Conception québécoise: beaucoup de jeux, peu de jouets

Le Québec aime les jeux de société. Le Guide annuel Jouet 2011 de Protégez-vous en fait foi: on y trouve peu de jouets québécois, mais une pléthore de jeux conçus localement.

«Au Québec, ce qui est fabriqué, ce qui est créé, c'est du jeu de société», confirme la rédactrice du Guide, Geneviève Grenier.

Mega Brands est le plus important fabricant québécois de jouets, mais curieusement, aucun de ses produits n'apparaît dans les pages du guide, alors que son concurrent Lego est généreusement représenté. «On fonctionne avec les nouveautés disponibles à partir du mois de juillet, explique Geneviève Grenier. Notre coordonnatrice a fait tous les magasins et n'a rien trouvé d'intéressant fabriqué par Mega Brands.»

Premiers primates en mousse

Bloco est un des rarissimes fabricants de jouets au Québec. Depuis six ans, la designer industrielle Nathalie Barcelo crée des animaux et personnages à assembler, faits de pièces souples en mousse de polyéthylène, articulées par de petites rotules de plastique.

La qualité visuelle de ses produits est toujours exceptionnelle. Lancés à l'automne 2009, ses scorpions et insectes (25$) ont récolté six points sur six dans le guide Jouets 2011.

En diversifiant ses sources d'inspiration, elle a exploré cette année un nouveau marché auprès des jardins zoologiques. «On lance une série d'animaux du monde et on commence avec les primates, parce qu'on n'en avait fait aucun encore», dit-elle.

Plutôt qu'en ensemble de trois ou quatre modèles, les quatre primates - mandrill, chimpanzé, gorille, orang-outang - sont vendus séparément, au prix d'environ 17$.

Maison de rêve en carton

Enfants, nous rêvions tous d'une boîte d'emballage de cuisinière pour en faire une maison. Les concepteurs de Norampac Cascades, à Le Gardeur, ont raffiné le concept: leur maisonnette de carton comporte fenêtres à meneaux, boîtes à fleurs, imposte, puits de lumière et, bien sûr, cheminée. La maisonnette peut être colorée à volonté par ses jeunes propriétaires.

«On a essayé de commercialiser le produit en allant voir les Toys'R'Us et Canadian Tire de ce monde, mais le succès a été mitigé, raconte Stéphane Dubé, directeur développement de produit. Notre crédibilité dans le jouet n'était pas établie.» La distribution a été confiée au spécialiste du jeu Gladius International, à Québec.

Ma 1re maison a reçu six points dans le guide Jouets 2011, mais les parents se sont étonnés de son prix de 60$.

«Elle requiert un procédé de fabrication beaucoup plus complexe qu'une boîte, explique Geneviève Boyer, coordonnatrice des communications de Norampac. En matière de solidité, de complexité du design et de facilité de rangement, nous sommes donc loin des maisons de carton bricolées au sous-sol.»

Gladius a suggéré à Norampac d'ajouter deux autres modèles, légèrement plus petits et moins coûteux, sur les thèmes des émissions pour enfants Toc Toc Toc et Toupie et Binou. Coût: de 40$ à 45$.

Histoire de pyramide

En 2010, Gladius International a mis sur le marché 26 nouveaux jeux de société, tous conçus et fabriqués au Québec.

Son jeu de cartes La pyramide du pharaon (20$), qui lui aussi a reçu six points dans le guide Jouets 2011, est un des rares jeux historiques conçus au Québec. L'objectif consiste à bâtir une pyramide en rassemblant les ouvriers, les matériaux, les administrateurs et les aristocrates nécessaires. Il a été créé par un concepteur de Chicoutimi, Martin Tremblay.

«Il est arrivé avec un jeu de cartes très original, que j'ai adoré, narre Marc Fournier, directeur recherche et développement. On s'est assis ensemble et on l'a amélioré.» Les illustrations ont été confiées à Marc Chouinard, de Québec, «qui a fait des recherches pour illustrer les prêtres, les scribes et les autres personnages».

Le bureau de graphisme Signé Francois Roy, de Sainte-Perpétue, a fait le design du jeu et, surtout, celui de la boîte. «On a beau avoir le meilleur jeu du monde, si la boîte n'est pas attirante, on n'en vendra pas», souligne Marc Fournier. Longues séances de remue-méninges...

«Il faut qu'on ait envie de la prendre dans nos mains et regarder le résumé du jeu, ajoute Jinny Sanschagrin, coordonnatrice marketing. C'est tout un défi.»