Luc Demers a 54 ans et il travaille à Hydro-Québec. Dans moins d'un an, il touchera sa pleine rente de retraite sans pénalité, soit 70% de son salaire actuel. Travailler plus longtemps pour continuer d'apporter sa contribution à la société? Très peu pour lui.

«Je travaille avec de grosses machines et le risque d'accident est toujours présent. L'idée, c'est de me rendre à la retraite à 55 ans avec tous mes morceaux.»

 

De toute façon, dit-il, «ce n'est pas vrai qu'à 60 ans, t'es aussi productif qu'un petit jeune qui fonce dans le tas».

Ann, qui travaillait comme directrice des ressources humaines dans un milieu extrêmement stimulant, raconte au contraire que, de son côté, elle avait encore plusieurs bonnes années en perspective. Ce n'est pas sans un vertige certain qu'elle a pris sa retraite, incitée à le faire par une rente avantageuse.

Aujourd'hui, elle n'aurait aucune envie de retrouver les horaires fixes, mais elle cherche quand même un conseil d'administration auquel apporter son expertise.

«Tout dépend du secteur d'emploi, dit Jean Cournoyer, ex-ministre du Travail lui-même sorti de la retraite pendant les Fêtes pour faire des chroniques à la radio en remplacement de Jean Lapierre. Si tu es infirmière, monteur de lignes ou dans la construction, après un certain âge, tu veux arrêter parce que ce sont des emplois exigeants. Les gens qui ont un emploi routinier n'ont pas envie de continuer non plus. Par contre, je connais un avocat de 80 ans qui va au bureau chaque jour parce qu'il en a envie!»

M. Cournoyer, lui, a-t-il encore envie de radio? À petites doses: «Pendant mon remplacement, j'ai dû me lever chaque matin à 3 h pour me trouver un sujet. Croyez-vous que j'aurais envie de faire ça toute l'année?»