Quel est l'événement le plus significatif de la dernière semaine en Bourse?

J'aimerais parler des statistiques économiques, mais je ne peux pas passer à côté de la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La situation pourrait durer plusieurs années encore, surtout si des mesures ne sont pas prises, par exemple, par les Américains. Nous avons élaboré trois scénarios pour le prix du pétrole si la situation persistait. Le premier scénario tient compte d'une hausse rapide près du sommet de 147$ le baril atteint avant la crise financière. C'est un scénario déflationniste parce que c'est l'équivalent d'une nouvelle taxe. Le second scénario est un long maintien du prix actuel à environ 100$ qui nous amène une inflation rampante avec un effet de contagion à d'autres produits. Le troisième scénario est une baisse du prix du baril à 65$ avec une accalmie géopolitique rapide. C'est un scénario optimiste que tout le monde souhaite et qui serait bon pour la reprise économique sans pression inflationniste.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement en ce moment?

Les niveaux extrêmement élevés de l'indice des surprises économiques publié par Citigroup et de l'indicateur ISM du secteur manufacturier aux États-Unis. Ces données nous indiquent que les bonnes nouvelles économiques sont largement escomptées en Bourse et toute mauvaise nouvelle est susceptible de contrecarrer le momentum positif des marchés. L'atteinte simultanée de niveaux extrêmes de ces indicateurs connote une exagération et le principal risque qui en découle est la complaisance dans les marchés. En consultant les chiffres depuis 50 ans, lorsque nous avions un ISM supérieur à 60, nous avions 62% de probabilités d'obtenir un rendement de 2% dans les 12 prochains mois contrairement à un rendement de 27% et plus après 12 mois lorsque l'ISM affichait un niveau en bas de 40 avec une probabilité de 100%.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Ça dépend bien sûr de l'horizon de placement, mais le Canada reste l'endroit pour investir à cause de sa croissance économique et de nos ressources naturelles.

En raison des niveaux atteints en Bourse et de l'incertitude de l'économie pour les prochaines années, je suggère quatre instruments:

1. Le premier est le fond négocié en Bourse XEG qui est concentré sur le secteur de l'énergie.

2. Le deuxième se trouve aux États-Unis. C'est le fond négocié en Bourse NFO qui capitalise notamment sur les données des achats effectués par les initiés.

3. Le troisième est aussi un fond négocié en Bourse, le CGL à Toronto, pour avoir une exposition à l'or qui est maintenant considéré comme une valeur refuge et une quasi-monnaie. S'il devait y avoir une correction, je recommanderais particulièrement ce titre.

4. Quatrièmement, nous suggérons les obligations provinciales de huit ans. Cette diversification permet d'être davantage prudent dans un environnement fragile.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Très certainement la Chine pour la prochaine année. Face elle perd, pile elle perd. Sa croissance économique est très forte et inflationniste. La Chine a obtenu trop d'attention et elle ne bénéficiera certainement pas d'une guerre de devises. Il faut donc éviter une trop forte exposition aux fonds communs de placement tournés vers la Chine. Nous aimons les entreprises à grande capitalisation qui ont des expositions à l'international, mais nous évitons les actions chinoises.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

La déflation. Non seulement, nous avons un problème avec le prix des maisons qui n'a pas augmenté depuis la crise, mais le consommateur est encore surendetté. Il y a aussi des risques au niveau du protectionnisme. Il pourrait y avoir une guerre commerciale entre la Chine et les pays exportateurs qui pourrait déboucher sur une guerre des devises. Et il y a aussi l'endettement souverain en Europe qu'il faut surveiller.