Après un premier succès, il faut trouver un deuxième produit. C'est souvent le plus difficile.

L'entreprise québécoise Ravi Solution a été fondée sur une idée originale, un rafraîchisseur instantané de vin rouge qui s'installe au goulot de la bouteille.

Après un départ fructueux - 100 000 rafraîchisseurs vendus en deux ans dans une quinzaine de pays -, il fallait élargir la gamme avec un second article innovateur. Mais lequel?

«Nous nous sommes dit, pourquoi ne pas essayer de régler le problème des carafes?» narre Marc-André Nadeau, vice-président développement des affaires de l'entreprise.

Le problème des carafes, c'est qu'il est difficile d'en laver l'intérieur, et plus ardu encore de l'assécher. Leur solution: une carafe qui se démonte en deux moitiés, vissées l'une sur l'autre à mi-hauteur du col.

Elle est constituée de deux pièces de verre moulées par soufflage, sur lesquelles sont fixés des collets de plastique filetés. Une jupe en acier inox recouvre l'assemblage.

La mise au point du concept a été confiée à la firme Primeau Designers. «Le défi consistait à simplifier le démoulage, s'assurer que ce soit hermétique, que ça coule bien et que l'assemblage reste simple», décrit Mario Primeau.

Des prototypes ont été fabriqués par des entreprises européennes et asiatiques. C'est un fabricant chinois qui leur a soufflé le contrat.

Cependant, le soufflage de verre est un procédé beaucoup moins précis que l'injection de plastique. Comment assurer un mariage harmonieux entre les deux pièces? «Il est moins compliqué d'avoir des rejets que de s'adapter», observe Jean-François Jodoin, président de Ravi Solution. L'entreprise ne retient donc que les pièces de verre suffisamment précises - ce qui survient une fois sur trois! Il a fallu souffler 28 000 unités pour fabriquer les 10 000 premières carafes.

Autre usage

Une carafe démontable présentait un avantage majeur pour Ravi Solution: on pouvait retirer la partie supérieure et visser à sa place un adaptateur conçu pour recevoir le refroidisseur Ravi. «La carafe corrige le défaut du Ravi», explique Jean-François Jodoin. Embouché au sommet d'une bouteille de vin, le refroidisseur augmente son encombrement. En remplaçant le col de la carafe, le rafraîchisseur modifie à peine la hauteur du contenant.

Lancé en décembre 2007, le Ravi est le bébé de Jean-François Jodoin et Martin Tétrault. Amateurs de vin rouge, les deux amis avaient eu l'idée d'un appareil qui rafraîchirait instantanément le vin à mesure qu'il serait versé.

Cet embout, rempli d'un gel semblable à celui des sachets réfrigérants, est conservé au frigo. On l'ajoute à la bouteille au moment de servir. Quand on incline la bouteille, le vin s'écoule en parcourant un serpentin en acier inoxydable. Ce court passage suffit à l'abaisser à la température d'un cellier, soit entre 12 et 18 °C. L'écoulement est contrôlé par une petite valve actionnée avec le pouce.

Les deux amis ont travaillé un an et demi à mettre le principe au point. «On a fait des choses beaucoup moins belles, mais qui fonctionnaient, relate Jean-François Jodoin. C'est avec ces objets qui sont maintenant très drôles à regarder qu'on est allés voir Michel Dallaire.»

Le réputé designer industriel a donné à l'objet la forme d'un long cône tronqué. «Comme il avait une volumétrie importante, il fallait lui donner le caractère le plus léger possible, explique-t-il. On a voulu le faire élégant et simple.»

La cartouche de gel est enveloppée d'une douille de plastique translucide au fini givré. La couche d'air emprisonnée entre les deux fait office d'isolant.

Les carafes viennent d'arriver sur le marché. Tôt ou tard, il faudra trouver un troisième produit.