Il n'est pas si simple d'éliminer les frais et les dates d'expiration des cartes d'appels interurbains, comme l'exige la Loi sur la protection du consommateur (LPC) depuis le 30 juin dernier.

À la suite de notre chronique sur les nouvelles règles encadrant les cartes prépayées, plusieurs lecteurs nous ont dit que les fournisseurs de cartes d'interurbains ne semblaient pas avoir compris le message.

Par exemple, Vincent Genest a constaté que le cartes d'interurbains PC, distribuées dans les épiceries Loblaws et Provigo comportent encore une date d'expiration. «Je me suis plaint à cinq reprises au service à la clientèle, depuis août dernier, par courriel et téléphone, et rien ne bouge!» dit-il.

Même constat de la part de Marc-André Belley: «Je viens d'appeler Le Choix du Président et malheureusement leurs cartes conservent la date d'expiration de six mois.»

D'ailleurs, le site web précise que, «les cartes d'appel PC viennent à échéance 6 mois après leur première utilisation». C'est aussi ce que soutient le service à la clientèle de PC Télécom, où une superviseure, très sûre d'elle-même, prétend même que leurs cartes d'interurbains sont exemptées des nouveaux articles de la LPC.

Cela est complètement faux! «Les cartes d'appels interurbains sont soumises aux nouveaux articles 187.1 et suivants de la LPC, relatifs aux cartes prépayées», a confirmé Jean Jacques Préaux, porte-parole de l'Office de la protection du consommateur (OPC).

«Ces cartes ne bénéficient d'aucune exemption particulière. Elles ne peuvent donc pas avoir de date d'expiration», ajoute-t-il.

En réalité, PC Télécom entend se conformer à la LPC, a dit à La Presse Affaires, Josée Bédard, directrice aux affaires corporatives de Provigo. Même les anciennes cartes, sur lesquelles figure une date d'expiration, demeureront valides dans la mesure où l'expiration tombe après le 30 juin 2010.

Quand les anciennes cartes seront écoulées, les nouvelles cartes ne porteront plus de date d'expiration. D'ici là, de l'affichage sera installé bien en évidence dans les magasins pour éviter toute confusion, promet Mme Bédard.

Qu'en est-il des autres fournisseurs?

Bell a éliminé les dates d'expiration sur les cartes d'interurbains qu'elle distribue (VOX, Virgin, SoloMobile, etc.). Elle a entrepris la mise à jour de l'information sur ses sites web, qui contenaient des informations erronées.

Idem chez TELUS. Son site internet spécifie encore que les cartes «Valeur» et «Facilité» expirent trois et six mois après la première utilisation. Mais il n'en est rien.

«TELUS a investi des sommes importantes afin de se conformer à la LPC et des centaines d'employés se sont activés à l'échelle du pays depuis l'adoption de la loi», dit la porte-parole Jacinthe Beaulieu.

Elle ajoute que TELUS gère des milliers de pages web et qu'il est possible qu'une erreur se soit glissée. «Mais nous apportons constamment des corrections dès que nous réalisons qu'erreur il y a», dit-elle.

De plus, TELUS a entrepris des démarches pour retirer du marché certaines cartes prépayées désuètes.

D'autres fournisseurs ne sont pas en mesure de retirer des tablettes leurs vieilles cartes. C'est le cas Gold Line. La société ontarienne se targue d'être le plus grand fournisseur de cartes prépayées d'appels interurbains, avec 70% du marché au Canada.

«Nous n'avons pas de force de vente. Nos cartes sont distribuées par des intermédiaires», explique Shawn Reyhani, vice-président exploitation. Impossible de les rappeler.

Depuis juillet, Gold Line ne met plus de date d'expiration sur les nouvelles cartes destinées au Québec (ex: CiCi). Mais il faudra 6 à 12 mois avant que toutes les cartes déjà en marché soient écoulées.

Cela risque de poser des problèmes aux consommateurs. La semaine dernière, par exemple, Dennis Teoli a réalisé que la carte Good Call, de Gold Line, était expirée. Pourtant, il l'avait achetée en août. «J'ai parlé à un agent du service à la clientèle qui n'avait jamais entendu parler de la nouvelle loi au Québec», dit-il.

La société a promis à La Presse Affaires qu'elle dédommagera les consommateurs qui ont perdu des minutes sur leur carte. Les agents du service à la clientèle en seront mieux informés.

Au lieu de rectifier l'information sur son site web, elle développera un nouveau site, juste pour le Québec, afin de ne pas créer de confusion (ou de jalousie!) chez les consommateurs du reste du Canada.