Les Canadiens portés sur l'économie sont en voie de devenir une espèce de plus en plus rare au sein d'une population qui accumule d'imposantes dettes - stimulée par les faibles taux d'intérêt ayant marqué la récession - mais qui néglige de mettre suffisamment d'argent de côté pour les rembourser.

Le fléau a atteint une telle importance que même la Banque du Canada, qui a fixé le taux débiteur de base à 0,25 pour cent - un plancher historique - afin de stimuler l'emprunt pendant la récession, avise maintenant les consommateurs à se retenir et réduire le rapport entre ce qu'ils doivent et ce qu'ils possèdent dans leur compte en banque.

«Malgré la poussée du marché du logement, le rapport dettes-actifs a atteint son niveau le plus élevé en plus de 20 ans», a fait remarquer le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, tout en prenant la peine d'ajouter que les taux d'intérêt étaient en hausse.

Si tant de personnes tombent dans le piège de l'endettement, c'est sans doute parce que la planification financière se veut un exercice laborieux.

Pas tant que ça, rétorquent des conseillers financiers : il s'agit, d'abord, de reconnaître qu'il s'agit d'un exercice incontournable et, ensuite, de concevoir une stratégie pour y arriver.

Même les plus endettés des Canadiens peuvent fixer des étapes leur permettant de se doter d'une stratégie globale qui tient compte de tous les facteurs pouvant affecter la situation financière d'une personne ou d'une famille.

Selon le Conseil relatif aux standards des planificateurs financiers (CRSPF), ce concept a pour nom «planification financière élaborée». Toutefois, trop peu de gens ont adopté ce concept, selon une récente étude du CRSPF qui révélait, par ailleurs, que deux Canadiens sur dix ayant utilisant cette méthode, affichaient plus de sérénité.

Donc, si une planification financière élaborée rend les gens tellement plus heureux, pourquoi ne voit-on pas plus de gens l'essayer?

Parce que beaucoup de gens seraient portés à croire que le niveau de planification financière requis pour atteindre une telle stabilité exige d'imposants sacrifices, estime Tamara Smith, vice-présidente du marketing et de la consommation au CRSPF.

«Le fait d'économiser ou de se doter d'une stratégie financière ne veut pas dire qu'il faille mettre sa vie en veilleuse afin de concrétiser ses rêves loin dans l'avenir; le but est de trouver l'équilibre entre les besoins et les exigences du présent et les projets de retraite. Ce n'est pas nécessaire de sacrifier l'un pour l'autre», note Mme Smith.

Il existe six éléments fondamentaux dans la mise sur pied d'une planification financière élaborée - le budget ménager, la planification fiscale, la planification de la retraite, la planification successorale, la gestion de l'actif et la gestion de la dette ou du risque.

Mme Smith suggère de travailler en collaboration avec un planificateur financier agréé, qui peut proposer un plan d'action tenant compte de la situation de chaque personne. Mais il existe quelques étapes faciles à mettre en application afin de construire une planification financière élaborée :

- préparer un budget mensuel et le respecter;

- réduire les dépenses discrétionnaires sans complètement les éliminer : au lieu de manger au restaurant deux fois par semaine, on peut limiter de telles sorties à deux par mois tout en les rendant plus attrayantes;

- rembourser ses dettes, d'abord, à même ses chèques de paie, avant de dépenser son argent ailleurs;

- toujours mettre son chéquier ou carnet bancaire à jour;

- déterminer combien d'argent est versé, chaque mois, à l'intérêt sur les dettes, et non seulement les sommes dues;

- profiter de comptes d'épargne libres d'impôts;

- comprendre les subtilités entourant les régimes d'avantages sociaux et les polices d'assurance;

Mme Smith ajoute que les gens qui utilisent cette approche globale semblaient mieux gérer leurs dettes et pouvaient épargner pour réaliser les projets qui leur sont importants.