L'argent s'écoule comme du sable entre leurs doigts. Andréa et Sébastien touchent de bons salaires, pour un revenu familial net de plus de 80 000 $. Pourtant, disent-ils, «nous ne sommes jamais en mesure de mettre de l'argent de côté pour planifier des vacances, prévoir un projet de rénovation pour la salle de bain, prévoir le paiement des taxes municipales ou avoir un coussin pour les imprévus».

Parents de deux jeunes enfants, ils sont propriétaires d'une maison dont la mensualité s'élève à près de 1000 $. Après 10 ans de vie commune, leur mode de gestion ne semble pas donner de résultats tangibles, déplorent-ils. «Nous ne sommes pas dépensiers à outrance, nous consommons avec réflexion, mais il est fort possible que nous mésestimions cet aspect.» C'est probable, en effet: le couple détient une marge de crédit de 12 000 $, qu'il admet ne pas parvenir à liquider. «Sinon, à part les paiements des voitures et deux cartes de crédit, nous n'avons pas de dettes», précisent-ils.

Comment faire pour retrouver une situation financière saine et équilibrée?

Automatiser l'épargne

La planificatrice financière Josée Jeffrey a d'abord demandé au couple de faire le relevé de leurs dépenses. L'exercice a été salutaire – «tout un travail de recherche et de réflexion», lui a confié Andréa.

Les deux conjoints ont ainsi pris conscience que les remboursements de la marge et des cartes de crédit accaparaient à eux seuls 675 $ par mois.

Après l'attribution des dépenses aux différents postes budgétaires, ils ont calculé un coût de vie de 60 000 $, contre des revenus disponibles d'environ 83 000 $.

«On se rend compte que de gros surplus sont dégagés, souligne Josée Jeffrey. Sans budget, on ne voit pas où va notre argent. Ces surplus permettront à notre petit couple de planifier les vacances, la rentrée scolaire, les loisirs et il en restera pour l'épargne.»

Mais ils n'y parviendront qu'en modifiant leurs habitudes. Un budget personnel rigoureux est la pierre angulaire de ce redressement. «Il permet une vision claire de notre situation financière, explique la planificatrice, et nous donne la capacité de redresser les dépenses excédentaires, s'il y a lieu.»

Le remboursement des dettes de consommation sera l'objectif prioritaire, avant même les cotisations au REER. Le couple y consacre 6000 $ par année et songe à les porter au maximum autorisé. «Puisque que tous les deux participent déjà à des régimes de retraite auprès de leurs employeurs respectifs, cet objectif peut être reporté après le remboursement intégral des dettes», avise Josée Jeffrey.

Les soldes récurrents sur les cartes de crédit devraient être portés sur la marge de crédit – si leur institution accepte de l'augmenter. En supposant un taux d'intérêt de 5,25 %, le couple économiserait ainsi plus de 700 $ en deux ans.

La plus sûre manière de constituer un pécule de vacances consiste à le planifier à chaque paie avec le budget. Plus sûr encore: le couple pourra instaurer un programme de versements automatiques dans un compte consacré aux vacances. «C'est la meilleure façon d'assurer la régularité et d'installer des habitudes sans trop de difficultés», insiste notre planificatrice.

Selon le même principe, Sébastien et Andréa devraient demander à leur prêteur hypothécaire de prélever les montants des impôts fonciers en même temps que les mensualités hypothécaires.

Ils avaient déjà pris l'excellente mesure de détenir chacun un compte personnel, auxquels s'ajoutait un compte conjoint pour les dépenses communes. Josée Jeffrey leur suggère de pousser la logique un peu plus loin, et d'épargner chacun 10 % de son revenu net dans un compte distinct – un compte d'épargne libre d'impôt, par exemple.

Notre couple verse déjà 1200 $ par année au REEE de leurs deux enfants. Lorsque leur situation budgétaire se sera rétablie, cette cotisation pourra grimper à 2500 $ pour chaque enfant, ce qui leur permettra d'obtenir les subventions maximales, fixées à 20 % au fédéral et à 10 % au Québec.

Évidemment, ce programme ne sera ni magique, ni automatique. «Tout repose sur la volonté de changer et sur la persévérance à maintenir ces efforts», rappelle Josée Jeffrey.

 

 

 

LES DONNÉES

 

Andréa et Sébastien touchent de bons revenus mais n'arrivent pas à épargner pour les projets et les imprévus. Comment faire?

 

Sébastien, 40 ans

Cotisation annuelle au REER: 3900 $

REER: 12 000 $

 

Andréa, 39 ans

Cotisation annuelle au REER: 2180 $

REER: 5492 $

 

Coût de vie estimé: 60 000 $

Revenus nets du ménage: 83 000 $

Marge de crédit utlisée: 11 225 $

Versements mensuels pour les cartes et la marge de crédit: 675 $

 

Cotisations au REEE des enfants: 1200 $

 

Citation Josée Jeffrey

«Le plus gros défi pour notre couple sera de conserver ces nouvelles habitudes financières et de ne pas retomber dans le piège d'accumuler des soldes sur leurs cartes de crédit.» 

 

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Josée Jeffrey, planificatrice financière, Focus Retraite & Fiscalité