À partir d'aujourd'hui, 173 000 cégépiens et 204 000 universitaires entament la nouvelle année scolaire au Québec. Des devoirs les attendent s'ils ne veulent pas finir dans le rouge.

«La gestion des finances personnelles commence par un budget. Malheureusement, la majorité des jeunes n'en ont pas», déplore Robert Le Sieur, expert en planification financière au Groupe Investors. L'exercice est pourtant simple: il suffit de prévoir tous ses revenus et toutes ses dépenses.

Au bas mot, une année scolaire coûte 6240$ pour un étudiant universitaire qui vit chez ses parents, ou encore 11 750$ pour un étudiant qui vit à l'extérieur du foyer familial, si l'on se fie à «l'outil-budget» disponible sur le site web de l'Université de Sherbrooke (www.usherbrooke.ca/monbudget/index.php).

Il s'agit là d'un minimum qui ne comporte aucune dépense superflue. Et le coût de la vie est plus élevé pour les étudiants à Montréal, où les appartements sont plus chers. Dans la métropole, il faut au moins 14 000$ pour boucler son budget, estime Jean-François Vinet dans son livre Étudier à Montréal sans se ruiner, publié au printemps dernier.

Le guide pratique est truffé de conseils pour économiser sur les frais de la vie courante (hébergement, transport, télécommunications, vêtements, etc.) et de trucs pour dénicher un bon travail d'appoint ou pour décrocher une bourse.

Endiguer les dettes

Pour endiguer l'endettement, les étudiants doivent, «éviter de transformer leurs désirs en besoins», dit M. Le Sieur. Le téléphone mobile qui coûte 100$ par mois: est-ce réellement nécessaire?

Le site web de la campagne de sensibilisation «Dans la marge jusqu'au cou» offre aussi une grille budgétaire téléchargeable agrémentée d'astuces pour aider les étudiants à resserrer leur budget (www.danslamargejusquaucou.com).

Un exemple: Plutôt que de s'embarquer dans un plan de financement pour l'achat de meubles neufs, pourquoi ne pas récupérer les meubles d'occasion que votre parenté n'utilise plus?

De manière générale, les étudiants devraient éviter les achats à tempérament. «Les mensualités s'additionnent vite. Et les étudiants ne peuvent pas compter sur des revenus constants», dit M. Le Sieur. Plutôt que de s'engager dans un financement à 0% d'intérêt, il est préférable de payer comptant, ce qui permet souvent de négocier un meilleur prix.

Pour les étudiants qui n'ont pas d'autre solution que de s'endetter, il vaut mieux se tourner vers un prêt étudiant. «C'est la meilleure chose, car le gouvernement n'impose pas d'intérêt tant qu'on étudie à temps plein», dit M. Le Sieur.

Mais attention: «L'échéance arrive plus vite qu'on ne pense», ajoute-t-il. Et les dettes s'accumulent rapidement. Au Québec, 45% des étudiants universitaires de dernière année ont des dettes, qui s'élèvent en moyenne à 15 102$, selon un rapport de la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire.

L'ennemie numéro 1

«Le danger qui guette les étudiants, c'est la facilité d'accès au crédit», considère M. Le Sieur. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut le bannir totalement. «La carte de crédit doit être une alliée et non une ennemie», dit-il.

Une utilisation saine de la carte de crédit permet à l'étudiant de bâtir un dossier de crédit solide, ce qui lui permettra d'obtenir un prêt à un taux d'intérêt plus avantageux, lorsque viendra le temps de financer l'achat d'une auto ou d'une maison, par exemple.

Mais pour cela, il faut rembourser son solde en entier, tous les mois. Avant d'utiliser leur carte, les étudiants devraient donc toujours se demander: «Si je fais une dépense, est-ce que je vais être capable de payer à la fin du mois?» dit M. Le Sieur. Pour ne jamais perdre le compte de ses dépenses, il est possible de rembourser sa carte, le soir même d'un achat, à l'aide d'un transfert par internet.

Sinon, la carte de crédit peut devenir l'ennemie numéro 1 des étudiants qui ne font que le paiement minimum, reportant un solde qui gonfle d'un mois à l'autre. À un taux de 19%, les intérêts leur coûtent une fortune.

Ils doivent être particulièrement prudents avec les cartes de grands magasins. Ces cartes attirent les adhérents avec un rabais sur le premier achat, mais elles sont assorties d'un taux d'intérêt de 29%.

Garder le contrôle

La carte de guichet automatique peut aussi être un instrument dangereux, car elle permet de piger dans son compte en tout temps.

«Avant, on retirait un montant fixe chaque semaine à la banque. Maintenant, on peut retirer 20$ trois fois par semaine, dans trois guichets», dit M. Le Sieur. Non seulement on risque de perdre le compte des retraits, mais en plus on paie chaque fois des frais de transaction élevés.

Toutefois, les étudiants peuvent esquiver les frais bancaires. «Certaines banques offrent des forfaits spéciaux pour les étudiants», fait valoir l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

Plusieurs comptes sans frais mensuels permettent aux étudiants de faire un certain nombre de transactions gratuites par mois sans avoir à maintenir un solde minimal. L'ACFC dresse la liste suivante: Programme Avantage CIBC pour les étudiants, Transigez beaucoup Avantage Étudiant de la Banque Laurentienne, Compte d'épargne Horizon Jeunesse de la Banque Scotia, Programme de rabais destiné aux jeunes adultes de BMO Banque de Montréal, Forfait bancaire étudiant RBC Banque Royale, et Compte Valeur Plus Extra pour étudiants de TD Canada Trust.