Toucher une indemnité de départ ou accepter une retraite anticipée peut impliquer des choix difficiles. Le travailleur qui accepte ce genre de forfait se verra confronté à une situation financière qu'il n'avait pas imaginée à court terme et pour laquelle il n'était pas préparé.

Toutefois, si l'offre arrive au bon moment pour l'employé, il faut la saisir, surtout lorsque le montant relié au départ est très généreux.

Selon Heather Rivers, conseillère en planification financière chez Vancity Credit Union, il faut d'abord évaluer la somme de ses investissements, ses différents fonds de retraite, ses prestations prévues au Régime de pensions du Canada avant d'investir son argent de manière stratégique. «Nous allons d'abord vérifier si toutes les cotisations au Régime enregistré d'épargne retraite (RÉER) et les montants admissibles au Compte d'épargne libre d'impôt (CELI) ont été entièrement utilisés. On tiendra également compte du statut matrimonial et de la situation financière du conjoint, pour pouvoir élaborer différents scénarios.»

La manière dont l'argent est investi est déterminée par les objectifs de l'épargnant, estime Mme Rivers, dont celui d'alléger son fardeau fiscal. «Il se peut que vous ayez épargné à long terme, sans penser que vous auriez besoin de puiser dans votre portefeuille de placements plus tôt que prévu.»

Il sera alors nécessaire d'évaluer de nouveau les rendements de son portefeuille, souligne la conseillère, tout en précisant qu'il est important de connaître les réserves dont on dispose pour éviter d'être vulnérables aux fluctuations du marché boursier.

L'avocat-fiscaliste John Yuan, du cabinet McCarthy Tétrault, souligne pour sa part qu'un paiement forfaitaire considérable comporte des déductions fiscales inévitables, mais il y a des moyens de les étaler sur un certain nombre d'années. Et cela est possible même si la personne visée a atteint le montant maximum de contributions à son RÉER. Si le travailleur a été pendant assez longtemps chez un même un employeur il peut faire en sorte de mettre une partie de son allocation de retraite à l'abri de l'impôt.

«Si vous touchez un important montant forfaitaire, il sera imposé à 44 pour cent ou plus dépendant de votre catégorie de salaire, toutefois il pourrait être divisé de sorte que pendant votre retraite vous toucheriez une mince part de votre salaire.» Ce qui pourrait être avantageux selon John Yuan.

Le montant du salaire qui sera déposé dans un CELI aura déjà été taxé, mais une fois dans le compte, il ne sera plus imposable. De plus, l'argent retiré du CELI ne sera pas pris en compte dans le calcul des paiements de la Sécurité de la vieillesse. Il pourrait arriver, selon le fiscaliste, que l'employé qui a touché un imposant forfait de départ doive payer un impôt supplémentaire à la fin de l'année, même si des déductions importantes ont été effectuées à la source.

La période l'année où le travailleur quitte son emploi influera également sur les sommes dues à l'impôt, précise Allison Marshall, cadre supérieure au service consultatif financier de la Banque Royale. Si la prime est versée à la fin de l'année, le travailleur devra payer beaucoup plus d'impôt que si elle arrive en début d'année, en janvier ou février, après seulement un ou deux mois de travail. Selon Mme Marshall, il est important de savoir que l'entreprise peut reporter le paiement sur une deuxième année fiscale.

«Les compagnies offrent différentes options, explique Allison Marshall, par exemple, elles peuvent donner le choix de verser l'indemnité de départ sous forme de salaire qui sera payé même après le départ de l'employé, alors que d'autres compagnies ne souscrivent pas à une telle politique.»

Mme Marshall suggère aux personnes qui peuvent se le permettre de faire des dons de charité, ce qui réduira les impôts.

«Si vous avez la chance de pouvoir vous passer de cet argent, ce serait une belle occasion d'établir votre propre fonds de bienfaisance.»