Roger, de Gatineau, l'admet d'emblée, il est anxieux de nature. Alors, quand il a récemment appris que son poste serait bientôt supprimé, après presque 30 ans de bons et loyaux services, il a encaissé durement le choc. Et il a presque instantanément écrit à Sous la loupe pour se faire rassurer!

Bon, n'exagérons pas, sa situation n'est pas si dramatique qu'elle en a l'air. Son épouse Guylaine et lui sont tous deux fonctionnaires fédéraux à Ottawa. Comme le gouvernement cherche à réduire son déficit, il a décidé d'éliminer des postes, notamment dans plusieurs ministères. Celui de Roger sera aboli dès février 2012; l'homme de 51 ans sera mis en disponibilité. Il pourrait alors choisir de partir à la retraite avec une rente réduite. Quant à Guylaine, 52 ans, elle est toujours au boulot; si son poste n'est pas aboli, elle pourrait continuer à travailler pendant deux ou trois ans et ainsi s'assurer d'une pleine retraite lorsqu'elle rangera ses crayons pour de bon.

La question de Roger est donc bien simple: son épouse et lui sont-ils bien prémunis pour vivre une paisible retraite s'il décide d'arrêter tout de suite? Ou devrait-il se battre pour se trouver un autre job dans la fonction publique fédérale?

«Guylaine aimerait bien que je prenne ma retraite maintenant car ma santé est chancelante», dit Roger, inquiet. S'il reste jusqu'à 55 ans, sa rente annuelle sera d'environ 67 000$; s'il quitte en février, elle tombera à 50 000$. Une grosse différence. Celle de Guylaine, en revanche, sera de 85 000$ si elle poursuit encore quelques années comme prévu.

Leurs projets de retraite sont simples: voyages, rénovations, jardinage, peut-être louer ou acheter un condo en Floride pour y passer leurs hivers... si leurs finances le permettent.

Gestion serrée

Avec les années, ce couple a su bien gérer ses finances. Grâce probablement à une gestion serrée des dépenses. Mensuellement, elles totalisent environ 2500$. Ils ont deux voitures, mais comme l'explique Roger, ils achètent toujours des autos d'occasion d'un an ou deux.

«Cela permet de grosses économies», explique Roger. Lorsqu'ils changent de voiture, ils refilent leur vieille à fiston, qui étudie à l'université.

Ensemble, ils possèdent pour environ 325 000$ en REER et 25 000$ de liquidités pour parer aux imprévus. Ils sont aussi propriétaires d'une maison évaluée à 575 000$, libre d'hypothèque. Côté assurances, ils sont bien nantis. Leur régime de retraite leur confère une protection pour soins de santé et dentaires ainsi qu'une assurance-vie. Ils ont aussi une assurance-vie privée.

Alors, leur retraite est-elle en danger?

Pour eux, le planificateur Richard Proulx s'est mis au travail. Mais avant même de sortir sa calculette, il avait déjà une bonne idée, après avoir sommairement parcouru les finances du couple.

«Oui, Roger peut sans problème prendre sa retraite en février», dit le spécialiste. En fait, ajoute t-il, même Guylaine pourrait arrêter tout de suite et se permettre une ponction sur sa rente annuelle de 85 000$. Mieux, ils n'auraient même pas besoin de leur capital accumulé dans leurs REER pour y arriver!

Bonnes conditions " train de vie modeste = bonne retraite!

Ce qui aide beaucoup dans leur cas, c'est qu'ils sont tous les deux fonctionnaires depuis très longtemps, avec d'excellentes conditions de travail. Des salaires élevés, de bonnes assurances collectives (médicales, dentaires et autres) et, cerise sur le sundae, mentionne M. Proulx, un généreux régime de retraite à prestations déterminées indexé. Bref un heureux problème.

L'autre explication est leur train de vie modeste. À seulement$30 000 par année après impôt, c'est presque de la simplicité volontaire, souligne Richard Proulx. Tout ça pour dire qu'ils se peuvent se permettre de dépenser plus, comme réaliser leur projet de louer ou d'acheter une maison dans le Sud et ainsi devenir des snowbirds.

Le planificateur financier a quand même voulu aller au fond des choses et vérifier, chiffres à l'appui, si son intuition était bonne, pour savoir, entre autres, le maximum que Roger et Guylaine pourraient dépenser à la retraite.

Avec pour hypothèses un taux d'inflation de 2,25% et rendement de 5% sur les placements REER et non enregistrés, ils pourraient dépenser jusqu'à$92 000 par année après impôt et ce jusqu'à 100 ans. Sans tenir compte des épargnes REER et non enregistrées, le montant chute à$80 000 par année après impôts, toujours jusqu'à 100 ans.

En conclusion, note M. Proulx, Roger s'est trompé de question tellement sa situation financière est bonne. Au lieu de se demander si sa retraite serait en péril à la suite de l'abolition de son poste, il aurait dû demander: combien pourrons nous dépenser à la retraite pour se rendre jusqu'à 100 ans en ayant épuisé tout notre capital?