Tout réside dans le sac : les déchets, les odeurs et le secret de cette poubelle inodore pour litière de chat souillée.

Après y avoir jeté les agglomérats que vous avez sassés dans la litière de minou, aucun miasme ne s'en échappe.

Pourquoi ? D'abord parce que la poubelle à litière LitterLocker II n'utilise pas un sac de polyéthylène ordinaire, explique son concepteur, le designer industriel Michel Morand, président d'Enta Design. Paradoxalement, un sac-poubelle standard retiendra les liquides mais laissera filtrer les molécules d'air, à la manière d'un ballon de caoutchouc qui se dégonfle lentement. Si vous laissez la litière souillée dans un sac ordinaire, même bien fermé, vous en sentirez la présence avant longtemps.

Le sac de la poubelle LitterLocker II se compose de cinq couches laminées, dont une couche d'EVOH (éthylène-alcool vinylique) qui fait barrière aux gaz, donc aux odeurs.

Ce sac est en fait un long tube continu de 5 mètres de long, replié sur lui-même comme un bas de nylon prêt à enfiler. Il est contenu dans une cartouche en forme de beigne, qu'on dépose au sommet de la poubelle. Ce tube se dévide au centre de la cartouche et se déploie jusqu'au fond du contenant. Un noeud au bout du tube formera le fond du sac.

Mais si vous ouvrez ce sac chaque fois que vous voulez y faire un nouveau déversement, vous perdrez le bénéfice de sa parfaite étanchéité.

Pour résoudre ce dilemme, un tiroir incliné vient pincer le tube dans sa partie supérieure pour emprisonner son contenu. Quand on ouvre le rabat de la poubelle, les résidus de litière qu'on déverse dans le sac sont arrêtés par cette occlusion. Une fois le rabat refermé, il suffit de tirer sur le tiroir pour ouvrir le passage et laisser la litière tomber au fond du sac. Le tiroir se referme ensuite sous l'effet de ressorts, pour sceller le tube de nouveau.

Quand la poubelle est pleine, on retire sa partie supérieure puis on coupe le sac sur la lame intégrée dans le boîtier. Un noeud à la base du tube formera le fond d'un nouveau sac.

Un designer technique

Durant toute sa démonstration, Michel Morand n'a parlé ni de pureté de ligne, ni d'équilibre des volumes. Ce n'est pas qu'il néglige l'esthétique. Mais son intérêt premier est ailleurs. Dans l'élégance d'un mécanisme simple et efficace. Dans la performance d'une technique de moulage poussée à sa limite.

« J'ai ce côté du designer qui n'est pas glamour «, confie-t-il. Il a ouvert son propre bureau aussitôt son diplôme obtenu, en 1979. Pour retrouver la date de son premier design de produit, il feuillette une reliure où sont répertoriés la plupart des quelque 50 brevets qu'il détient. Réponse : 1982.

Au mur de son bureau, plutôt qu'une photo d'une de ses créations, c'est le dessin d'un moule d'injection qui est épinglé. « Je suis très technique, dit-il. J'approuve les dessins des moules avant leur fabrication. Je vais préciser les aciers, les points d'injection, les éjections... «

Et Michel Morand d'expliquer que la cartouche de recharge jetable après usage de la LitterLocker est moulée par injection avec des parois ultraminces, à raison de quatre pièces par cycle de six secondes. Chacune utilise quatre fois moins de plastique que les cartouches concurrentes.

Près de 10 millions de ces cartouches recyclables sont ainsi fabriquées chaque année -ici, au Québec, souligne-t-il.

Il indique l'anneau en forme d'entonnoir, moulé sur le rebord intérieur de la cartouche pour faciliter le dévidement du sac. Sur un produit concurrent, cette pièce est indépendante et est souvent jetée par mégarde.

C'est dans ces détails qu'il puise sa satisfaction. Et l'usager la sienne.