Les Credit Counselling Services (CCS), financés en partie à même les remboursements de dettes qu'ils organisent, sont très courants aux États-Unis. En fait, la Loi sur la faillite américaine oblige depuis 2005 les consommateurs à consulter un CCS avant de déclarer faillite.

Par le passé, certaines de ces agences ont été dénoncées et condamnées pour leurs pratiques douteuses - marketing agressif, frais excessifs, salaires faramineux -, comme l'Union des consommateurs le rappelle dans son rapport Pratique et éthique de la consultation budgétaire, présenté en 2006 au Bureau de la consultation d'Industrie Canada.

Au Canada, les principales agences de conseil en matière de crédit se sont regroupées au sein du Conseil de crédit du Canada, fondé en 2000. Une quinzaine d'organismes, répartis en quelque 35 bureaux régionaux, apparaissent à titre de membre sur le site internet du Conseil. Un seul au Québec: SOS Dettes.

«C'est un modèle qui peut avoir des qualités mais il a aussi évidemment un problème: c'est le conflit d'intérêts de l'organisation, dont la survie financière dépend du pourcentage de remboursement que les gens pourraient faire, constate Charles Tanguay, porte-parole de l'Union des consommateurs. Ça pourrait donc influencer les conseils qu'on donne aux gens, avec peut-être une insistance plus grande sur le remboursement des dettes, alors qu'il existe aussi des solutions où on ne rembourse pas les dettes où on les rembourse en partie.» Il fait ici référence à la faillite et à la proposition de consommateur, qui ont cependant d'autres conséquences, notamment sur le dossier de crédit.

«On ne connaît pas la qualité du service offert dans ces credit Counselling, poursuit-il. On connaît mieux celui des ACEF, qui existent depuis 40 ans, partout au Québec. Et c'est probablement pour ça que les Credit Counselling Services ne s'étaient jamais encore implantées ici.»

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Quelques vérifications préalables

Vous songez à consulter une agence de conseil en crédit ou un organisme de consultation budgétaire? L'Agence de consommation en matière financière du Canada (ACFC) suggère quelques vérifications.

Quelles sont les autres options?

Vous avez un problème d'endettement? Avant de vous en confesser à une agence de conseil en crédit, discutez-en d'abord avec votre créancier, suggère Denis Dubé, porte-parole de la Banque Nationale.

L'ACFC recommande en outre d'obtenir l'opinion d'autres sources: conseiller financier, avocat spécialisé...

Quelles sont les qualifications du conseiller?

Le conseiller a-t-il une expérience pertinente dans la consultation budgétaire et le crédit? Quelle formation a-t-il reçue, quelles études a-t-il faites?

Quels seront les frais?

Faites clairement préciser les coûts des services proposés. Vous faudra-t-il verser des frais d'ouverture de dossier, des frais de tenue de compte pour le programme de remboursement de dettes? Quelle forme prendront ces frais: un pourcentage de la dette remboursée? «Il est important de magasiner et d'être informé au sujet des différents frais qui pourraient exigés», résume Sylviane Desparois, porte-parole de l'ACFC.

Les bénéfices couvrent-ils les coûts?

Dans le cadre d'un programme de remboursement, l'agence vous obtiendra peut-être un taux d'intérêt moins élevé grâce à une négociation avec vos créanciers. Les économies réalisées compenseront-elles les coûts de ce programme?

Les contrats sont-ils faciles à comprendre?

Le contrat d'un programme de remboursement de dettes doit clairement indiquer les frais impliqués, les dates auxquelles l'agence traitera vos paiements, vos responsabilités et celles de l'organisme, indique l'ACFC. Faites spécifier ce qui adviendrait si vous n'étiez plus en mesure d'effectuer ces paiements.

«Demandez une copie du contrat et posez des questions si des éléments ne paraissent pas clairs», avise Sylviane Desparois.

Méfiez-vous des fausses promesses

L'ACFC recommande la méfiance à l'égard des organismes qui prétendent pouvoir améliorer votre dossier de crédit. «Aucun organisme ne peut changer ou supprimer des renseignements exacts qui figurent dans le dossier de crédit», rappelle Mme Desparois. Elle suggère également de suivre de près le travail de l'agence auprès des créanciers: «Vont-ils faire les paiements comme prévu? Sinon, ça peut nuire à votre crédit», prévient-elle. Demandez à recevoir des relevés de paiements mensuels ou des rapports d'étape à intervalle régulier.

Pour en savoir plus

Consultez la fiche «Conseils pour traiter avec des organismes offrant des conseils en matière de crédit», sous la rubrique Publications, sur le site de l'ACFC: www.fcac-acfc.gc.ca.