Ils étaient pâles, les yeux cernés. Au terme d'un sprint effréné, 40 étudiants de dernière année en design industriel de l'Université de Montréal ont présenté leurs projets de fin d'études.

Des projets variés, qui montrent l'étendue de leurs talents et de leurs préoccupations.

Comme l'unité médicale mobile pour l'Afrique subsaharienne de Marie-Clémentine Baldassari. L'inspiration remonte à ses années de lycée, dans une classe où la directrice d'un dispensaire au Togo, soeur Marie-Stella, a fait part de son principal besoin: une mobylette, pour pouvoir rejoindre les malades dans leurs villages.

Mercredi, une large part de la superbe présentation graphique de la jeune Française a été consacrée à la logistique des soins en Afrique. Difficile décision pour cette passionnée de transport: elle a dû «mettre de côté la mécanique et la technique» pour se concentrer sur l'usage et l'humain.

La caisse de son véhicule est formée d'une structure tubulaire très simple, autour de laquelle se déploient des toiles qui procureront abri et intimité. Toiles et panneaux de caisse en bois seraient fabriqués sur place avec les matériaux locaux. «Je cherche à créer une identification et une appartenance, explique-t-elle. Si les gens ne sont pas capables de l'adapter, le véhicule va être abandonné.»

Elle a promis à soeur Marie-Stella qu'elle lui communiquerait les résultats de son projet.

Stationnement antivol pour véloVélo. Ville. Vol. Voilà les préoccupations de Maxime Roy. Il a conçu une station de vélo verticale, pour réduire l'occupation au sol. L'usager dresse son vélo sur sa roue arrière et l'insère dans la rainure du mât, où des mors saisissent les deux roues. Le panneau publicitaire s'abaisse ensuite pour couvrir la roue avant et empêcher son démontage. «À partir d'un coin de rue éloigné, je pourrais vérifier s'il y a des stationnements libres en voyant si un panneau publicitaire est levé», décrit notre cycliste.

Kayak à propulsion alternative

La palme de la solution rigolote est accordée à Josée Lalonde-Roy, qui voulait proposer aux kayakistes «un mode de propulsion actionné par les jambes qui serait à la fois intuitif et amusant». Elle a conçu un kayak à double coque, sous lequel deux longues palmes souples s'agitent, mues par des pédales. «La plus grande difficulté a été de prouver que l'idée d'un kayak à palmes était loin d'être absurde», confie-t-elle. Elle en fait la démonstration en piscine, avec un radeau muni de son mécanisme de palmes.

Aide à la marche pour enfants handicapés

Sophie Dufresne cherchait un projet en lien avec la mobilité des enfants handicapés. Elle l'a trouvé dans les classes spécialisées de l'école Victor-Doré, où elle s'est rendue presque chaque semaine: le déambulateur. «C'était le plus triste, décrit-elle, celui qui reflétait le moins la réalité des enfants.» Ajustable en angle et en taille grâce à ses montants télescopiques, Zaam, avec ses couleurs vives et ses courbes sympathiques, séduira les «apprentis marcheurs de 4 à 10 ans».

Voiture sport écologique

«J'ai eu beaucoup de difficulté à arrêter de sketcher, mais il fallait commencer la maquette», a confié Denis Archambault. Sur la table, deux cahiers sont couverts d'esquisses de voitures. Ce féru de dessin était monté à bord du projet proposé par son tuteur: une voiture exotique... et écologique. Ses lignes sont inspirées des icebergs striés par les intempéries. Comment conserver l'excitation d'une voiture sport électrique qui ne fait pas vroum-vroum? Les sièges se serrent vers le centre quand la vitesse dépasse 100 km/h.

Un marché public mobile

«J'ai une aversion envers la surproduction et le gaspillage des ressources», lance Guillaume Darnajou. L'axe de son projet: consommer localement. Très localement. Au coin de la rue, en fait, en apportant le marché public chez le citoyen.

Mamo est un triporteur grand format, dont le pédalier est assisté par électricité. Sa caisse s'ouvre d'un côté ou de l'autre pour se déployer en étal. Il peut porter jusqu'à 150 kg de marchandises dans ses 6 cagettes inclinables.

Respirateur liquidien pour nouveau-né

Il y a l'avant, et il y a l'après. Cet appareil introduit un liquide oxygéné à l'intérieur des poumons des nouveau-nés souffrant de problèmes respiratoires sévères. Le prototype conçu par des chercheurs de l'Université de Sherbrooke était fonctionnel, mais «avait un aspect trop mécanique et intimidant», indique Marie-Ève Lefrançois-Tanguay. Elle a remanié la disposition des organes internes, a repensé l'ergonomie de l'appareil, puis l'a habillé de formes douces, qui lui permettent de «se fondre dans l'aire de néonatalité sans attirer l'attention».

Ultime étape: l'exposition

Tout n'était pas encore terminé. Les étudiants avaient encore à terminer les maquettes, modèles et autres planches que vous pourrez voir à l'exposition des étudiants de dernière année de la faculté de l'aménagement - les 5 disciplines y seront -, les 30 avril et 1er mai de 12h à 19h. Adresse: 2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Cette exposition s'inscrit dans le cadre de Portes ouvertes Design Montréal.