Il a enseigné pendant 25 ans. Puis l'usure a fait son oeuvre. «J'ai quitté l'enseignement pour des raisons de santé», confie Jean-François. «J'ai trouvé un autre emploi moins stressant.»

Maintenant âgé de 56 ans, il gagne un revenu de près de 35 000$, pour un contrat qui se terminera en septembre 2010.

Il aimerait prendre alors sa retraite. Mais il ne touchera aucune rente du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics. «Quand j'ai quitté l'enseignement, un conseiller financier m'a fait sortir mon RREGOP, que j'ai investi dans un compte de retraite immobilisé (CRI), explique-t-il. Il vaut aujourd'hui 173 000$. La crise économique l'a diminué passablement.»

Jean-Michel est en outre propriétaire d'une maison dont l'estimation municipale fixe la valeur à 170 000$. «J'ai encore une hypothèque de 25 000$ que je paie toutes les semaines à raison de 150$, poursuit-il. Mon intention serait de payer définitivement cette hypothèque en septembre 2011.» Il vendrait alors la maison pour se procurer une propriété plus petite.

«Actuellement je change de voiture tous les quatre ans et je fais un voyage chaque année d'une durée d'un mois. Je voudrais maintenir ce rythme de vie. Suis-je réaliste?»

Quelques bonnes surprises

Le planificateur financier Bernard Beauchemin, de la Banque Laurentienne, a pu constater et annoncer une bonne nouvelle: le CRI de Jean-Michel a profité de l'embellie boursière et vaut maintenant 211 000$. Une évaluation plus réaliste de la valeur de sa maison l'établit plutôt à environ 200 000$.

Avec son REER de 82 000$, il peut donc compter sur des actifs totalisant 493 000$.

À partir de 60 ans, il pourra toucher une rente de la RRQ de 7680$ par année, et la pension de la Sécurité de la vieillesse y ajoutera 7740$ dès ses 65 ans.

Facteur important, Bernard Beauchemin estime que les revenus de retraite de Jean-Michel, inférieurs à 40 000$ par année, lui permettront de subir un taux marginal d'imposition de 28,5% plutôt que 38,4%.

Le planificateur a précisé et chiffré les principaux objectifs de Jean-Michel. Le futur retraité espère conserver son coût de vie actuel pendant les 30 prochaines années, au cours desquelles il ferait un voyage annuel d'environ 3000$. Le remplacement de sa voiture à intervalle de quatre ans coûterait également 3000$ par année.

Bref, il lui faut 27 000$ par année pour vivre.

Suspense: ses actifs le lui permettent-ils?

Notre conseiller a accordé aux placements de Jean-Michel un rendement annuel moyen de 5,5% - «assez conservateur», commente-t-il. Il utilise un taux d'indexation au coût de la vie de 2,5% par année.

Conformément aux intentions de Jean-Michel, Bernard Beauchemin suppose que sa propriété actuelle serait vendue en septembre 2011, pour un peu plus de 200 000$. Il faudrait alors rembourser un solde hypothécaire d'environ 12 000$. Une nouvelle propriété serait achetée au prix de 130 000$, sur laquelle le planificateur applique une croissance de valeur de 2% par année. Solde de l'opération immobilière: en tenant compte des frais de transactions et de déménagement, environ 47 000$ s'ajouteront alors au capital de Jean-Michel.

Dernier détail, une fois à la retraite, Jean-Michel veut travailler un ou deux jours par semaine, question de rester occupé. Notre conseiller prévoit en conséquence un revenu annuel de 10 000$ jusqu'à 63 ans.

Quelques tours de manivelle dans la machine à planification. Résultat, «les avoirs actuels de Jean-Michel lui permettront d'atteindre l'âge de 83 ans, sans recourir à l'utilisation de la valeur de sa résidence, en supposant qu'il ait toujours les mêmes exigences de coût de vie, en incluant le voyage et le changement d'auto», conclut Bernard Beauchemin.

À 83 ans, la vente de la propriété suppléera aisément à ce manque à gagner, ajoute-t-il.

Si Jean-Michel parvient à 90 ans, il détiendra encore 157 000$.

La retraite qu'envisage Jean-Michel est donc réalisable. Mais ce programme s'appuie sur un coût de vie très modeste. Quelques précautions s'imposent: mieux vaut établir un budget et le suivre rigoureusement. Un effort fort raisonnable pour une retraite prochaine et sereine.

LES DONNÉES

PROBLEME:Épuisé, Jean-Michel a quitté l'enseignement, en apportant avec lui sa caisse de retraite. Maintenant parvenu à 56 ans, peut-il espérer prendre une (modeste) retraite d'ici un an?

LES PARAMÈTRES

Jean-Michel, 56 ans

Revenu: près de 35 000$

CRI: 211 000$

REER: 82 000$

Coût de vie prévu à la retraite: 27 000$

Propriété: valeur de 200 000$

Solde hypothécaire: 25 000$

LA RÉPONSE

Jean-Michel pourra prendre sa retraite dans un an, avec un train de vie de 27 000$ par année, comme il le souhaite. Mais il aura peu de marge de manoeuvre budgétaire.

«Votre situation financière est bonne, et vous permettra d'atteindre vos objectifs, pour autant que vous établissiez un budget et le suiviez de façon assez rigoureuse.»

Bernard Beauchemin