Après des années fortes, la conjoncture se complique pour les principaux détaillants québécois inscrits à la Bourse de Toronto. Et ce, alors que des géants d'origine américaine ont des ambitions au nord de la frontière: Walmart en alimentation, Target en mode vestimentaire, Lowe's en déco-rénovation. Parmi les détaillants québécois en «consommation discrétionnaire», c'est-à-dire les achats moins essentiels, le coup de frein des consommateurs est la plus grande préoccupation à court terme. Chez les détaillants en «consommation de base», dont l'alimentation, c'est la concurrence des prix avivée par la conjoncture économique qui fait pression sur les résultats d'exploitation.

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En Bourse, les détaillants québécois (voir le tableau) conservent une bonne cote auprès des investisseurs. Pour la plupart, le rendement boursier depuis quelques trimestres dépasse celui de leur indice sectoriel de référence.

Même le cadet du lot, le détaillant à escompte Dollarama, est devenu un titre chéri des investisseurs. Il vaut plus de 2 milliards avant même son deuxième anniversaire en Bourse!

D'où vient ce sentiment favorable?

De l'avis d'analystes, c'est en partie parce que les détaillants d'origine québécoise en Bourse ont la réputation d'être parmi les plus compétents dans leur marché respectif. Ils ont aussi la (bonne!) habitude d'être plus prudents que téméraires avec leur bilan financier.

Par conséquent, estiment les analystes, ces détaillants québécois sont bien positionnés face à la conjoncture et la concurrence. Et en cas de repli boursier, leurs actions pourraient s'avérer des placements opportunistes à moyen terme.

Coup de pouce de l'inflation

N'en déplaise aux consommateurs, les détaillants en alimentation et en pharmacie comptent en partie sur l'inflation pour soutenir leurs prochains résultats.

Les dirigeants des supermarchés Metro l'ont admis récemment lors de l'assemblée des actionnaires où ils ont déploré l'amplification de la guerre des prix entre les supermarchés.

Cette bagarre est particulièrement relevée en Ontario où Metro est très présent depuis l'intégration des supermarchés A&P et Dominion. Et où le géant américain Walmart est le plus expansionniste en alimentation!

Walmart et ses «supercentres» s'amène maintenant au Québec, le fief de Metro.

Mais selon les analystes, son impact sur ses résultats à moyen terme pourrait être moindre qu'anticipé.

Pourquoi? Ils attribuent à Metro une très bonne gestion des coûts et de sa compétitivité commerciale.

Par conséquent, son récent repli boursier pourrait s'avérer une occasion d'achat pour le moyen terme.

«Ce repli des actions de Metro reflète maintenant tout le risque sur sa rentabilité provenant de la guerre des prix, surtout dans le marché ontarien. Autour des 43$ par action, Metro est une occasion d'achat à mon avis», a indiqué récemment Jim Durran, analyste à la Financière Banque Nationale.

En contrepartie, il est plus réservé envers le Groupe Jean Coutu, meneur québécois des grosses pharmacies. Il appréhende l'impact de la baisse forcée des prix des médicaments génériques sur ses prochains résultats.

«Ça pourrait équivaloir à un an de croissance du bénéfice. Et ralentir aussi les plans d'ajouts de magasins par Coutu afin de diriger plus d'efforts vers la croissance des ventes des magasins existants», selon M. Durran.

Chez Alimentation Couche-Tard, le géant québécois des dépanneurs, l'impact de la concurrence accrue des prix sur ses résultats consolidés semble encore limité.

Il faut dire que ses résultats bénéficient des revenus accrus de ventes d'essence, en forte inflation. Et aux États-Unis, Couche-Tard profite du succès commercial de l'ajout d'aliments préparés et frais dans son important réseau de dépanneurs.

«Couche-Tard continue de gagner des parts de marché face à des concurrents de moindre envergure qui sont affaiblis par la récente récession et la faible reprise économique», a souligné l'analyste Martin Landry de Valeurs mobilières Desjardins, après les derniers résultats trimestriels.

Par ailleurs, les analystes signalent le bilan financier de Couche-Tard avec peu de dette. Pour ses actionnaires, cela permet d'envisager plus de latitude pour traquer des cibles d'acquisition. Mais aussi pour réitérer une hausse de dividende et le rachat d'actions.