Les jeunes sont des paniers percés qui vivent au jour le jour et ne résistent pas aux sirènes de la consommation? Faux. Les Québécois de 18 à 29 ans détiennent de l'épargne dans une proportion de 60%.

Cette épargne moyenne de 8837$ correspond au tiers (34%) de leur revenu annuel brut.

Toutes proportions gardées (mais sans égard aux responsabilités), c'est nettement plus que leurs parents, qui en 2008 n'épargnaient que 2,1% de leur revenu disponible.

Ce rassurant constat provient d'une recherche menée par Marie J. Lachance, professeure au département des sciences de l'éducation de l'Université Laval, avec l'assistante de Jacinthe Cloutier, étudiante à la maîtrise en mesure et évaluation.

«On est agréablement surpris, commente Marie Lachance. Les jeunes savent qu'il est important de mettre de l'argent de côté, savent que ça devrait être une priorité et ils sont favorables à l'épargne.»

Leurs données proviennent d'un questionnaire posté sur l'internet en juin 2008, auquel 966 personnes ont répondu. On peut penser que les résultats auraient été plus favorables encore si l'enquête avait été menée en août, au terme d'un été de travail pour les jeunes encore aux études.

On doit cependant mettre ces chiffres en perspectives, nuance Marie Lachance. Malgré une épargne moyenne élevée, elle correspond chez la plus grande part des répondants à 10% de leur revenu brut.

Motivation: projet prochain

Le grand intérêt de cette toute nouvelle étude sur l'épargne est d'en montrer le pourquoi et le comment.

Les jeunes Québécois qui économisent le font la plupart du temps pour réaliser un projet qui leur tient à coeur. Prévenir les coups durs arrive au second rang des motivations. «Les jeunes ne savent pas nécessairement ce qu'est un fonds d'urgence, observe Marie Lachance. Mettre de l'argent de côté avant les imprévus devrait être le premier objectif, avant tout autre chose.»

Ils sont également peu nombreux - 30% - à épargner de façon régulière.

Cette inconstance traduit sans doute l'incertitude de la situation des jeunes.

Car l'échantillon englobe des situations très variées: la tranche d'âge des 18 à 29 ans est sans doute celle où la situation financière connaît ses changements les plus profonds. «Ceux qui épargnent le plus sont ceux qui travaillent, mais ceux qui ont la plus grande proportion du revenu sont ceux qui habitent chez leurs parents, observe Mme Lachance. On peut comprendre: ils n'ont pas de responsabilités financières.»

Malgré tout, ils épargnent!

Presque tous les jeunes détiennent un compte bancaire courant. Curieusement, l'assurance vie arrive au second rang des produits financiers les plus fréquemment détenus (64,9%), tout juste devant le compte d'épargne (64,4%) et l'assurance de biens personnels (59%)!

Les voeux et la réalité

Plus de neuf jeunes sur dix approuvent le principe de l'épargne et reconnaissent l'importance de mettre régulièrement de l'argent de côté. Cependant, la moitié d'entre eux ne sont pas prêts à sacrifier certains plaisirs pour concrétiser ce bon voeu.

Pour Marie Lachance, les parents, l'école et les professionnels de la finance ne doivent pas tant taper sur le clou déjà bien enfoncé de l'importance de l'épargne, qu'insister sur les avantages à commencer tôt et sur les moyens concrets d'y parvenir.

«Ce qui est particulièrement intéressant pour nous, c'est de voir que tous les agents - parents, conseillers financiers, école... - ont une influence, directe ou indirecte, conclut-elle. C'est loin d'être négligeable, mais on peut certainement améliorer l'influence de l'école et des parents.»

 

La raison principale de ceux qui épargnent

Pour réaliser un projet qui me tient à coeur. 29,6%

Pour les urgences et pour avoir de l'argent disponible au cas où il arriverait quelque chose d'imprévu. 26,1%

Pour devenir plus à l'aise financièrement. 22,3%

Pour préparer ma retraite. 10,6%

Pour acheter plus tard des biens de consommation qui coûtent cher. 6,4%

et de ceux qui n'épargnent pas

Je ne gagne pas assez d'argent. 47,6%

Je préfère rembourser mes dettes. 18,2%

Je n'ai pas assez de discipline. 14,8%

J'ai dû utiliser toutes mes économies pour me sortir d'une situation difficile ou imprévue. 12,8%

Je préfère dépenser l'argent que je gagne. 5,6%

Je préfère utiliser le crédit et payer après. 1,0%

Source : Les jeunes adultes québécois, l'épargne et l'investissement :partiques, connaissances et attitudes. Marie J. lachance, Jacinthe Cloutier, Université Laval.