Alors qu'Ottawa veut revoir la pension de la Sécurité de la vieillesse, en repoussant l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, plusieurs groupes d'aînés s'unissent pour dénoncer les failles du régime de retraite fédéral.

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Le réseau FADOQ, qui compte 265 000 membres au Québec, réclame la simplification et l'automatisation du processus de demande du Supplément de revenu garanti (SRG) qui est versé aux aînés les plus pauvres, en complément de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).

Présentement, quelque 210 000 Canadiens de 65 ans et plus, dont près de 60 000 Québécois, n'obtiennent pas leur dû. Le taux de participation au SRG s'élève à environ 88%, selon une évaluation de Ressources humaines et développement des compétences Canada (RHDCC) qui gère le programme.

Autrement dit, plus d'un Canadien admissible sur 10 ne reçoit pas le SRG, dénonce Jacques Gagné, de l'Université du troisième âge. «Il y a 12% des gens qu'on ne rejoindra jamais avec le mécanisme actuel. Alors, changeons-le!», lance-t-il.

Proposition simplifiée

Son groupe de travail propose qu'Ottawa ajoute tout simplement une case sur la déclaration de revenus, comme c'est déjà le cas pour obtenir le remboursement de la TPS. Les contribuables n'auraient qu'à cocher à un seul endroit pour autoriser l'Agence du revenu du Canada à transmettre les informations à RHDCC. Le gouvernement pourrait ensuite calculer et verser automatiquement le SRG au bénéficiaire.

Actuellement, les aînés doivent remplir, année après année, un formulaire complexe et écrit en minuscules caractères. Beaucoup d'aînés analphabètes sont gênés de demander de l'aide. «Mais ce n'est pas parce que vous savez lire que le formulaire est facile à comprendre», assure Lise Hébert, vice-présidente à l'Association des retraitées et retraités de l'enseignement et autres services publics du Québec (AREQ).

L'AREQ qui compte 55 000 membres appuie l'offensive, tout comme l'Association de défense des droits des personnes retraitées et pré-retraitées (AQDR) qui en compte 38 500, la Société de Saint-Vincent de Paul, et plusieurs clubs d'âge d'or qui étaient représentés, hier, au cours d'une conférence de presse à Repentigny.

«Les informations données dans le formulaire pour obtenir le SRG sont les mêmes que celles de la déclaration d'impôt, souligne M. Gagné. Alors, pourquoi tant de paperasserie inutile, alors qu'on pourrait faire autrement, surtout pour les personnes âgées les plus vulnérables?»

Parmi les aînés les plus vulnérables qui ne reçoivent pas le SRG, on compte beaucoup de sans-abri, d'immigrants, d'autochtones. Souvent des femmes vivant seules. Des gens qui ignorent qu'ils ont droit à ce coup de main de l'État, ou qui ne veulent pas avoir l'air de quêter. Plusieurs se butent à la barrière de la langue. D'autres sont analphabètes, handicapés, isolés. Ils n'ont pas les documents nécessaires pour remplir le formulaire, pas de compte de banque. «L'inscription devrait être automatique pour tous ceux qui font leur déclaration de revenus», insiste Cécile Plourde, vice-présidente de la FADOQ qui milite pour une réforme en profondeur du SRG depuis 2009.

Avec l'appui des trois partis de l'opposition, la FADOQ avait déposé une pétition de 40 000 noms au Parlement, en 2010. Dans son budget de mars 2011, le gouvernement fédéral, alors minoritaire, avait instauré une prestation complémentaire au Supplément de revenu garanti (SRG) qui rapporte jusqu'à 50$ par mois (600$ par année) aux aînés qui ont moins que 4400$ de revenus annuels, à part la PSV et le SRG.

Un bon coup de main

Notons que la PSV rapporte jusqu'à 540$ par mois (6480$ par année). Quant au SRG, il rapporte jusqu'à 732$ par mois (8784$ par année) pour les aînés qui gagnent moins de 16 400$ (sans compter la PSV). Environ 1,6 million de Canadiens reçoivent le SRG, soit plus du tiers (37%) des ainés qui touchent la PSV.

Mais Ottawa n'a toujours pas résolu le problème des 210 000 aînés qui sont privés du SRG parce qu'ils n'en font pas la demande.

Les groupes d'aînés poursuivent donc leur combat. La FADOQ prône aussi la rétroactivité pleine et entière du versement de la SRG. Les personnes qui ont oublié d'en faire la demande peuvent actuellement récupérer seulement 11 mois perdus.

De plus, la FADOQ réclame le prolongement du SRG pour une période de six mois après le décès d'une personne mariée ou vivant avec un conjoint de fait, question de laisser le temps au conjoint esseulé d'ajuster sa situation financière à la baisse de revenus.