Des publicités télévisées incitent ceux qui ne savent plus quoi faire avec d'anciens bijoux en or ou qui manquent de liquidités à envoyer par la poste leurs chaînes cassées ou leurs boucles d'oreilles solitaires à certaines entreprises qui promettent de leur faire aussitôt parvenir un chèque.

Mais le président de l'Association des consommateurs du Canada, Bruce Cran, incite les consommateurs à d'abord faire leurs devoirs et à évaluer la valeur de leurs petits trésors avant de les faire parvenir à l'une ou l'autre de ces entreprises qui promettent des affaires d'or.

«Si les gens veulent vraiment connaître la valeur de ce qu'ils possèdent, ils devraient d'abord obtenir une évaluation avant des poster à l'un de ces endroits», a suggéré M. Cran.

Les publicités télévisées ou même Internet qui offrent ce service postal se sont multipliées depuis le début de la crise économique mondiale. De plus, les prix élevés de l'or incitent également les consommateurs à se débarrasser de leurs bijoux pour quelques dollars.

«Lorsque les économies sont instables, le prix de l'or est typiquement en hausse parce que les gens se ruent vers une valeur refuge», a expliqué le vice-président principal de chez Birks, qui, depuis 2009, a mis sur pied la filiale «Birks Échange d'or».

John Orrico soutient que la bijouterie, ouverte il y a désormais 131 ans, échange des bijoux en vertu d'un nom établi et qui inspire la confiance des consommateurs qui profitent de ce service établi à leur demande.

«Nous payons ce que nous considérons représenter l'un des meilleurs retours de l'industrie», a avancé M. Orrico.

Quant à M. Cran, il affirme recevoir une dizaine de questions par mois de la part des consommateurs qui s'interrogent sur ces offres qui semblent parfois alléchantes. Il souligne par ailleurs que certains reçoivent parfois des chèques pour des montants inférieurs à 100 $ pour des bijoux qu'ils estimaient valoir plus de 1000 $.

«Je suis étonné qu'autant de consommateurs emballent leurs bijoux dans une petite pochette et l'envoie à une entreprise qu'ils ne connaissent pas et dont ils n'ont vu que l'annonce», a-t-il ajouté.

La police lui a également dit que les voleurs trouvaient ces entreprises, qui échangent de l'or pour de l'argent, très intéressantes puisqu'ils peuvent se débarasser de leur marchandise volée de manière anonyme.

Mais cela ne veut pas dire que ces entreprises sont toutes louches.

Par exemple, CashForGoldCanada.com affirme qu'en moyenne, elle signe des chèques d'une valeur de 200 à 500 $ pour les bijoux qui lui sont envoyés. Le président de l'entreprise, Robert Sampson, dit avoir ses propres affineurs qui fondent l'or et qui la revendent à différents acheteurs.

«Les prix élevés de l'or ont certainement contribué à accentuer l'intérêt pour le marché», a expliqué M. Sampson dans un courriel.

«Cela nous a donné des clients qui n'auraient auparavant jamais pensé à vendre leurs bijoux», a ajouté le président, qui dit que son entreprise de Victoria, en Colombie-Britannique, a désormais un grand nombre de concurrents, à la fois au pays mais à l'international.

Le gemmologue de l'Institut canadien de gemmologie, Wolfgang Kuehn, explique quant à lui que contrairement à la pensée populaire, il est très difficile d'évaluer la valeur d'un bijou.

Plusieurs des outils disponibles pour évaluer la valeur en or ne font que tester la surface du bijou, ce qui représente un défi pour de nombreux joailliers, explique M. Kuehn.

Il suggère plutôt aux consommateurs de demander à leurs bijoutiers locaux s'ils accepteraient d'acheter de l'or, plutôt que de prendre le risque d'envoyer ses objets de valeur à un inconnu et en obtenir le prix minimum.

Néanmoins les consommateurs ne semblent pas avoir beaucoup de scrupules font parvenir un peu près n'importe quoi pour une évaluation.

«De manière générale, nous recevons que de vieux bijoux brisés...des alliances d'un divorce par exemple, a illustré M. Orrico. La chose la plus bizarre que nous ayons reçu est une dent en or.»