Les rêves de retraite de nombreux Canadiens se heurtent à une dure réalité: comme ils vivent d'un chèque de paie à l'autre, ils n'arrivent pas à économiser.

C'est ce que suggèrent les résultats d'un sondage effectué par la firme Framework Partners pour le compte de l'Association canadienne de la paie (ACP).

Cette enquête a été effectuée en ligne auprès de 2070 employés, avec une marge d'erreur probable de 2,2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Près des deux tiers des répondants, soit 63%, ont indiqué qu'ils auront besoin de plus de 750 000$ pour avoir une retraite confortable. Le problème, c'est que près des trois quarts des répondants, soit 74%, ont admis qu'ils avaient épargné moins du quart de la somme nécessaire.

«Il y a un fossé», a sobrement déclaré le président sortant de l'ACP, Richard Rousseau, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

En fait, un répondant sur deux a admis qu'il épargnait 5% ou moins de son salaire net. Or, les planificateurs financiers recommandent un objectif de 10%.

Environ 60% des répondants ont affirmé qu'ils essayaient d'épargner davantage. Les autres n'essaient même pas.

M. Rousseau a expliqué que plusieurs Canadiens n'avaient aucune marge de manoeuvre. C'est ainsi que 57% des répondants ont affirmé qu'ils se retrouveraient dans une position précaire si leur chèque de paie était retardé d'une seule semaine. Dans le cas des chefs de famille monoparentale, cette proportion augmente à 74%.

M. Rousseau a indiqué que l'ACP avait déjà fait effectuer des sondages sur l'épargne des Canadiens dans le passé, mais le sondage de cette année se penchait davantage sur la préparation de la retraite.

«Nous faisons ces sondages pour dire aux gens qu'il y a des façons d'épargner», a déclaré M. Rousseau.

Il a notamment souligné que les membres de son association, les professionnels de la paie, pouvaient aider les employés à verser une partie de leur salaire dans un compte d'épargne distinct ou dans un régime enregistré d'épargne-retraite (REER). Il a noté que certains employeurs pouvaient même y cotiser, ce qui rendait ce véhicule d'épargne très attrayant.

«Il y a plusieurs employés qui refusent quand même de contribuer, a-t-il déploré. Ils devraient savoir qu'il ne faut pas toujours compter sur le gouvernement pour nous aider.»

M. Rousseau a indiqué que l'ACP n'avait pas voulu attendre à la période des REER, en janvier et février, «quand tout le monde en parle», pour rendre publics les résultats de son sondage.

«Nous voulons plutôt profiter de la rentrée pour aborder cette question, a-t-il déclaré. La retraite, il faut y penser tout le temps, pas uniquement à la période des REER.»