Gérard est âgé de 64 ans et est à la retraite depuis quatre ans, suite à une grave maladie. Heureusement, ses épargnes sont bien garnies. Là n'est pas sa préoccupation. «On m'offre de placer un certain montant dans les fonds Helios», explique-t-il.

Tout comme RevenuPlus de Manuvie ou SunWise Élite Plus de Sun Life, Helios, offert par Desjardins Sécurité financière, est un fonds de placement garanti. Il protège, jusqu'à un certain point et à certaines conditions, le capital investi. Ce sont des produits financiers complexes, mal compris, souvent même par les représentants qui les vendent.

Gérard, confie-t-il, a été alléché par « ces garanties de rachat à vie avec un rendement de 7 % sur 10 ans. Je considère transférer de cette façon 100 000 $ de mes placements enregistrés. Est-ce une option valable ? Y a-t-il une attrape que je ne vois pas ? »

Une opinion éclairée

Il n'y a pas d'attrape, dans la mesure où on comprend bien le produit. Les planificateurs financiers et comptables agréés Éric Brassard et Martin Goulet s'y sont intéressés pour déboulonner quelques perceptions infondées.

Quelques mots d'explication. Le fonds de placement garanti Helios offre deux formules de garanties principales, qui assurent que même si les placements dégringolent, une proportion minimale de l'argent investi sera récupérée.

Gérard peut y adjoindre une garantie optionnelle de retrait. Cette garantie certifie qu'un certain montant lui sera versé chaque année, pendant toute sa vie ou durant une période de temps définie, au choix. Ces retraits garantis correspondent à un pourcentage du dépôt initial, fixé en fonction de la formule choisie et de l'âge auquel les retraits sont engagés.

Ainsi, si Gérard choisit la garantie de retrait à vie et qu'il commence ses retraits à 65 ans, il touchera chaque année 5 % de son dépôt, soit 5000 $ pour les 100 000 $ qu'il songe à y verser. Ses placements accumulent les rendements négatifs et son capital se trouve épuisé à 78 ans ? Pas grave, ces 5000 $ lui seront versés jusqu'à la fin de ses jours.

Les frais de gestion sont ajustés en fonction des garanties choisies « et sont très élevés », précise notre expert.

C'est ici qu'entre en scène ce fameux rendement de 7 % par année que Gérard croit être garanti pendant dix ans.

« Ce n'est pas un rendement sur l'argent investi », insiste Éric Brassard.

Non. Pour chacune des dix premières années durant lesquelles Gérard ne retire rien de son compte, on ajoute l'équivalent de 7 % de son dépôt initial à la valeur servant au calcul de la garantie de retrait. Gérard ne fait aucun retrait pendant cinq ans ? La valeur de référence pour ses retraits passe donc de 100 000 $ à 135 000 $. « Mais ça ne veut pas dire que son placement vaut 135 000 $ », précise notre expert. Son portefeuille, sans lien avec cette valeur, varie toujours avec le marché.

Éric Brassard a esquissé un magnifique tableau Excel, vibrant de chiffres et de couleurs, pour prédire le destin des 100 000 $ de Gérard.

Supposons qu'il ne fait aucun retrait pendant cinq ans, pour ne les commencer qu'à 70 ans. Avec cinq ans de boni, la valeur de référence s'établit à 135 000 $. À 70 ans, le pourcentage de retrait qui s'y applique passe à 5,5 %, pour un retrait annuel garanti de 7425 $.

Pour donner au fonds le maximum de chances de se faire valoir, notre planificateur fait mourir Gérard à 100 ans. Il suppose que le portefeuille de Gérard performe mal, avec un rendement annuel moyen de 2 %. À force de retraits de 7425 $, son capital serait épuisé à 87 ans. Ses retraits étant garantis, Gérard continuerait néanmoins à les toucher jusqu'à son décès. Dans cet exemple où la garantie joue à plein, le rendement de son portefeuille équivaut à 4,41 % avant impôt. Mais si Gérard meurt à 90 ans, ce rendement moyen chute déjà à 2,91 %. « En conclusion, ce produit ne garantit pas du 7 %, comme Gérard l'avait compris », observe Éric Brassard.

Il déplore certains boniments tendancieux. « Ce produit a été vendu avec l'argument : «Pourquoi vous contenter d'un certificat de placement garanti à 4 % ? Allez en actions, vous aurez des chances de faire plus !» Le problème, c'est que vous avez aussi des risques de faire moins. »

Selon lui, un fonds de placement garanti ne doit pas remplacer la partie de revenus fixes d'un portefeuille. « Si le placement va mal et qu'on décède rapidement, on peut se retrouver avec un rendement très faible, voire négatif », prévient-il.

Ce produit est plutôt destiné à l'investisseur frileux qui aurait besoin qu'une partie de son portefeuille soit diversifiée en actions, mais qui craint le marché boursier comme une peste bubonique aggravée de choléra.

Ce n'est pas le cas de Gérard.

Éric Brassard et Martin Goulet, planificateurs financiers et comptables agréés, Brassard Goulet Yargeau.