Un jour pas si lointain, téléphone mobile et portefeuille ne feront qu'un. À la fin de mai, Google dévoilait justement son Google Wallet, une application qui permettra de transformer le téléphone intelligent en carte de crédit.

Mais déjà, plusieurs fournisseurs de contenu s'immiscent sur la facture de téléphonie mobile des consommateurs, parfois à leur insu.

En ouvrant sa dernière du mois de mai de Fido, M. Loiselle a découvert qu'il était abonné à Motime, une société qui offre notamment des sonneries, des jeux et des fonds d'écran. « J'ai reçu un message texte sur mon téléphone m'offrant la possibilité de gagner un iPhone. J'ai répondu oui. Ma réponse à ce message a fait en sorte que j'ai été abonné et facturé, sans mon consentement », dit-il.

Résultat : une facture de 26 $ pour deux mois d'abonnement à Motime. Ce n'est qu'en menaçant Motime de se plaindre au CRTC qu'il réussit à obtenir le remboursement, ce que Fido lui avait refusé.

M. Loiselle n'est pas le premier à se plaindre de Motime. Cet hiver, M. Perreault a découvert sur son relevé de compte de Rogers des frais d'abonnement de 13 $ à Motime, dont il n'avait jamais entendu parlé. « Ni moi, ni mes proches n'ont accepté un abonnement », assure-t-il.

« Nous souhaitons uniquement avoir des clients qui souhaitent utiliser nos services. Nous avons pris des mesures pour prévenir les abonnements non-désirés. Aussi, nous avons simplifié le processus qui permet d'annuler le service », a fait savoir Dada, la société-mère de Motime.

Mais Dada reconnaît que certains petits fournisseurs de contenu vont à l'encontre de l'éthique, et la société travaille main dans la main avec les régulateurs pour mettre fin à ces pratiques douteuses.

Motime a accepté de lui envoyer un remboursement par la poste, mais seulement de 10 $, car le reste (3 $) est prélevé par Rogers pour la gestion du service. Furieux, M. Perreault a demandé à Rogers de ne plus jamais accepter de facture en son nom. « Mon numéro de cellulaire n'est pas une carte de crédit », s'indigne-t-il.

Mais Rogers est incapable de bloquer les « services à suppléments » qui sont monnaie courante dans l'industrie. Ces messages, qui coûtent entre 0,15 $ et 5 $ chacun, sont encadrés par l'Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS).

« Obligatoirement, il y a un processus à deux ou même trois étapes de validation par le consommateur lui-même », explique Luiza Staniec, porte-parole de Rogers Québec.

Le processus est le suivant : le consommateur voit un concours sur un site web, ou encore il aperçoit un code raccourci en écoutant la télévision. Il envoie un texto. La firme lui retourne un texto gratuit avec l'information sur les conditions d'abonnement (frais, fréquence des textos, modalités de désabonnement). Le message comporte aussi un code que le client doit entrer sur Internet pour confirmer la transaction.

Tout ce mécanisme est détaillé dans le Guide canadien de demande de numéro abrégé commun. Pour en savoir davantage, les consommateurs peuvent consulter le site www.txt.ca, dédié à l'encadrement des messages textes.

Si le fournisseur n'a pas respecté les règles, le consommateur peut se plaindre à son fournisseur de téléphonie mobile. Il peut aussi appeler à l'ACTS (613 233-4888 ou shortcodes@cwta.ca)

Si le problème persiste, le consommateur peut se plaindre au Commissaire aux plaintes relatives aux services de télécommunication (1-888-221-1687 ou www.ccts-cprst.ca). Le Commissaire a déjà reçu une douzaine de plaintes de la part de clients estimant n'avoir jamais consenti à recevoir des messages textes à supplément, indique la directrice Josée Thibault.

« Même si on prétend que le consentement doit être double, nous avons eu des douzaines de personnes qui prétendent n'avoir jamais consenti à quoique ce soit, ou qui n'ont pas compris ce à quoi elles consentaient », rapporte Charles Tanguay, porte-parole de l'Union des consommateurs.

« Quand les textos coûtent 3 à 5 $ chacun, et que vous en recevez plusieurs par jours, pendant des semaines, il est difficile de croire que vous avez consenti à une telle chose », ajoute-t-il.

En janvier 2009, l'Union des consommateurs avait d'ailleurs demandé au CRTC d'intervenir afin que la règle qui s'applique aux services 900 soit étendue aux textos payants.

Il faut savoir que les consommateurs ont la possibilité de bloquer la facturation d'appels tarifés (900 ou 976), comme ceux utilisés par Call-TV par exemple. Ces services fournis par des tierces parties sont facturés directement sur le compte de téléphone. Mais la première fois qu'un client conteste « raisonnablement » ces frais, le fournisseur de téléphonie résidentielle doit lui rembourser le montant. Le client peut ensuite faire bloquer tous les appels tarifés ultérieurs.

Mais le CRTC a rejeté la requête de l'Union des consommateurs, en expliquant que l'industrie du sans fil avait mis en place des règles satisfaisantes. « Mais on pense qu'il y a encore des problèmes, et que le CRTC aurait dû nous écouter », dit M. Tanguay.