Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Stephen Gauthier, de Fin-XO.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Récemment, les données ont confirmé la reprise économique aux États-Unis. Jeudi, les demandes d'assurance chômage ont atteint leur plus bas niveau depuis plusieurs années. Cela indique que la création d'emplois est vigoureuse aux États-Unis. Plus tôt cette semaine, les statistiques sur les ventes au détail ont été très positives. Une après l'autre, les données confirment une certaine vigueur de l'économie américaine, dans un contexte économique mondial qui l'est beaucoup moins. C'est réconfortant.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

L'effet négatif de ces bonnes nouvelles, c'est la remontée des taux obligataires un peu partout dans le monde. On sait tous que les taux d'intérêt sont trop bas, compte tenu de l'inflation qui tourne autour de 2,5% aux États-Unis, alors que le taux des obligations 10 ans étaient en dessous de 2%.

La Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine ont mentionné récemment qu'il faudrait qu'elles reprennent un jour une partie des liquidités qu'elles ont injectées. À court terme, cela veut dire que la Fed ne lancera pas de mesures d'assouplissement additionnelles et qu'elle pourrait peut-être même revendre des obligations qu'elle avait achetées depuis trois ans.

Les marchés obligataires n'ont pas aimé ça: depuis le début du mois de mars, les taux 10 ans ont remonté d'environ 25 points de base, pour atteindre 2,28%. Pour l'instant, il n'y a pas lieu de tirer la sonnette d'alarme. Mais si les taux devaient remonter significativement, il y aurait un impact négatif. C'est à surveiller.

L'autre élément à suivre, c'est l'économie chinoise. Jusqu'à récemment, tout le monde voyait la progression de l'économie chinoise comme un gros plus. Maintenant, on voit les choses se détériorer. Par exemple, l'immobilier a baissé de façon importante, plutôt que de simplement se stabiliser comme le voulait le gouvernement qui avait pris des mesures pour éviter la surchauffe.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

J'achèterais un fonds négocié en Bourse qui reflète l'indice S&P500 de la Bourse américaine. Jusqu'à récemment, on investissait avec une protection contre la fluctuation des devises, en choisissant le iShares S&P 500 (XSP) qui se négocie à Toronto, en dollars canadiens. Mais on juge que le dollar américain sera plus fort ces prochains temps, alors on investit plutôt sans couverture de change, en achetant le SPDR S&P 500 E.T.F. (SPY) directement à la Bourse américaine.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

J'éviterais les sociétés minières, telles que Teck Resources. Avec l'économie mondiale qui ralentit de façon marquée, plus particulièrement l'économie chinoise qui est une grande consommatrice de ressources naturelles, on pense que les prix des matières premières sont appelés à chuter, ce qu'on observe déjà depuis quelques mois. On voit aussi que la progression de la demande est au ralenti.

Qu'est-ce les marchés sous-estime le plus présentement?

Au Canada, il n'y a pas de doute que c'est le risque lié à l'endettement des ménages. Les Canadiens ont 153% de dettes par rapport à leurs revenus disponibles (après impôts). Ils sont plus endettés que les Américains l'étaient en 2008. Dans tous les pays, que ce soit aux États-Unis, au Japon, en Angleterre, en Espagne, lorsque le taux d'endettement a dépassé 150%, il y a une crise financière importante par la suite. On va se croiser les doigts. Mais pour les investisseurs il faut rester prudent, notamment quand on achète des banques.

Stephen Gauthier est coprésident Groupe clientèle privée et chef des investissements de Fin-Xo Valeurs mobilières. Avec 35 conseillers en placement à travers le Québec et l'Ontario, Fin-XO gère 500 millions d'actifs, ce qui en fait la deuxième plus importante firme de courtage indépendante ayant son siège social au Québec.