Les Canadiens iront aux urnes lundi. Les conservateurs seront-ils majoritaires ou minoritaires? Le NPD dépassera-t-il le parti libéral? Qui formera l'opposition officielle? Peut-on envisager un gouvernement de coalition? Quoique passionnantes pour les stratèges politiques, ces questions ne font guère sourciller les stratèges financiers... qui ont plutôt les yeux tournés vers les campagnes électorales ailleurs dans le monde.

Australie : Une taxe minière controversée

En mai dernier, le gouvernement australien a donné la trouille aux investisseurs, avec l'annonce d'une taxe de 40% sur les profits des sociétés minières comme BHP Billiton ou Rio Tinto.

Pour le premier ministre en place, cette taxe devait être la pierre angulaire de la campagne électorale à venir. Il la présentait comme une manière d'assurer le financement des programmes sociaux, dans un contexte de vieillissement de la population.

Or, ses détracteurs craignaient que la taxe sape la productivité du pays. D'ailleurs, l'annonce de la taxe a entraîné une baisse de 15% de l'indice boursier MSCI Australie, entre mai et juillet, souligne Pierre Lapointe.

Mais la Bourse a vite rebondi lorsque le gouvernement a annoncé que la taxe serait moins lourde que prévu. Sur l'entrefaite, le premier ministre a claqué la porte. Son parti a finalement été défait en août.

Côte d'Ivoire : Élection, amertume et cacao

Le prix du cacao a atteint un sommet de plus de 30 ans après les élections de novembre 2010 en Côte d'Ivoire, premier producteur et exportateur mondial de la fève qui permet de fabriquer le chocolat.

Battu par Alassane Ouattara, le président sortant Laurent Gbagbo a refusé de céder le pouvoir, plongeant le pays dans une crise politique. Pour asphyxier financièrement le président déchu, le président officiellement élu a demandé aux pays étrangers de boycotter le cacao dont les cours ont bondi. Les sanctions ont été levées depuis le renversement de Gbagbo au début d'avril. Et le prix du cacao est un peu moins amer.

Pérou : Le spectre de la nationalisation

Meneur au premier tour, en tête dans les sondages pour les élections du 5 juin prochain au Pérou, Ollanta Humala fait trembler les investisseurs. La Bourse de Lima a décroché de 14% en moins d'un mois.

L'ancien militaire a des idées arrêtées, très à gauche, un peu dans la lignée du président du Venezuela Hugo Chavez. «Il veut augmenter les droits miniers de façon très importante. Il veut reprendre le contrôle de l'industrie du gaz. C'est très hostile aux marchés boursiers», dit Jean-Pierre Couture.

À suivre...

Mais le Pérou n'est pas le seul endroit où plane le spectre de la nationalisation. Un peu partout en Afrique, les partis d'opposition profiteront des élections pour remettre en question la réglementation et l'imposition des sociétés étrangères qui exploitent les ressources naturelles, avance Angelo Katsoras, spécialiste en géopolitique à la Financière Banque Nationale.

Le climat politique peut changer très vite. À preuve, le gouvernement du Congo a saisi les actifs de la société canadienne First Quantum Minerals en août dernier.

Finlande, Allemagne, Danemark : Un pour tous et tous contre l'euro

Les problèmes de dette souveraine ont provoqué un clivage politique au sein de l'Union européenne, ce qui risque de précipiter la crise.

«Les pays endettés seront forcés de restructurer leurs dettes plus tôt que ce que prévoient les marchés, notamment à cause des tensions politiques croissantes entre les pays membres qui sont débiteurs et créanciers», estiment Pierre Fournier et Angelo Katsoras.

Dans les pays en santé, la population en a marre d'allonger des milliards pour aider les pays qui croulent sous les dettes. «Même si l'économie allemande va bien, le peuple n'est pas heureux de participer au sauvetage des pays endettés», dit M. Fournier.

Un peu partout, la frustration des électeurs monte. En avril dernier, près d'un Finlandais sur cinq a donné son vote au True Finns, un parti de droite qui a fait campagne contre l'euro, et dont l'influence reste à définir au sein du gouvernement minoritaire.

Le Danemark pourrait suivre la même tendance populiste, lors des élections prévues en novembre.