Délicat problème. Stéphanie et Julien sont conjoints de fait depuis cinq ans. Ils sont parents d'une petite fille de trois ans. Stéphanie a également une fille de 11 ans d'une union précédente, pour laquelle une pension alimentaire est versée.

Chacun possède une propriété. Celle de Stéphanie, en banlieue de Montréal, sert de résidence familiale. La maison de Julien, en région, fait office de chalet. Elles sont toutes deux grevées de soldes hypothécaires, que chacun prend en charge seul. Les frais d'usage de la résidence principale et les dépenses familiales sont partagées au prorata de leurs salaires, soit 60% à la charge de Julien et 40% à celle de Stéphanie.

«J'assume seul la totalité des dépenses du chalet (hypothèque, taxes municipales et scolaires, hydro, téléphone, câble, etc.) car ma conjointe dit ne pas en avoir les moyens, ce que je comprends et accepte sans problème», précise Julien.

Mais il ajoute: «Ma conjointe prétend maintenant que puisque j'habite sous son toit, je devrais également payer les taxes municipales et scolaires selon les mêmes proportions et que sinon, c'est comme si j'y habitais gratuitement...»

Il souligne qu'il paie seul les frais de garderie de leur fille, à hauteur de 500 $ par mois. «Est-elle justifiée de demander un paiement des taxes municipales et scolaires de sa maison?», s'enquiert-il

Un partage approximatif

Délicat problème, donc, et la conseillère budgétaire Lise Morin, de l'ACEF de l'Est de Montréal, y répond avec précautions et nuances. Surtout, ne pas se poser en juge!

Une partie du problème réside dans le partage approximatif et sans logique apparente des dépenses. D'abord et avant tout, Lise Morin recommande à Stéphanie et Julien de «choisir un moment propice pour parler du budget familial» - un moment où ils ne seront pressés ni par le temps ni par les obligations familiales.

Ensemble, ils établiront les revenus nets de chacun - car «on vit avec le net», énonce Lise Morin.

Ensuite, vérification: «Est-ce que la répartition demeure 40% et 60%?» demande notre conseillère.

Elle suggère de tenir compte de toutes les sources de fonds du couple. Ainsi, le remboursement d'impôt relatif aux frais de garderie et les paiements de soutien aux enfants seraient opposés aux dépenses. Une partie de la pension alimentaire, attribuable à la nourriture et la consommation d'électricité de la fillette de 11 ans, pourrait elle aussi être admise dans la colonne des revenus.

Les deux conjoints devront alors dresser minutieusement la liste de toutes les dépenses familiales.

Notre conseillère en fait une énumération non exhaustive: l'épicerie, les télécommunications, l'électricité et le chauffage, les dépenses pour leur fille - garderie comprise -, le montant imputé à l'assurance-santé familiale, les vacances en famille, les dépenses d'essence relatives aux activités de la vie familiale (épicerie, sorties de familles...), les achats à la pharmacie qui servent à la famille, etc.

Lise Morin aborde ensuite le coeur du problème: en principe, les dépenses reliées à l'habitation, aussi bien la résidence principale que la résidence secondaire, devraient faire partie du tronc commun, puisqu'elles servent toutes deux à la famille.

Rien n'empêche de considérer les impôts fonciers de la maison de Stéphanie parmi les dépenses d'habitation, au même titre que le chauffage et l'électricité. Après tout, elles continueront d'être payées après que l'hypothèque aura été acquittée. On pourrait y ajouter les frais d'intérêts, seul le remboursement du capital demeurant du ressort de Stéphanie. Mais si la résidence secondaire de Julien sert véritablement à la famille, la même logique s'applique aux dépenses d'usage, aux impôts fonciers et aux intérêts de celle-ci, qui devraient eux aussi être ajoutés aux dépenses communes.

L'ensemble des dépenses familiales pourront ensuite être partagées au prorata des revenus. Voilà pour le principe. Un principe qui ne conviendra pas nécessairement au couple, et qui devra être discuté, pesé, adapté.

Stéphanie et Julien ne sont mariés ni civilement ni religieusement, de telle sorte que la Loi sur le patrimoine familial ne s'applique pas à leur cas. Devraient-ils songer à s'unir civilement, à vendre leurs propriétés pour en acheter une nouvelle en commun? D'autres pistes de réflexion...

«Donnez-vous du temps pour réfléchir et discuter par la suite des options qui vous apparaissent les plus équitables et porteuses d'harmonie familiale», leur suggère Lise Morin.

Il est souvent difficile d'aborder les questions d'argent au sein d'un couple. Une oreille extérieure, neutre, peut favoriser des échanges plus sereins. Pourquoi pas une consultation auprès d'un organisme spécialisé en budget et finances familiales?

 

 

LES DONNÉES

 

Stéphanie et Julien, parents d'une petite fille, sont chacun propriétaire d'une maison. Celle de Stéphanie sert de résidence principale, l'autre de résidence secondaire. Discorde sur le partage des dépenses...

 

«Ses demandes me semblent exagérées et ne tiennent pas compte des dépenses que j'assume déjà», selon Julien

 

Julien, 41 ans

Revenu: 80 000$

Propriété: valeur de 295 000$

Solde hypothécaire de 180 000$

 

Stéphanie, 39 ans

Revenu: 70 000$

Propriété: valeur de 330 000$

Solde hypothécaire de 30 000$

 

Le couple doit s'asseoir et refaire le calcul des revenus et dépenses, en incluant toutes les données. Puis en discuter calmement, avec de l'aide s'il le faut.

 

«Un sentiment de satisfaction et d'équité doit se dégager de vos ententes.»

- Lise Morin