La vie est parfois un tourbillon et si l'on n'y prend pas garde, on peut rapidement avoir le tournis. C'est une image, bien sûr, mais pour Anne-Marie, de Montréal, ça ressemble un peu à ça, tellement elle a des projets.

Un de ses rêves serait de s'acheter une maison pour y vivre avec son enfant de 8 ans dont elle a la garde à temps plein. Mais voilà, comme elle ne s'y connait pas trop en finances personnelles, elle se demande si c'est une bonne idée. Son véritable problème, en fait, c'est qu'elle ne sait pas par où commencer, car elle essaie de concilier trois choses en même temps. Rembourser son hypothèque plus rapidement? Maximiser ses épargnes? Cotiser à un REEE pour son fils?

«Je ne sais pas comment prioriser mes paiements», dit la jeune maman de 37 ans, qui aimerait bien se faire guider dans la bonne direction.

Idéalement, elle aimerait demeurer dans son quartier, où elle a ses amis et de la parenté. Elle estime qu'elle pourrait se permettre l'achat d'une propriété de 310 000$, une fois son condo vendu.

«La multiplication des objectifs est souvent cause d'immobilisme chez beaucoup de gens», dit le planificateur financier principal de Gestion de patrimoine mondiale Scotia au Québec, Pierre Renaud, qui a analysé la situation d'Anne-Marie. Il rappelle qu'il faut d'abord prioriser ses buts et ensuite mesurer le coût associé à chacun. Par la suite, poursuit-il, les décisions viennent plus facilement.

Priorité aux priorités

Après avoir discuté avec Anne-Marie, le planificateur en est venu à la conclusion que l'achat d'une maison est sa priorité numéro un; c'est donc là-dessus qu'il s'est penché. Son condo actuel vaut environ 275 000$, mais à la vente le spécialiste estime qu'elle en tirera 260 000$, net de frais. Vu qu'Anne-Marie cible une propriété de 310 000$, il s'agit donc d'un bond d'environ 50 000$. La vente de son condo, rappelons-le, n'entraînera pas de facture fiscale puisque la croissance de la valeur marchande d'une résidence principale est libre d'impôt au Canada.

Pour financer le 50 000$ supplémentaire de sa nouvelle maison, M. Renaud lui suggère une nouvelle hypothèque de 125 000$. L'hypothèque actuelle sur son condo est de 75 000$. Au taux variable de 2,90%, c'est une bonne affaire pour Anne-Marie. Mais la pénalité sera minime, car l'échéance approche. La question ici est de savoir quoi privilégier entre un taux fixe et taux variable.

Évidemment, note le planificateur, personne ne peut prédire l'avenir et bien malin celui ou celle qui capable de prévoir le mouvement des taux d'intérêt au Canada. Cependant, la majorité des experts sont d'avis qu'ils sont présentement à un plancher et qu'ils ne peuvent que remonter à courte ou moyenne échéance. Pour cette raison, M. Renaud estime qu'Anne-Marie devrait opter pour un taux fixe de cinq ans - on en trouve sur le marché entre 3% et 3,25% - et ainsi stabiliser cette partie de son budget. À un taux de 3,25% (hypothèse), ses paiements actuels de 202$ par période de paie passeraient donc à 280$. Ses frais de condo seront par ailleurs remplacés en frais d'entretien et de taxes plus élevés sur la nouvelle résidence. La conséquence de tout ces changements serait que le surplus budgétaire mensuel d'Anne-Marie passerait de 250$ à 81$. Rien de catastrophique, considérant la nouvelle maison.

REEE avec les surplus

D'autant plus que ce surplus - même diminué - va lui permettre d'investir dans l'éducation future de son fils. Grâce au Régime enregistré d'épargne études est le véhicule d'épargne (REEE) qui permet d'accumuler des sommes à l'abri de l'impôt et de profiter de subventions de 20% du fédéral et de 10% du provincial.

«C'est un rendement de 30% garanti dès la première année qui vient garnir ce fonds dédié aux études postsecondaires de fiston», dit Pierre Renaud. Il donne l'exemple d'une cotisation mensuelle de 50$ que pourrait se permettre Anne-Marie. En utilisant un taux de rendement de 4% tout au long de la période de cotisation de 9 ans, soit jusqu'à ce son fils soit âgé de 17 ans, c'est 8 433$ qui seront disponibles pour payer ses études. Une autre excellente idée serait d'y cotiser une partie du montant non imposable du Soutien aux enfants du Québec de 130$ qu'Anne-Marie reçoit mensuellement.

Maintenant pour sa retraite, Anne-Marie a déjà une situation enviable. Comme fonctionnaire, elle aura droit à une pension équivalant à 70% de son salaire après 35 de service. Elle a de plus accumulé un REER de 11 000$ et y cotise 50$ par période de paie, soit le maximum calculé par Revenu Canada et qui est précisé sur son avis de cotisation. Pour aller un peu plus loin, Pierre Renaud estime qu'elle devrait donc privilégier le Compte d'épargne libre d'impôt (CÉLI). L'accumulation annuelle maximale de 5 000$ lui donnera amplement de marge de manoeuvre pour y investir les surplus occasionnels. N'ayant pas encore cotisé au CÉLI, Anne-Marie a une limite de 20 000$. Rappelons que le rendement en intérêts, en dividendes et en gain en capital du CÉLI est non-imposable.

Maintenant que les priorités sont la bonne place, il ne reste plus à Anne-Marie qu'à trouver la maison de ses rêves...