Lorsqu'on demande aux financiers quel est le dernier endroit au monde où ils ajouteraient de l'argent, il y a une réponse qui revient inlassablement: les obligations gouvernementales à long terme.

Dans le cadre de notre chronique hebdomadaire Sur le radar, cette réponse ressort une fois sur deux (15 fois au cours des 36 dernières publications, pour être précis). Il est rare que les gestionnaires, stratèges et analystes s'entendent aussi bien... c'est presque suspect! Voici un échantillon des arguments fournis par les détracteurs d'obligations.

«Une personne qui achète une obligation du gouvernement du Canada 10 ans aujourd'hui va s'apercevoir dans trois ou quatre ans qu'elle a laissé beaucoup d'argent sur la table. Surtout que les gouvernements recommencent à s'endetter. Ces dernières années, le gouvernement remboursait ses dettes, ce qui réduisait l'offre d'obligations. Maintenant, on va vivre le phénomène inverse. Et les taux vont remonter.»

- Christine Décarie, Groupe Investors, 31 janvier

«Les placements par excellence à éviter aujourd'hui sont les obligations des gouvernements de plus de cinq ans. Le rythme auquel les gouvernements pompent de l'argent dans le système n'a pas de bon sens. Pour vous donner une image, c'est comme si, dans un village, le salaire de tout le monde doublait. L'inflation a alors de bonnes chances d'augmenter.»

- Jean-Paul Giacometti, Claret, 7 février

«Les gens ne le réalisent pas, mais les obligations donnent une garantie d'appauvrissement, en considérant l'inflation et l'impôt. Je trouve ça ridicule.»

- François Rochon, Giverny Capital, 14 février

«J'évite les actifs qui carburent au sentiment de panique, comme les obligations de long terme du gouvernement américain.»

- Vincent Delisle, Scotia Capitaux, 28 mars

«Les obligations du gouvernement à long terme sont le dernier endroit où je mettrais mon argent. Il n'y a rien à faire là! Si les taux d'intérêt remontent un peu, les investisseurs vont perdre de l'argent. Vaut mieux rester liquide que d'être coincé à long terme.»

- Jacques Chartrand, Selexia, 11 avril

«On pense que graduellement, les taux d'intérêt vont continuer à augmenter et que les craintes inflationnistes vont s'accentuer. Les rendements des obligations gouvernementales risquent d'être décevants.»

- Pierre Ouimet, UBS Gestion globale d'actifs Canada, 16 mai

«Avec une obligation du Canada, vous allez faire votre 2,75% d'ici 5 ans. Mais il y a bien d'autres placements qui seront plus payants.»

- François Rainville, BMO Banque privée Harris,

7 novembre

«L'objectif quand on investit, c'est de protéger son pouvoir d'achat. Il y a un risque que le rendement des obligations ne compense pas l'inflation sur une longue période»

- Carole Berthiaume, Fiera Capital, 21 novembre