Robert est un Mexicain d'adoption. « Ce n'était pas prévu », assure-t-il.

Durant les cinq premières années de sa retraite, lui et sa conjointe Louisette ont sillonné l'Amérique du Nord dans leur véhicule récréatif. Séduits par le Mexique, ils y ont acheté une petite maison, où ils vivent à temps plein depuis un an et demi.

Âgé de 64 ans, Robert touche une rente de retraite de 36 000 $, qui diminuera de 7000 $ à 65 ans. Il reçoit une rente de 8400 $ de la RRQ. Ses épargnes totalisent 205 000 $, dont 160 000 $ en REER.

Louisette, âgée de 62 ans, ne touche aucune rente de retraite. Elle détient 50 000 $ en REER et 40 000 $ hors REER, dont elle tire 1000 $ par année en revenus de placements.

Robert ne se fait pas de soucis avec ses revenus de retraite, en raison du faible coût de vie au Mexique. Mais sa rente n'est pas indexée. Mieux vaut prévoir les coups durs. « Quelles sont nos possibilités de placement sécuritaire pour ne plus s'inquiéter pour l'avenir ?, demande-t-il. Quoi prévoir à l'aube de nos 70 ans ? »

Régulariser la situation

Le planificateur financier François Morency, président d'Aviso les conseillers financiers, et le fiscaliste François Archambault, de Desjardins Services fiduciaires, ont combiné efforts et expertises pour répondre aux préoccupations de notre expatrié.

Leur première recommandation : « Il faut maintenant couper le cordon ombilical définitivement. »

En d'autres mots, il est temps que Robert régularise sa situation fiscale, qui pour l'instant caresse l'ambiguïté, sinon l'ubiquité.

En premier lieu, il devra aviser les institutions qui lui versent ses revenus qu'il a maintenant un statut de non-résident canadien, établi en permanence au Mexique.

En vertu des conventions fiscales entre les deux pays, les retraits de ses REER et ses revenus de pension seront alors imposés à 15 % au Canada. Les revenus de placements subiront une ponction de fiscale de 10 % pour les intérêts et de 15 % pour les dividendes. Ces impôts payés au Canada seront crédités dans la déclaration fiscale mexicaine de Robert.

Pour simplifier le règlement de sa succession – et la vie des liquidateurs ! –, nos deux experts recommandent un testament dans chaque pays. Le testament mexicain serait rédigé dans la langue et selon les lois du pays pour le legs des biens situés au Mexique. Un testament canadien serait dévolu aux biens canadiens.

« Le but est d'éviter les conflits de juridiction entre les lois canadiennes et mexicaines, et les frais de traduction et d'homologation du testament dans une autre juridiction que celle où il a été écrit », décrivent-ils.

Robert s'inquiète du faible rendement de ses placements, qui montrent un bilan nul après 10 ans. La débâcle boursière a fait mal, bien sûr, mais avec une concentration de 70 % en placements garantis et titres à revenus, une large part des dommages provient de la chute des taux d'intérêt.

Comment accroître le rendement sans trop sacrifier la sécurité ? Nos spécialistes font quelques suggestions – des actions privilégiées des banques et du secteur financier, par exemple. Ces actions procurent des dividendes réguliers, qui varient présentement entre 5 et 6 %. Ils mentionnent encore des obligations municipales ou provinciales, dont le rendement s'étale entre 3,5 % et 5,25 %, selon les échéances.

Pour les 30 % du portefeuille détenus en actions, ils suggèrent d'investir dans « de bons fonds d'investissement, surtout avec la reprise actuellement en cours ». Une petite partie pourrait être réservée à des produits spécialisés de rentes différées, « qui garantissent le capital plus une croissance minimale », décrivent-ils.

Quand Robert aura atteint 65 ans, il pourra également considérer l'achat d'une rente viagère, calculée de manière à compléter ses rentes de retraite et combler ses besoins mensuels. Payée avec des actifs hors REER, cette rente comprendra un retrait de capital non imposable, et une portion de versement d'intérêts imposée à 10 %.

Une bonne lotion solaire ne serait pas à négliger non plus.

LA SITUATION

Robert et Louisette, deux retraités, vivent au Mexique depuis un an et demi. Pour l'instant, ils ne puisent pas dans leurs épargnes de 300 000 $, mais celles-ci ont lourdement souffert de la crise. Comment éviter les prochains coups durs ?

« À mesure que j'avance en âge, je deviens de plus en plus inquiet pour mes placements et leur valeur future. »

- Robert

LES DONNÉES

Robert, 64 ans

Revenus de pension : 44 400 $

REER : 160 000 $

Épargne non enregistrée : 45 000 $

Louisette, 62 ans

Revenus de placements : 1000 $

REER : 50 000 $

Épargne non enregistrée : 40 000 $

Propriété : 180 000 $, libre d'hypothèque

LA RECOMMANDATION

Le couple devra régulariser sa situation fiscale et prévoir des testaments distincts pour les biens canadiens et mexicains. Même si le coût de la vie est très faible au Mexique, un travail à temps partiel leur éviterait de puiser dans leurs épargnes de retraite.

« Notre recommandation est de retarder le plus possible l'utilisation de votre capital. »

François Morency, président, AVISO, les conseillers financiers, et François Archambault, fiscaliste, Desjardins Services fiduciaires