Le marché obligataire a rarement été si peu payant.

Imaginez: les bons du Trésor américains versent à peine 0,02% d'intérêt. Difficile d'aller plus bas... quoique cela se soit déjà produit durant la crise du crédit. Leur rendement était tombé sous zéro, signe que les investisseurs étaient prêts à payer une prime pour mettre leurs économies en lieu sûr.

On n'en est plus là. Mais le contexte reste peu favorable pour les investisseurs à la recherche d'un taux d'intérêt décent. C'est le cas de Jean-Luc, un investisseur autonome.

«Je cherche à «stationner» de l'argent en attendant mes prochaines occasions de placement», dit-il. Il vise un rendement après impôt au-dessus de l'inflation (3,7% en mai) avec le placement le plus sûr et le plus liquide possible.

«Allez voir du côté de l'Australie!», lance à la blague Paul-André Pinsonnault, économiste principal, Revenu fixe, à la Financière Banque Nationale.

L'économie australienne a redémarré en lion après la récession, ce qui a incité la banque centrale à relever rapidement les taux. Aujourd'hui, une obligation australienne de deux ans verse 4,45%, par rapport à 1,45% pour les obligations du Canada. Dommage que le marché obligataire australien soit si peu accessible aux investisseurs canadiens...

En succursale

Restons donc au Canada. Avec le client d'une banque ou d'une caisse, «je travaillerais avec des CPG (certificats de placement garanti) à court terme dans un contexte où je prévois des hausses de taux d'intérêt. Je veux être prêt à renouveler l'an prochain à un taux plus élevé», dit Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins.

Présentement, les grandes institutions financières affichent des taux allant jusqu'à 1,35% pour les CPG d'un an. Mais il est possible de dénicher jusqu'à 1,6% à la Canadian Western Bank, et même jusqu'à 2,25% des certaines banques virtuelles comme Achevia Financial.

Les comptes d'épargne à intérêt élevé offrent des taux comparables tout en donnant accès aux fonds en tout temps. Le compte de Peoples Trust verse 2,1% et même 3% pour les comptes d'épargne libre d'impôt (CELI).

Les comptes d'épargne offrent des taux largement supérieurs aux fonds de marchés monétaires qui versent au mieux 1%... mais souvent presque rien. En prime, les comptes d'épargne sont couverts par la Société d'assurance-dépôts du Canada. Qui dit mieux?

Chez le courtier

Les investisseurs qui disposent d'un compte de courtage peuvent se tourner vers les obligations à taux flottant émises par plusieurs provinces, conseille M. Pinsonnault.

Ces titres versent moins qu'une obligation conventionnelle: le taux est d'environ 1% pour une obligation à taux flottant du Québec deux ans, par rapport à 1,45% pour une obligation du Canada. Mais le taux est ajusté chaque trimestre, ce qui n'est pas à dédaigner, puisque la Banque du Canada devrait hausser son taux directeur de 1% en ce moment, à 2,75% en 2012.

Les banques et les sociétés d'État émettent aussi des obligations à taux flottants, assorties d'un taux d'intérêt légèrement supérieur. «C'est un outil intéressant pour ceux qui ne veulent pas être obligés de renouveler eux-mêmes les obligations aux trois mois», estime M. Doucet.

Autre option: les investisseurs peuvent acheter des obligations de sociétés canadiennes de bonne qualité qui ont une échéance à court terme (cinq ans et moins), suggère M. Pinsonnault. Par exemple, les grandes banques versent environ 3,35% pour une échéance de cinq ans.

Certains fonds négociés en Bourse permettent d'investir, à frais modiques, dans une brochette d'obligations de société (ex: BMO FINB obligations de société à court terme, Claymore 1-5 YR Laddered Corporate Bond ETF).

De son côté, Michel Doucet préfère les actions privilégiées, un hybride entre les obligations et les actions.

Pour un maximum de sécurité, il conseille les actions privilégiées des banques canadiennes, en particulier les «perpétuelles» qui n'ont pas d'échéance. Mais, étant donné la nouvelle réglementation, il est fort probable que les banques soient forcées de les racheter à prime.

Il cite l'action privilégiée de la Banque Scotia (série 15) qui se négocie à 24,60$ et procure un rendement courant de 4,56%. Déjà pas mal. Mais comme il s'agit d'un dividende, moins lourdement imposé, cela équivaut à un rendement d'intérêt de 6,15%. Et si la banque rachète les actions en 2012, à 26$, les investisseurs auront fait l'équivalent 9,45%.

«C'est une stratégie plus sophistiquée, mais avec un risque modéré», dit M. Doucet.

Par contre, il vaut mieux éviter les obligations à rendement réel, dont le taux d'intérêt est ajusté en fonction de l'inflation. À première vue, cette caractéristique semble avantageuse puisque l'inflation est en hausse. «Mais la plupart de ces obligations ont une échéance de plus de 10 ans», prévient M. Pinsonnault. Comme toutes les obligations à plus long terme, elles sont plus vulnérables à une remontée des taux d'intérêt.

FONDS DE MARCHÉS MONÉTAIRES

Fonds des professionnels court teme 1,09%

Férique revenu à court terme 0,80%

FMOQ monétaire 0,73%

Manuvie monétaire 0,71%

CI marché monétaire 0,68%

NB : rendement des 12 derniers mois, en date du 30 avril

Source : Morningstar

COMPTES D'ÉPARGNE

Peoples Trust 2,10%

Achieva Financial, Ally,

Canadian Tire Bank, Outlook Financial, 2%

ICICI Bank 1,60%

ING Direct, Le Choix du Président 1,50%

Banque de Montréal, Banque Scotia 1,35%

Source : Cannex

COMPTES D'ÉPARGNE CELI

Peoples Trust 3%

ING Direct, Ally, ICICI Bank 2%

Banque Nationale 1%

Banque Royale,

Banque de Montréal, CIBC, TD, Scotia 1,25%

Sources : sites internet