Alors que les Bourses des pays industrialisés pataugent dans le rouge depuis 10 ans, celles des pays émergents ont procuré aux investisseurs des rendements de 7% par an, grâce à leur population jeune, leur économie florissante, et leurs ressources naturelles abondantes.

Or, plusieurs pays émergents sont devenus plus matures au fil des ans. «La Corée du Sud et Taïwan sont des exemples de marchés en phase de «graduation», qui sont à cheval entre les marchés émergents et les pays développés», souligne Patrick Bernes, analyste principal chez Gestion globale d'actifs CIBC.

Pour trouver des joyaux, il faut creuser encore plus loin. En quête de la prochaine génération de pays émergents, certains investisseurs partent maintenant à la découverte des «Frontier Markets».

De quoi s'agit-il?

Les «Frontier Markets» sont la dernière frontière de l'investissement. Ils renferment des pays de tous les continents assez différents sur le plan économique ou démographique, mais qui ont certains points en commun: une place boursière peu développée, un cadre réglementaire imparfait et peu de transparence. «Les Frontier Markets sont généralement dominés par des entreprises trop petites ou trop peu négociées en Bourse pour retenir l'attention des investisseurs institutionnels», note M. Bernes.

Comment les nomme-t-on en français?

Certains financiers emploient l'expression «marchés frontières», d'autres parlent de marchés naissants, de marchés pré-émergents ou encore de marchés émergents de l'avenir.

Au sein de l'indice MSCI Frontier Markets, on retrouve 26 pays des quatre coins du monde:> Amérique du Sud: Argentine

> Europe: Ukraine, Bulgarie, Roumanie

> Afrique: Kenya, Nigeria, Maurice

> Moyen-Orient: Qatar, Liban, Koweït

> Asie: Pakistan, Viêt Nam

Mais la frontière n'est coulée pas dans le béton. Par exemple, certains indices classent le Chili, l'Égypte ou la Colombie parmi les pays frontières, alors que d'autres les considèrent comme des pays émergents.

Pour un investisseur, quels sont les pour et les contre?

POUR

> Diversification du portefeuille (les marchés frontières dépendent beaucoup de l'économie locale qui est peu corrélée avec le reste des grandes économies mondiales)

> Évaluation boursière plus faible (parce que les investisseurs s'y attardent très peu)

> Abondance de ressources naturelles (Kazakhstan, Nigeria) et de terre arables (Ukraine)

CONTRE> Chocs politiques et sociaux (coup d'État, guerre, nationalisation, corruption)

> Dévaluation de la monnaie locale, hyperinflation

> Marchés peu liquides, plus volatils, normes comptables différentes

> Nécessitent beaucoup de recherche et suivi, ce qui entraîne des frais de gestion élevés

Est-ce accessible pour un investisseur canadien?

Au Canada, peu de produits financiers permettent d'investir en Afrique ou dans les marchés frontières.

En 2008, deux fonds communs de placement spécialisés sur l'Afrique et le Moyen-Orient ont été lancés: la catégorie Mackenzie Universal Afrique et Moyen-Orient et le fonds Franklin MENA.

Sinon, on peut y aller par la bande. Quelques fonds de marchés émergents investissent une partie de leur portefeuille en Afrique. Le fonds BMO Guardian Marchés émergents conseil est celui qui maintient la plus forte pondération en Afrique (18%). Plusieurs fonds de métaux précieux ont aussi une présence significative en Afrique.

Pour investir dans l'ensemble des marchés frontières, il faut se tourner vers un fonds négocié en Bourse (FNB) inscrit aux États-Unis. Par exemple, le Claymore/BNY Mellon Frontier Markets ETF (FRN) copie un indice de pays frontières qui contient notamment 29% de Chili, 14% d'Égypte, 11% de Colombie, 11% de Pologne, 6% de Kazakhstan, 6% d'Argentine.

Deux autres FNB permettent d'investir en Afrique. Le SPDR S&P Emerging Middle East&Africa ETF (GAF) mise sur les marchés plus développés (62% en Afrique du Sud, 25% en Israël). Pour cibler les plus petits pays d'Afrique, il faut aller vers le Africa Index ETF (AFK) qui investit en Afrique du Sud (29%) mais aussi au Nigéria (19%), en Égypte (19%) au Maroc (12%), etc.