Les consommateurs qui utilisent judicieusement leur carte de crédit ont droit à un cadeau de la part de l'émetteur : une période sans intérêt qui s'étire entre le moment où ils font leurs achats et la date d'échéance de leur compte.

Pour profiter de cet avantage jusqu'au bout, bien des détenteurs ont l'habitude de payer leur compte le jour même de l'échéance. Mais ils jouent avec le feu. Yvon Pelletier a failli se brûler. Pourtant, il avait pris ses précautions.Cet hiver, il a fait des rénovations et il a porté des achats de 11 000$ à sa carte VISA Banque Royale. Il devait payer son compte le 23 janvier (un samedi). Le jeudi précédent, il est passé au guichet automatique d'une autre banque pour faire son paiement. Mais comme le montant de la transaction était plafonné à 10 000$, il a dû retourner le vendredi pour payer la dernière tranche de 1000$.

Or, la Royale n'a pas reçu le paiement intégral à temps. «Ils m'ont chargé 275$ de frais d'intérêts à 19,5%», s'insurge M. Pelletier. Face à ses plaintes, on lui a répondu qu'il devait faire son paiement trois à cinq jours ouvrables à l'avance, pour s'assurer que son paiement arrive à temps.

En effet, cela est écrit dans la convention de la carte de crédit. Le client doit prévoir plusieurs jours lorsqu'il fait son paiement par l'entremise d'une autre institution financière, que ce soit en succursale, au guichet ou même sur Internet.

Quant aux transactions réalisées auprès de la Banque Royale, elles doivent être complétées avant 18h pour être portées au compte le jour même. Si l'échéance tombe la fin de semaine, le client doit passer en succursale ou au guichet le vendredi avant 18h. Sinon, il peut payer sur Banque en Direct, le jour de l'échéance, avant 18h, durant la fin de semaine ou les jours fériés.

Mais ces solutions s'appliquent mal pour M. Pelletier, dont toutes les affaires sont dans une autre banque.

L'homme trouve que les règles de sa carte Visa lui laissent bien peu de temps pour payer son compte. Officiellement, sa carte lui accorde un délai de grâce de 17 jours, entre la fin de sa période de facturation et la date d'échéance de son compte.

Ce délai est déjà parmi les plus courts de l'industrie, où l'on accorde souvent 21 jours et parfois jusqu'à 26 jours.

Mais en pratique, le délai est encore plus court... voire inexistant. C'est que M. Pelletier reçoit souvent son relevé de compte une dizaine de jours après la date de la fin de sa période de facturation.

La Banque ne s'explique pas pourquoi il reçoit son compte aussi tard. «Les états de compte des détenteurs de cartes sont postés entre 24 et 48 heures après leur production», assure le porte-parole Raymond Chouinard.

Reste que pour sa dernière période de facturation (du 6 février au 5 mars), M. Pelletier a reçu son relevé le 15 mars. Comme le paiement est exigé pour le 22 mars, cela lui laisse très peu de temps pour payer.

S'il calcule cinq jours ouvrables, son délai de grâce disparaît complètement. Autrement dit, il faudrait qu'il paie le jour même de la réception de sa facture pour être certain de ne pas payer d'intérêt!

C'est embêtant pour M. Pelletier qui voyage souvent dans le cadre de son travail. Même si la Banque a finalement retiré les intérêts, pour cette fois seulement, il songe à changer de carte pour regrouper toutes ses affaires ailleurs. La récente hausse du taux d'intérêt sur sa carte RBC, qui passera de 19,5% à 19,99%, lui donne une raison de plus.

Mais il doit savoir que le gouvernement fédéral forcera bientôt tous les émetteurs de cartes de crédit à accorder un délai de grâce de 21 jours. Et durant ce délai, les émetteurs ne pourront plus facturer d'intérêt sur les nouveaux achats, même si le client n'a pas réglé son solde au complet le mois précédent (comme c'est parfois le cas en ce moment).

Vivement l'entrée en vigueur du règlement, le 1er septembre prochain!