Les baby-boomers ont un pied dans la... retraite. La cohorte de tête, née en 1946, aura 65 ans en 2011. Or, quatre baby-boomers québécois sur cinq estiment important de rembourser leur prêt hypothécaire avant d'atteindre cet éden, révèle un sondage mené pour le compte de TD Canada Trust.

Pourtant, 60% des baby-boomers québécois qui sont propriétaires détiennent encore une hypothèque. De ceux-là, 30% n'en ont pas remboursé la moitié.

Problème en vue...

Mais est-ce si important? «C'est important si on peut le faire, répond Linda Dupont, directrice régionale des ventes, Crédit personnel, de TD Canada Trust. On peut se permettre plus de voyages si on n'a pas beaucoup de dettes à rembourser.»

Si tel est l'objectif, la solution consiste évidemment à accélérer le remboursement de l'hypothèque.

Mais paradoxalement, cette accélération à l'approche de la retraite peut justement entrer en conflit budgétaire avec l'épargne de retraite. À quoi faut-il donner la priorité?

Il n'y a pas de réponse absolue. Elle dépend du taux de l'emprunt, du taux d'imposition, du rendement des placements. Pour le savoir, il faut consulter un planificateur financier et tester les hypothèses.

«Dans la réalité, quand on fait des scénarios, il y a souvent peu de différence entre accélérer le remboursement de l'hypothèque et cotiser au REER, constate la notaire et planificatrice financière Guylaine Lafleur, de Bachand Lafleur Preston Groupe Conseil. Mais ce qui est important, c'est de faire cette épargne.»

Endetté à la retraite: est-ce un drame?

On conseille habituellement d'acquitter les dettes importantes avant la retraite parce que les revenus subissent alors le plus souvent une baisse sensible. «S'il y a une baisse marquée des revenus de retraite par rapport aux revenus de la vie active, il est clair qu'il faut réduire le coût de vie», observe Guylaine Lafleur. La disparition de la mensualité hypothécaire enlève alors énormément de pression sur le budget, d'où l'intérêt d'acquitter le prêt avant la retraite.

Toutefois, c'est une question d'excédent des revenus sur les dépenses. Les retraités chanceux qui touchent une rente indexée équivalant à 70% de leurs revenus de vie active seront sans doute davantage en mesure de soutenir une hypothèque, rappelle la planificatrice.

S'endetter pour la retraite?

Le sondage de TD Canada Trust nous apprend que 15% des baby-boomers québécois prévoient faire l'acquisition d'une «propriété de vacances» pour la retraite. Un tiers jettent même un oeil intéressé du côté sud de la frontière, où les occasions suscitées par la crise immobilière titillent leur intérêt.

Est-ce une bonne idée, à l'approche de la retraite, de faire l'acquisition d'une propriété ou d'engager des rénovations coûteuses qui nécessitent un endettement à long terme? Prudence. «On ne pourra peut-être pas prendre la fameuse retraite parce qu'on est en train de tout rénover pour être bien à la retraite», ironise Guylaine Lafleur.

L'autre danger est de baser sa capacité de payer sur les taux actuels, historiquement à leur plus bas. En somme, «allez consulter votre planificateur financier et faites faire des analyses, recommande Guylaine Lafleur. On ne devrait pas se limiter à évaluer le budget d'une année. Il faut mesurer l'impact à court, moyen et long termes.» Diverses hypothèses mesureront la sensibilité du futur retraité aux variations des taux d'intérêt.

Un peu de psychologie

Certains retraités ne voient aucun problème à s'endetter à l'approche de la retraite ou durant celle-ci, observe Linda Dupont. Ils amortissent leur nouvelle propriété sur 35 ans, en sachant parfaitement qu'ils la vendront un jour sans avoir jamais acquitté l'hypothèque. La mensualité est alors perçue comme un loyer qu'il aurait de toute façon fallu payer.

C'est une question de perception (de la situation, pas du loyer). Me Lafleur souligne à ce propos l'importance du facteur psychologique: «Comment se sent-on à la retraite avec une dette?» Inquiets, certains retraités accéléreront le remboursement de leur dette, en réduisant les autres dépenses et leur qualité de vie, durant les années les plus actives et bien portantes de leur retraite. Au sein d'un couple, les deux conjoints n'ont peut-être pas la même sérénité face à un tel endettement.

Comme toujours, mieux vaut en discuter et évaluer avant plutôt qu'après.