ranger leur chéquier en lieu sûr et vérifier leurs transactions tous les mois. Généralement, les clients ne disposent que de 30 jours pour signaler un chèque frauduleux à leur banque. Par la suite, l'institution financière se dégage de toute responsabilité.

Les règles sont encore plus strictes pour les comptes commerciaux, ce qui peut aussi toucher de nombreux travailleurs autonomes. Dans leur convention, les banques précisent que le client doit protéger son chéquier «de la même manière qu'un montant d'argent important» et qu'il doit garder son chéquier sous clé, dans un coffre-fort par exemple.

Et les banques se dégagent complètement de la responsabilité d'une fraude lorsqu'elle est commise par un employé qui a dérobé des chèques. C'est au patron de s'assurer que son personnel est honnête.

«Le problème, c'est que les gens ne sont pas toujours conscients de ces clauses. Il faut qu'ils sachent qu'ils ont la responsabilité de protéger leur chéquier parce que ça peut leur causer beaucoup de dommage», prévient Marie-Claude Roy, enquêteuse principale à l'Ombudsman des services bancaires et d'investissement (OSBI).

L'organisme, qui se penche sur les différends entre les banques et leurs clients, a reçu plusieurs plaintes à propos de l'utilisation frauduleuse de chèques dernièrement.

Il arrive que les banques refusent de dédommager les clients volés par un membre de leur propre famille, parce que leur carnet de chèques n'était pas rangé en lieu sûr. Par exemple, un jeune homme qui avait des problèmes de drogue a volé le chéquier que son père laissait dans la boîte à gants de sa voiture. La banque refusait de rembourser le client, mais elle a dû se raviser, car l'OSBI a tranché que la voiture était verrouillée. Mais le père n'a été que partiellement dédommagé, puisqu'il n'avait pas averti la banque dans les 30 jours.

Les banques sont encore plus sévères avec les entrepreneurs. Le propriétaire d'une petite entreprise a eu toute une surprise quand sa banque l'a appelé pour lui demander des instructions à propos de l'encaissement d'un chèque de 90 000$, alors que le compte ne contenait pas une telle somme.

Le patron a vite réalisé qu'un autre chèque de 21 500$ venait d'être encaissé par un employé qui avait volé le chéquier rangé dans une armoire discrète et verrouillée. La banque refusait de renflouer le compte, en disant que la convention la dégageait de toute responsabilité dans le cas de fraude commise par un employé.

Or, l'OSBI a établi que cette clause n'existait pas lorsque le propriétaire de l'entreprise avait ouvert son compte, il y a fort longtemps. La nouvelle clause ne pouvant pas s'appliquer, la banque a finalement dédommagé le client en entier. Ouf!

Mais les nouveaux clients n'auront pas le même traitement. D'où l'importance de bien lire sa convention, de garder son chéquier en lieu sûr et de lire attentivement son état de compte tous les mois.

Prudence aussi avec les chèques que vous recevez par courrier. Quelqu'un peut s'emparer d'un chèque, l'endosser en imitant votre signature, puis l'encaisser sans que vous ne vous en aperceviez. Suivez vos comptes, de manière à sonner l'alerte rapidement si quelqu'un a encaissé dans votre dos un chèque qui vous est dû.