Les politiciens canadiens ne sont pas les seuls à faire face à des choix difficiles dans la prise en compte de l'impact démographique du vieillissement de la population.

Les baby-boomers eux-mêmes sentent la pression s'accentuer alors qu'ils tentent de générer suffisamment de fonds pour s'assurer la qualité de vie dont ils rêvaient pour leur retraite.

«Le plus grand défi de nos clients et investisseurs est principalement la constitution d'un portefeuille générant un revenu substantiel pour la retraite dans un contexte de faible inflation et de bas taux d'intérêts», a fait valoir John Nicola, chef de la direction de Nicola Wealth Management, qui gère des actifs de 1,2 milliard $ pour des familles bien nantis en Colombie-Britannique.

Les investisseurs se doivent d'être plus conservateurs dans leurs projections de rendement et devraient être prêts à accroître leurs économies, retarder le moment de leur retraite ou aborder de manière différente cette période de leur vie, a affirmé M. Nicola en entrevue.

Davantage de personnes vont rester sur le marché du travail au-delà de 65 ans, même si le gouvernement ne relève pas l'âge de la retraite pour se prémunir contre l'augmentation des coûts des régimes de retraite, a-t-il ajouté.

De plus en plus de voix provenant des groupes de pression, des banques et des analystes appellent les gouvernements à couper leur déficit pour répondre aux besoins des baby-boomers, dont les membres sont nés entre 1945 et 1965. Cette année, les plus âgés parmi les baby-boomers atteignent l'âge tradititionnelle de la retraite.

L'un des défis les plus ardus est celui de contenir les dépenses en santé appelées à exploser avec la demande grandissante reliée au vieillissement de la population.

«Nous pouvons arguer que nous comptons sur un régime public universel en santé, mais ce système sera de plus en plus financé par les patients», a soutenu M. Nicola.

La clé pour surmonter ces défis est de développer une stratégie d'investissement fondée sur la valeur des actifs, les liquidités et la diversification du portefeuille, alors que les individus passent d'une période de récolte de la richesse à une autre accaparée par les dépenses.

Les titres à rendement élevé présentent encore des avantages fiscaux, mais M. Nicola exhorte les investisseurs à envisager des solutions de rechange. Celles-ci incluent des actions préférentielles avec des taux ajustables à mi-terme, des rentes viagères plutôt que d'autres véhicules à revenu fixe, des titres de dettes de compagnies cotées en bourse et des biens immobiliers générant des revenus.

Ben Radidoux, conseiller financier et auteur du blogue financier Financial Insights, a fait valoir que les taux d'intérêts ont poussé les retraités, les travailleurs près de la retraite, et les régimes de retraite à prendre davantage de risques pour obtenir une croissance modérée. Le conseiller y voit une source d'inquiétude.

M. Radidoux craint aussi une valeur potentielle plus basse dans le secteur immobilier, qui représente habituellement environ la moitié du filet d'épargne du ménage canadien moyen. Le désir de vendre des actifs pour libérer du capital mettra plus de pression sur les prix alors que le lot d'acheteurs pour de grandes maisons ne pourra pas absorber tout cela, a dit M. Radidoux.

«L'époque des gigantesques maisons est terminée.»

Si la faiblesse structurelle de l'économie canadienne limite l'augmentation des taux d'intérêts, la demande continuera à augmenter pour les actions à hauts dividendes, les services publics à fort capital, les obligations d'épargne, les fonds de revenu et les fonds d'investissement immobiliers.

Les investisseurs qui souhaitent prendre avantage des changements démographiques tenteront de miser sur des industries comme la pharmaceutique, les soins de santé, les loisirs et les maisons de retraite.

Mais il y a peu d'occasions publiques pour de tels investissements au Canada.

Le secteur des soins de santé représente moins d'un pour cent des titres disponibles à la Bourse de Toronto sur la base de la capitalisation boursière, selon Andrew Beer, le gestionnaire de la planification des investissements stratégiques chez Groupe Investor.