Les résultats trimestriels dévoilés par les grandes banques canadiennes ont été bien accueillis, cette semaine, à la Bourse. Mais l'année 2012 s'annonce difficile: les banques doivent se conformer à une vague de nouvelles exigences réglementaires, trouver des façons de croître dans un contexte économique plus difficile, maintenir leurs marges de rentabilité malgré la faiblesse des taux d'intérêt...

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Ouf! Les marchés ont poussé un soupir de soulagement en voyant les résultats trimestriels des banques canadiennes, cette semaine. Les banques sont parvenues à garder le cap, malgré des vents contraires.

La Banque Nationale a largement surpassé les attentes des analystes, avec des profits en hausse de 3%. Cela découle notamment de la vigueur de ses activités sur les marchés des capitaux, alors que la Banque Royale et la Banque TD ont subi un important revers sur ce front.

Les deux plus grandes banques du pays ont ainsi vu leurs profits fondre d'environ 5%, mais la baisse a été amortie par la bonne tenue des activités bancaires aux particuliers et aux entreprises.

Au final, leurs résultats ont été meilleurs que prévu. La Royale et la TD se sont même permises de relever leur dividende, une belle surprise qui a témoigné de leur optimiste pour 2012, une année pourtant remplie de défis.

Les banques devront s'adapter à une réglementation plus contraignante, notamment avec l'entrée en vigueur des règles de Bâle III à partir de 2013 (voir encadré).

En plus d'avoir à se conformer aux nouvelles exigences, les banques devront assumer les coûts additionnels pour mettre en place les systèmes que les nouvelles règles imposent.

«Les banques doivent avoir les données et les modèles pour faire les calculs. C'est très demandant. Et ça représente des coûts importants pour les banques», explique Caroline Émond, leader du secteur aux institutions financières chez PricewaterhouseCoopers.

Les banques vont aussi devoir composer avec le ralentissement de la croissance économique au Canada. La Banque du Canada s'attend à une croissance de seulement 2% en 2012, puis de 2,8% en 2013.

Et les consommateurs commencent à être essoufflés. Alors que leur taux d'endettement atteint un sommet de 153%, près des deux tiers des Canadiens veulent réduire leurs dettes en 2012, selon un sondage Léger Marketing. Pour y arriver, les Canadiens sont prêts à reporter l'achat d'une auto (70%) ou d'une nouvelle maison (62%).

Ce refroidissement aura des répercussions sur le volume de prêts des banques. Cet hiver, on a d'ailleurs vu les banques se lancer dans une guerre de taux hypothécaires pour aller chercher des parts de marché.

Consommateur essoufflé

«Mais pour l'instant, le ralentissement se fait surtout sentir du côté des cartes de crédit», indique Steve Belisle, gestionnaire d'actions canadiennes chez Investissements Standard Life.

Ainsi, la Banque Royale, a vu une baisse du solde de ses cartes de 3%. Mais elle a maintenu une croissance de 7% du côté des hypothèque. «C'est quand même très bon, dit M. Belisle. Mais ça va sûrement ralentir au cours de l'année.»

Surtout qu'Ottawa a le marché immobilier dans sa ligne de mire: un nouveau resserrement des règles de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) pourrait freiner l'immobilier résidentiel.

On peut penser à une réduction de la durée d'amortissement d'une hypothèque, à une hausse de la mise de fonds minimale, à un tour de vis dans les marges de crédit hypothécaires qui ont beaucoup gonflé le crédit à la consommation...

«Ottawa n'a jamais été aussi impliqué dans le marché hypothécaire, car la SCHL assure 48% de toutes les hypothèques au Canada, un record. Depuis 2005, le montant d'hypothèques assurées par la SCHL augmenté de 90%. Et la SCHL approche de son plafond de 600 milliards de dollars de prêts assurés», rapporte M. Belisle.

Mais selon lui, le ralentissement du côté des hypothèques et des cartes de crédit sera atténué par la remontée des prêts commerciaux.

On le voit déjà: la Banque TD, par exemple, vient d'enregistrer une hausse de 14% dans les prêts aux entreprises, au Canada.

«Les entreprises sont en bonne santé. Elles ont l'intention de faire des investissements, des fusions et acquisitions. Elles vont emprunter davantage pour financer leurs projets», affirme M. Belisle.

Reste que dans un contexte de ralentissement de la croissance au Canada, les banques ont clairement indiqué qu'elles contrôleraient les coûts de façon très serrée pour maintenir une bonne rentabilité.

Mais elles devront aussi faire preuve d'imagination pour redéployer leurs capitaux dans des projets de croissance.