Sylvie prend sa retraite cette année. Elle veut en profiter pour quitter sa région, le lac Saint-Jean, et venir s'établir à Montréal, question de se rapprocher de ses filles. «Je suis exigeante, je désire un 4 ½ avec air climatisé, deux chambres fermées, dans les quartiers centraux de Montréal, décrit-elle. Je ne sais plus si je dois acheter (neuf pour ne pas investir dans les réparations) ou louer.»

La femme de 55 ans touchera une rente de retraite équivalant à 70 % de son salaire de 69 000 $. Elle est propriétaire d'une maison d'une valeur de 120 000 $, grevée d'un solde hypothécaire de 12 000 $. Ce sont ses seules économies. «J'aime beaucoup sortir et magasiner, et j'aimerais bien que cela ne change pas trop, explique-t-elle. Quel serait le montant que je pourrais consacrer à l'achat d'un appartement ou à un logement tout en étant à l'aise financièrement?»

Un condo à Montréal?

Puisque Sylvie n'a accumulé aucune épargne, le planificateur financier David Paré, de Desjardins, a conclu que son coût de vie actuel équivaut à son revenu net de 3575 $ par mois.

Si on tient compte du versement progressif des rentes publiques, le maintien de ce train de vie entraînerait à la retraite des déficits budgétaires de 764 $ par mois jusqu'à 60 ans, de 379 $ entre 60 et 65 ans, et de 575 $ ensuite.

Or, Sylvie dépense déjà quelque 800 $ par mois pour se loger – impôt foncier, assurance et entretien inclus. Combien lui en coûterait-il de plus à Montréal?

La vente de sa maison lui laisserait un capital de 108 000 $, dont M. Paré soustrait 8000 $ pour les frais de déménagement. Ces 100 000 $ seraient appliqués à l'achat d'un appartement d'une valeur de 215 000 $.

Un amortissement sur 25 ans et un taux d'intérêt de 6 % définiraient une mensualité de 735 $. En ajoutant les charges de copropriété, les frais d'entretien, les taxes foncières et les assurances, le coût de logement s'élève à 1270 $ – «c'est-à-dire 470 $ de plus par mois», insiste notre planificateur.

Avec le déficit de plus de 700 $ déjà inscrit avec sa rente de retraite, le manque à gagner de Sylvie atteindrait 1200 $ par mois. «Un changement important de son style de vie serait à prévoir», souligne David Paré.

Un logement?

Un logement serait-il plus accessible? Considérant les besoins exprimés par Sylvie, David Paré fixe un loyer de 1000 $ par mois, auquel il ajoute 50 $ pour les assurances. Il s'agit d'un excédent de 250 $ sur les frais de logement actuels, pour un déficit mensuel d'environ 1000 $.

Toutefois, il faut compter avec le capital issu de la vente de la maison. De ces 100 000 $, 50 000 $ seraient placés en REER, dont 5000 $ dans un fonds de travailleurs. Les économies d'impôts procureraient 20 000 $, qui s'ajouteraient aux 50 000 $ restants, pour constituer un portefeuille non enregistré de 70 000 $.

En supposant un rendement de 5 %, ces sommes fourniraient un revenu supplémentaire de 300 $ par mois, après le passage du fisc. Le déficit serait ainsi ramené à quelque 700 $.

«On le constate, dit David Paré, le projet de Sylvie sera difficile à atteindre sans une révision de son style de vie et de ses dépenses.» Une révision importante. Par exemple, si Sylvie vendait sa voiture pour utiliser les transports en commun, elle pourrait économiser 470 $ par mois. En retranchant 200 $ de plus en dépenses de vêtements – un autre poste budgétaire majeur –, elle parviendrait presque à équilibrer son budget. Sans marge de manoeuvre, toutefois.

David Paré a présenté son analyse à Sylvie. Sa décision est tombée rapidement : elle restera chez elle. Elle viendra plutôt voir ses filles plus souvent. Et le lac Saint-Jean est  si majestueux, après tout!

 

LES DONNÉES

Sylvie, 55 ans

Revenu actuel : 69 000 $

Rente de retraite à 55 ans : 70 % du revenu

Aucune épargne

Propriété : maison de 120 000 $

Solde hypothécaire : 12 000 $