Serge est plongé dans les dettes jusqu'aux yeux.

Divorcé depuis plus de 10 ans, l'homme de 47 ans est le père d'un garçon de 13 ans, en garde partagée.

«Les dernières années ont été houleuses sur le plan personnel, narre-t-il: une séparation avec la dernière conjointe, qui a été aussi très coûteuse» (la séparation, bien sûr).

«Je me suis donc endetté avec mes cartes de crédit pour 40 000$, sur lesquelles je ne réussis qu'à payer les intérêts mois après mois.»

Il n'a aucune autre dette, dit-il. Sinon ce petit prêt de 30 000$ pour sa voiture. La mensualité s'élève à 585$, mais son employeur lui verse près de 500$ par mois pour ses déplacements, à raison de 0,50$/km.

Il touche un salaire d'environ 75 000$.

Son logement lui coûte 615$ par mois. Selon ses calculs, son budget totalise 2397$ par mois, auxquels s'ajoutent 1000$ en paiement pour ses cartes d'intérêt. «Donc un total de 3397$, pour des revenus nets de 4333$ par mois», conclut-il.

Il a pris contact avec deux banques pour consolider ses dettes. Deux refus. Ses actifs sont insuffisants, a-t-on allégué. «Par contre, on m'offre un prêt si quelqu'un de mon entourage voulait bien cosigner mon prêt; ce que je refuse pour plusieurs raisons qui sont les miennes.» On le comprend.

«Alors ma question est simple: comment faire pour abaisser le plus rapidement possible mon taux d'endettement avec mes cartes sans passer par un prêt avec un coemprunteur?»

 

Pas de réponse simple

Nous avons présenté le problème à la syndic de faillite Josée Pomerleau.

Premier réflexe: vérification du budget. Serge s'y est mis.

Après révision, ses dépenses totalisent 2868$ par mois, soit 470$ de plus que son estimation préliminaire.

Il faut y ajouter les paiements minimaux pour ses dettes non garanties -cartes de crédit et prêt personnel. Serge y consacre en fait 1285$ par mois, pour des débours totaux de 4153$.

Avec le remboursement de ses déplacements, Serge touche des revenus de 4400$ par mois. Il dégage donc en principe un surplus d'environ 250$ par mois.

Voyons son bilan, maintenant.

Serge détient 28 000$ dans un compte de retraite immobilisé (CRI), et il a réussi à verser 3500$ dans un REER. Ce sont ses seuls actifs. «Même s'il a une grande valeur, son véhicule est grevé par une dette équivalente, faisant en sorte que les banques ne le considèrent pas dans leur analyse financière», observe notre spécialiste.

Ses autres dettes ne sont garanties par aucun actif. Elles équivalent à 58% de son revenu brut – un taux d'endettement très préoccupant.

«Ce bilan représente un risque très élevé pour les banques», insiste Josée Pomerleau. Pas étonnant qu'elles n'acceptent pas un prêt de consolidation à moins que quelqu'un s'en porte garant.

Dès lors, comment abaisser le plus rapidement son taux d'endettement? nous demande Serge. Il n'y a malheureusement pas de solution miracle. Il devra rembourser ses dettes sur cartes de crédit au plus vite. D'autant plus qu'il a confié à notre conseillère qu'il aimerait s'acheter une maison.

Faisons le test avec la calculatrice de paiement de carte de crédit de l'Agence de consommation en matière financière du Canada. Le paiement minimum pour une dette de 41 000$ et un taux d'intérêt de 19,9% s'élève à 1230$ par mois, selon cet outil. Si Serge se contente de faire le paiement minimum requis (paiement qui diminuera à mesure que le solde sera remboursé), le remboursement s'étalera sur 33 ans.

Deuxième scénario: si, à ce paiement minimum dégressif, Serge ajoute chaque mois 250$, la libération des dettes est ramenée à un peu plus de sept ans.

Troisième essai: s'il perpétue les 1230$ du paiement minimal de départ et y ajoute les 250$ dégagés par son budget, la dette sera remboursée en trois ans et deux mois.

Il pourra ensuite se consacrer à sa retraite et à son projet de propriété.

Josée Pomerleau émet cependant une dernière réserve, et donne un dernier conseil. Avec le budget et les revenus que Serge lui a présentés, il est surprenant qu'il ne parvienne qu'à payer les intérêts de ses dettes, observe-t-elle. L'explication réside peut-être dans une évaluation inexacte. «Il est douteux que certaines dépenses ne soient pas plus élevées, telles que l'épicerie, les frais de déplacement, les soins personnels et les vêtements», exprime-t-elle.

Serge ne consacre que 35$ par mois aux vêtements. Sa facture d'épicerie de 250$ par mois équivaut à une moyenne de 58$ par semaine.

Josée Pomerleau suggère donc une analyse approfondie et un suivi assidu des dépenses, par exemple avec l'aide des conseillers budgétaires d'une ACEF.

Serge y verra alors beaucoup plus clair.