Après des années fastes, le secteur de la déco-rénovation se ressent de la soudaine tiédeur des consommateurs.

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Les plus gros détaillants québécois dans ce secteur, le quincailler Rona et le détaillant de meubles BMTC (Brault & Martineau, Tanguay) n'y échappent pas.

Chez Rona, les plus récents résultats ont confirmé une fin d'année 2010 difficile, avec une rechute de 6% des ventes des magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an).

Les dirigeants de Rona ont admis s'attendre à quelques trimestres moins favorables. Néanmoins, ils promettent de continuer leur chasse aux gains d'efficacité et de guetter des occasions d'acquisitions, surtout des distributeurs auprès des constructeurs et rénovateurs.

Chez BMTC, les plus récents résultats ont aussi témoigné d'une baisse des ventes d'au moins 2% en fin d'année 2010.

En contrepartie, ont noté les analystes, BMTC est encore capable de préserver sinon d'accroître sa marge bénéficiaire en dépit d'un marché plus difficile.

«Avec son bon bilan financier, BMTC peut endurer un marché plus concurrentiel tout en continuant d'investir pour sa croissance. Ou encore de réitérer ses rachats d'actions et ses hausses de dividende», selon Stephen MacLeod, analyste des détaillants chez Marchés des capitaux BMO.

En Bourse, les investisseurs ont déjà primé BMTC à cet effet en soutenant ses actions à un rendement très supérieur à celui de son indice sectoriel de référence à la Bourse de Toronto.

Du côté de Rona, c'est le contraire qui s'est produit récemment.

Sa performance boursière depuis un an, négative, est à contre-courant de l'appréciation de 20% de son indice sectoriel.

Cette froideur boursière envers Rona se reflète aussi parmi les recommandations des analystes. Ils les ont presque tous rabaissées au point mort (conserver) en attendant un éclaircissement de la conjoncture au Canada.

«Les résultats de Rona à court terme sont défiés par le ralentissement du marché de l'immobilier résidentiel. Mais à moyen terme, sa stratégie d'acquisitions ciblées pourrait s'avérer la meilleure façon de profiter des meilleures conditions d'achat et de financement suscités par la conjoncture», estimait l'analyste Vishal Shreedhar de UBS Securities Canada, dans un rapport récent.

Par ailleurs, Rona doit demeurer vigilante et agile face à ses principaux concurrents directs, tous deux filiales de géants américains.

Il s'agit de Home Depot, déjà bien implanté dans les principales régions urbaines, ainsi que de Lowe's, qui est en pleine poussée initiale d'expansion.

Encore méconnu au Québec, Lowe's a une base de quelques magasins en Ontario et prévoit en ouvrir une demi-douzaine par an ailleurs au Canada, pour l'avenir prévisible.