La vie est incertaine et il ne faut pas trop tarder avant d'en profiter.

C'est là la préoccupation de Denise et Richard qui, âgés de 57 et 60 ans, aspirent à une retraite rapide.

Denise aimerait y parvenir en 2011. Elle toucherait alors une rente de retraite d'environ 4300 $ par année, équivalant à 11 % de son salaire de 39 000 $. Richard réduirait sa semaine de travail de moitié dès maintenant, et son salaire de même, qui passerait ainsi de 80 000 $ à 42 000 $. Il attendrait à 65 ans pour prendre sa retraite complète, avec la rente de 56 000 $ qui l'accompagnera.

Ils prévoient vendre leur copropriété en 2012, « pour ne pas avoir à traîner les obligations d'un condo », explique Denise. La propriété vaut 350 000 $, mais est encore grevée d'une hypothèque de 190 000 $.

Hormis les paiements hypothécaires, leurs dépenses totalisent environ 5000 $ par mois, estime Denise. Elle détient 92 000 $ en REER et CELI. Richard, dont le régime de retraite est nettement plus généreux, ne possède que 1600 $ dans un CELI.

« Dans l'hypothèse d'une retraite en juin 2011, en aurons-nous suffisamment pour maintenir notre qualité de vie, étant donné que nous visons l'épuisement du capital sur les 20 prochaines années ? s'enquiert Denise. Par la suite, nous nous en tiendrons à nos revenus de rentes, si nous nous rendons à cet âge vénérable. »

Longue vie aux retraités

Cet âge vénérable de 80 ans, ils en sont plus près qu'ils ne le pensent.

Car ils ont de fortes chances d'ĂŞtre encore vivants dans 20 ans. Un homme de 60 ans a une chance sur deux d'atteindre 84 ans.

Dans ses projections, le planificateur financier Gaétan Veillette, du Groupe Investors, préfère considérer que chacun des conjoints atteindrait l'âge encore plus vénérable de 90 ans.

Avec les frais de santé qui augmenteront avec l'âge, il ne faut pas non plus escompter une diminution draconienne des dépenses plus loin dans la retraite.

Le planificateur suppose donc que les dépenses resteront stables tout au long de la retraite de Denise et Richard.

En 2012, la vente de leur condo leur procurera environ 187 000 $ en capital frais, mais il faudra ajouter alors un loyer mensuel estimé à 1300 $. Si Denise et Richard maintiennent leur train de dépenses actuel de 60 000 $, ils dépenseraient donc, avec un ajustement de 3 % au coût de la vie, environ 84 000 $ par année en 2014.

Ă€ ce rythme, leurs Ă©pargnes se trouveraient Ă  sec en 2035, alors que Denise et Richard n'auraient encore que 82 et 85 ans.

« S'ils optent pour un épuisement du capital et survivent à leur patrimoine, ils vivront aux crochets de l'État pour leur subsistance », prévient Gaétan Veillette.

Pour prévenir ce risque, il suggère plutôt que le couple, tout au long de la retraite, restreigne ses dépenses à 90 % de celles de leur vie active. Les dépenses du couple totaliseraient cette fois 77 500 $ en 2014.

Comparons les deux programmes. Pour suivre année après année l'évolution de leur patrimoine, Gaétan Veillette utilise la valeur nette de la succession, calculée comme si les conjoints décédaient durant l'année. Il tient compte ainsi des prestations d'assurance vie qui seraient alors versées. Cette mesure soustrait également de la valeur des actifs les frais funéraires et successoraux (10 500 $ par personne en dollars d'aujourd'hui) qu'il faudrait payer au décès de chacun. Mêmes calculs avec les impôts sur le revenu à acquitter dans l'année du décès. Ces calculs sont répétés pour chaque année.

Par exemple, en 2030, alors que le scénario laxiste montrerait une succession nette de 161 000 $, le scénario prudent afficherait 394 000 $.

En 2043, au 90e anniversaire de Denise, un budget réduit à 90 % aurait produit une succession nette excédant 500 000 $. Dans ce scénario, « la probabilité qu'ils survivent à leur patrimoine est faible », commente notre planificateur.

En prévision de la retraite prochaine, notre planificateur suggère de répartir le portefeuille d'investissement en trois paniers, en fonction des besoins de décaissement. Le capital nécessaire aux revenus des deux prochaines années sera investi dans un « portefeuille conservateur et accessible, composé surtout de liquidités et de revenus fixes », décrit-il.

Pour les besoins de la troisième à la cinquième année, on choisira un portefeuille équilibré, combinant obligations, actions privilégiées et actions ordinaires.

Au-delà de cinq ans, on prendra en compte les besoins de rendement et la sensibilité du couple au risque...

Celui de vivre longtemps, notamment.

LA SITUATION

Denise et Richard veulent prendre leur retraite dans les meilleurs délais. Ils planifient maintenir leur train de vie actuel, de manière à avoir épuisé leur capital à 80 ans.

« On veut essayer de récupérer un peu de liberté. »

- Denise

LES DONNÉES

Denise, 57 ans

Revenu actuel : 39 000 $

Rente de retraite prévue : 4300 $

REER : 85 000 $

CELI : 6700 $

Richard, 60 ans

Revenu actuel : 80 000 $

Rente de retraite prévue : 56 000 $

REER : aucun

CELI : 1600 $

Propriété : valeur de 350 000 $, solde hypothécaire de 190 000 $.

L'ANALYSE

Un homme de 60 ans a une chance sur deux d'atteindre 84 ans. En réduisant leurs dépenses à 90 % de celles de leur vie active, Denise et Richard atteindront 90 ans avec un patrimoine confortable. Mais il faudra une gestion budgétaire rigoureuse.

« À la retraite, il est facile de ne pas se rendre compte des déviations budgétaires. »

Gaétan Veillette, fellow administrateur agréé et planificateur financier, Services financiers Groupe Investors.