Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) a pris un petit coup de vieux. Depuis trois ans, le fonds s'est éloigné des sociétés en démarrage pour se concentrer sur les PME plus matures.

Et les résultats commencent à se faire sentir pour ce fonds fiscalement avantageux pour les investisseurs. Le prix de son action a repris un peu de terrain au cours de la première moitié de 2009.

Émise à 10$ en 2001, l'action n'avait jamais vraiment décollé. En 2005 sa valeur ne s'établissait qu'à 10,37$. «Depuis 2006, nous avons changé la stratégie de façon importante», explique Marie-Claude Boisvert, chef de l'exploitation de Desjardins Capital de risque.

Au départ, CRCD investissait essentiellement dans la technologie et la biotechnologie, souvent dans des sociétés de recherche et développement. «Ce qui a été difficile dans les premières années du fonds, c'est que la techno et la biotech ont connu quelques crises. Peu de ces petites entreprises en démarrage se sont distinguées», dit Mme Boisvert.

Désormais, CRCD investit davantage dans les sociétés industrielles et manufacturières qui ont déjà des revenus. «On a voulu s'accrocher davantage à notre mission qui est le développement économique des régions», indique Mme Boisvert.

En effet, CRCD est tenue d'investir 60% de son portefeuille dans des PME québécoises, notamment 35% dans les régions et les coopératives. En contrepartie, les investisseurs ont droit à un crédit d'impôt de 50% de leur investissement qu'ils doivent conserver au moins sept ans.

Le virage stratégique de CRCD visait aussi à réduire la volatilité et à accroître la performance du portefeuille. Mais la crise financière a tout de même entraîné un repris de 8% de l'action qui valait 9,54$ à la fin de 2008. Puis, l'action a regagné 8 cents au premier semestre de 2009, passant à 9,62$.

«Normalement, ça devrait aller en s'améliorant. Le portefeuille est encore jeune. On pense que la maturité du portefeuille va arriver en 2010-2012», assure Mme Boisvert.

Mais CRCD demeure un placement audacieux. «Nous sommes dans le secteur le plus risqué de l'économie», dit Mme Boisvert. Le fonds est orienté vers les micro-entreprises, souvent en crise de croissance, en situation de dépendance face à un ou deux gros clients, par exemple. L'investissement de CRCD leur permet de prendre de l'expansion et «sortir de cette zone de fragilité», dit-elle. Mais il faut être patient...

À l'occasion, CRCD procède aussi à des investissements majeurs dans le cadre de rachat d'entreprises familiales. Par exemple, le fonds a favorisé le rachat de Fempro, dans la région de Drummondville, avec une transaction de 23 millions qui a mené à la formation d'une coopérative dont 90% des travailleurs font partie.

«Aujourd'hui, l'entreprise va très bien, se félicite Mme Boisvert. Un : les emplois sont restés au Québec. Deux : ça nous a permis de réinvestir dans la productivité : on ajouté une ligne de production.»Aide-mémoire: CRCD

-CRCD donne un crédit d'impôt provincial de 50% de la somme investie, soit 500$ par 1000$ d'épargne.

-Investissement annuel maximum : 5000$

-Placement hors-REER seulement

-Les investisseurs doivent conserver leur placement au moins sept ans

-L'avantage fiscal de CRCD correspond à un rendement annuel composé de 10% quand on l'étale sur la période de détention minimale de sept ans.

-Pour toucher le crédit en 2009, les investisseurs ont jusqu'au 28 février prochain... ou dès que CRCD, qui a recueilli 103M$ cette année, aura atteint le maximum 150 millions de sa levée de fonds.

-En somme: CRCD convient aux investisseurs aisés qui ont déjà maximisé leur REER. Il est plus stable qu'un placement RÉA II, car il contient environ 40% d'obligations. Mais il faut le conserver plus longtemps.