Quatre assureurs vie canadiens qui ont plus de 950 milliards de dollars en actifs font partie des plus grandes entreprises de services financiers inscrites à la Bourse de Toronto.

De plus, il s'agit des entreprises dont les résultats peuvent avoir le plus d'impact sur le bien-être financier de millions de particuliers, de familles et de retraités. Au Canada surtout, mais aussi aux États-Unis et en Asie.

Mais à voir leur triste tenue boursière depuis un an, ces assureurs vie vivent des moments difficiles pour leur rentabilité et leur croissance.

La raison? Les analystes ciblent des facteurs de conjoncture économique et financière, plutôt que des fautes de gestion chez l'un ou l'autre de ces assureurs vie.

Ils citent le niveau historiquement très bas des taux d'intérêt obligataires. Cette situation complique beaucoup l'évaluation à long terme des produits d'assurance vie et de rentes vendus aux particuliers.

Aussi, la volatilité baissière en Bourse l'an dernier, après l'embellie de 2010, a contraint les assureurs vie à déprécier à nouveau certains produits d'investissement qu'ils avaient vendus antérieurement.

Cette conjoncture défavorable a terni les résultats financiers à court terme des assureurs vie. Et, partant, leur perception parmi les investisseurs boursiers.

Mais de l'avis d'analystes, le pire de cette conjoncture serait passé pour les assureurs vie.

Par conséquent, des investisseurs auraient intérêt à y jeter un nouveau coup d'oeil. En particulier ceux à la recherche de dividendes avantageux, mais aussi d'actions à potentiel d'un vif rebond de valeur dès que les taux d'intérêt obligataires se redresseront.

MANUVIE [[|ticker sym='T.MFC'|]]

Le plus grand assureur vie sous contrôle canadien a connu une fin d'exercice pour le moins décevante, qui l'a mené à un bénéfice annuel presque nul malgré la hausse des revenus.

Selon les analystes, toutefois, il ne s'agissait pas d'une surprise après une série de résultats trimestriels très volatils.

Cette volatilité évoluait au gré des marchés boursiers et financiers, mais aussi du brouillard économique qui a sévi dans des marchés importants de Manuvie aux États-Unis et en Asie.

En Bourse, les analystes estiment que cette conjoncture défavorable se «reflète pleinement» dans la valeur attribuée aux actions de Manuvie, en recul d'un tiers depuis un an.

Une occasion de rachat au rabais ? Pas encore assez convaincant, s'entendent les analystes.

Ils surveillent la succession du chef financier de Manuvie, Michael Bell. Il vient d'annoncer son départ après avoir mené le redressement financier de l'assureur vie de l'épisode très difficile de la crise financière de 2008-2009.

Par ailleurs, malgré le renforcement de son bilan depuis deux ans, surtout pour en réduire les risques financiers qu'il ne maîtrise pas, «Manuvie demeure affecté par des vents contraires qui pourraient persister un certain temps», souligne Michael Goldberg, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

Mais pour Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, les investisseurs ne devraient pas sous-estimer le potentiel de «rebond prononcé» des bénéfices d'exploitation chez Manuvie au cours des prochains trimestres.

Les facteurs positifs : le rebond attendu du marché des produits financiers aux particuliers aux États-Unis, la rentabilité accrue des activités au Canada et en Asie.

GREAT-WEST [[|ticker sym='T.GWO'|]]

À la différence de ses pairs canadiens, l'assureurvie Great-West a démontré une meilleure résistance à la volatilité de ses résultats lors des récents trimestres.

Il a d'ailleurs terminé l'exercice 2011 avec des résultats enviables : un bénéfice de 2 milliards et un rendement de ses capitaux propres à hauteur de 17%.

En Bourse, la tenue des actions de Great-West depuis un an (recul de 13%) s'avère nettement moins mauvaise que ses pairs.

Ce constat avantageux lui vaut d'ailleurs la meilleure fiche de recommandation des analystes parmi les grands assureurs vie canadiens. Mais pas sans quelques bémols.

«Les résultats de Great-West sont moins volatils que ceux de ses pairs, mais ses perspectives de croissance des revenus demeurent nébuleuses. En particulier chez Putnam (filiale américaine de fonds d'investissement) qui continue de décevoir malgré son gros potentiel de croissance», a commenté Michael Goldberg, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, après les récents résultats de l'assureur vie.

Pour Robert Sedran, analyste chez Marchés mondiaux CIBC, la valeur boursière à prime attribuée à Great-West par rapport à ses pairs est méritée. Toutefois, elle pourrait aussi être un frein à d'autres appréciations à moyen terme par rapport à ses pairs, lors d'un redressement des taux d'intérêt obligataires.

SUN LIFE [[|ticker sym='T"SLF'|]]

Le troisième assureur vie en importance inscrit à la Bourse de Toronto avait averti les investisseurs et les analystes que ses résultats de fin d'exercice seraient entachés par des frais de restructuration.

Entre autres, Sun Life a annoncé en décembre son retrait du marché des rentes variables aux États-Unis, un pays où il se place parmi le top 25 des assureurs vie selon la taille.

Aussi, Sun Life prévoyait d'autres dévaluations de certains produits d'investissement vendus antérieurement, notamment les «fonds protégés» qui ont encore subi des contrecoups boursiers en 2011.

N'empêche. Les résultats de quatrième trimestre que Sun Life a annoncés mercredi se sont avérés pires que prévu.

Au point où des analystes ont ravivé leurs doutes envers la politique de dividende de l'entreprise, qui cote maintenant au taux généreux de 7%.

Les dirigeants de Sun Life ont tenté de se faire rassurants en faisant valoir la résilience des résultats d'exploitation (avant frais spéciaux) malgré la conjoncture défavorable.

Pour l'analyste Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, cette explication demeure crédible, mais pour un temps limité.

«Si les taux obligataires devaient être aussi bas encore en fin d'année, la probabilité d'une réduction de dividende sera d'autant plus élevée», a-t-il indiqué après les récents résultats.

INDUSTRIELLE ALLIANCE [[|ticker sym='T"IAG'|]]

Le plus grand assureur vie québécois coté à la Bourse de Toronto a divulgué hier ses résultats de fin d'exercice. Et tel qu'attendu parmi les analystes, ces chiffres à court terme étaient peu reluisants.

Encore aux prises avec des ajustements à ses réserves financières, l'Industrielle Alliance a terminé son quatrième trimestre en perte nette de 63 millions, comparativement à un profit de 79 millions un an plus tôt.

Pour son exercice 2011, l'assureur vie dirigé de Québec s'est retrouvé avec un bénéfice net amputé de moitié à 141 millions, ou 1,18$ par action.

En Bourse, les investisseurs ont laissé choir ses actions de près de 3% tout juste sous la barre des 26$, leur prix le plus bas depuis... juillet 2009. En contrepartie, le rendement en dividende de ses actions s'élève maintenant à 3,8% par an.

Est-ce suffisant pour attirer les investisseurs cherchant des aubaines?

Les analystes en doutent, avec leurs recommandations presque toutes au neutre.

Leur constat principal: l'Industrielle Alliance est de loin le plus «sensible» au taux d'intérêt obligataire parmi les assureurs vie canadiens en Bourse.

«Les bas taux d'intérêt détériorent le bilan de l'Industrielle Alliance et accentuent ses pertes à court terme. Si ça continue, il pourrait y avoir un risque sur son taux de versement de dividende», selon Peter Routledge, analyste à la Financière Banque Nationale.