Il n'y a pas que le blé qui pousse bien au Manitoba. Les épargnes déposées dans les comptes à intérêts élevés y croissent aussi plus vite qu'ailleurs au Canada. Présentement, plusieurs banques virtuelles appartenant à des coopératives manitobaines offrent des taux supérieurs à 2%.

Cela fait pas mal de «blé» quand on compare aux grandes banques qui ne donnent souvent que des miettes, c'est-à-dire 0,1% ou 0,2% d'intérêts. À ces taux, les épargnants ne récoltent que 1 ou 2$ par année sur 1000$ d'économies.

Grâce à l'internet, les investisseurs des quatre coins du Canada peuvent aisément engranger leurs économies dans une banque virtuelle du Manitoba.

Chez Outlook Financial, la majorité de la clientèle provient de l'est du Canada, surtout de l'Ontario, mais aussi du Québec. Outlook est une filiale de l'Assiniboine Credit Union, une des 10 plus importantes coopératives financières du Canada. Son compte à intérêt élevé verse présentement 2%.

AcceleRate Financial, qui verse 2,2%, compte aussi beaucoup de Québécois parmi ses clients. Cette nouvelle entreprise virtuelle appartient à Crosstown Civic Credit Union qui a ses racines à Winnipeg depuis les années 40.

Plusieurs autres coopératives financières manitobaines accueillent la clientèle provenant de toutes les provinces canadiennes, y compris du Québec.

On peut citer Maxa Financial, une filiale de Westoba Credit Union, qui verse 1,9% d'intérêt, et aussi Achieva Financial qui verse 2% d'intérêt. Lancée en 1998, Achieva est l'un des pionniers des comptes à intérêt élevé sur le web avec ING Direct.

Large couverture

Présentement, ING Direct affiche un taux de 1,5% (2% dans les CELI). C'est davantage que dans les grandes banques, qui versent au mieux 1,35% (Banque de Montréal, Banque Scotia). Mais c'est un peu moins que les meilleurs taux affichés au Manitoba.

Vaut-il la peine de migrer vers l'Ouest? Un taux de 2% équivaut à 20$ par an sur des épargnes de 1000$, à 200$ sur 10 000$, à 1000$ sur 50 000$... sans compter l'impôt.

Et la sécurité? Tous les dépôts confiés à des coopératives de crédit manitobaines sont protégés par la Société d'assurance-dépôt du Manitoba (SADM).

Dans chaque province, les dépôts dans les coopératives et les caisses populaires sont couverts par une société d'assurance provinciale. En cas de faillite de l'institution financière, l'épargnant est assuré de récupérer son capital ainsi que les intérêts courus.

La protection manitobaine vaut pour tous les Canadiens, y compris les résidants du Québec, confirme Vernon MacNeill, chef de la direction de la SADM. Il ajoute que la garantie offerte au Manitoba est illimitée.

Ainsi, la couverture est encore plus large que celle dont disposent les épargnants dans les banques et dans les caisses populaires du Québec.

La Société de l'assurance dépôt du Canada, qui protège les épargnes dans les banques à charte canadiennes, plafonne la couverture à 10 0000$ par déposant.

Au Québec, c'est l'Autorité des marchés financiers qui assure les dépôts dans les coopératives et les caisses populaires (notamment Desjardins). La protection est limitée à 100 000$.

Desjardins, qui est de loin la plus importante coopérative financière au pays, n'a pas de division virtuelle offrant des comptes à intérêts élevés. «Mais nous sommes très conscients qu'il y a une belle concurrence à ce niveau-là», dit la gestionnaire de taux Bernice Bélanger.

Chez Desjardins, les taux varient selon la taille du dépôt, soit de 0,1% jusqu'à 1% pour 100 000$ et plus. En outre, Desjardins propose l'épargne à terme convertible de 22 mois, assortie d'un taux de 1,1% pour 1000$ et plus, et de 1,3% pour 12 500$ et plus. En tout temps, les clients peuvent convertir leur argent dans un autre produit financier de Desjardins (fonds communs, actions, etc.). Un bon vendeur auprès des membres qui attendent une occasion de réinvestir, dit Mme Bélanger.

«Il y a des offres intéressantes pour les clients qui prennent le temps de s'asseoir avec leur conseiller financier», assure-t-elle.

Avec son réseau de 1300 points de service et 2600 guichets automatiques, Desjardins mise sur le service, le conseil et un large éventail de produits, tandis que les banques virtuelles, qui n'ont aucune infrastructure, misent sur des taux très concurrentiels, mais n'offrent pas le service et l'accessibilité.