Une femme sans emploi. Un futur père sur le point de prendre un congé parental d'un an. Un budget en déroute.En février 2008, quand le jeune couple est venu consulter Nathalie Champagne, conseillère budgétaire au CIBES de la Mauricie (ACEF), sa situation financière était au plus mal.

«C'était un cas de surendettement et de mauvaise planification», explique-t-elle.

Ça ne s'est pas amélioré avec le congé parental. Le jeune père gagnait un salaire net de 570$ par semaine. L'assurance parentale lui a versé deux paiements de 940$ par mois. «Il est passé d'un revenu mensuel de 2451$ à 1880$», calcule Nathalie Champagne.

Heureusement, le couple avait rencontré la conseillère pendant que le père était encore au travail. Guidés par le CIBES, ils ont pu mettre leurs comptes à jour, acquitter les petites dettes, en prévision de la période de revenus moindre qu'ils savaient venir. «S'ils étaient venus nous voir au moment où le père tombait en congé parental, ça aurait été beaucoup plus difficile de rattraper le retard, observe Nathalie Champagne. Ils n'auraient pas eu la marge de manoeuvre nécessaire.»

Morale de l'histoire: «C'est comme une année sabbatique, ça se planifie d'avance, avise la planificatrice financière Josée Jeffrey. Les prestations parentales peuvent donner un coup de main, mais ensuite, il faut calculer, planifier, refaire le budget.»

Certains couples souhaiteront assurer une présence parentale prolongée durant la petite enfance. Le problème se pose de la même façon pour un père ou une mère au foyer: une fois l'année de congé parental achevée, le couple peut-il se contenter d'un seul revenu? «La meilleure chose est de faire un bilan, de prendre une photo de la situation financière de la famille», recommande Robert Le Sieur, planificateur financier au Groupe Investors. Une estimation réaliste des revenus et dépenses est alors essentielle.

«On évalue, et si on arrive, il faut faire un budget, poursuit-il. Mais on doit ensuite le respecter. Il est certain qu'il faudra diminuer nos activités, mais c'est une décision familiale.»

Un soupçon de simplicité volontaire

Éliminer un revenu sur deux pendant quelques années fait mal au budget. «Il y a une réflexion sur la vie à faire, observe Bertrand Rainville, conseiller budgétaire au CIBES. On est dans le domaine de la simplicité volontaire.»

Tiens, tiens... Petit coup de fil au Réseau québécois pour la simplicité volontaire.

«Le concept de simplicité volontaire se prête très bien à ce genre de décision, de décrocher un peu de la surconsommation», confirme Louis Chauvin, président du Réseau et professeur à la Faculté de gestion de l'Université McGill. «On dit aujourd'hui qu'il faut que les deux travaillent pour qu'on arrive. Mais dans les années 50, les gens arrivaient très bien avec un salaire. Ils vivaient cependant dans des maisons plus petites, il n'y avait pas deux autos à la porte, les enfants n'allaient pas tous dans des écoles privées, ils ne voyageaient pas dans le Sud à tous les ans. Les gens arrivaient.»

Revenons à notre époque: le couple qui ampute un de ses revenus devra adapter son train de vie, sacrifier certaines dépenses. «J'aime mieux modification que sacrifice», corrige Louis Chauvin. «C'est un choix. On a trouvé quelque chose qui nous plaît davantage, rester avec ses enfants et de développer ce lien. Si on le fait de façon très consciente, cette satisfaction devrait réduire notre besoin de rechercher notre satisfaction dans les objets de consommation.»

Plus concrètement, le premier geste de planification consistera à réduire l'endettement au minimum. Ce sera l'occasion d'une réflexion sur les besoins réels de logement, indique-t-il.

Dans les sessions sur la paternité qu'il donne aux futurs pères dans les cours prénataux, Raymond Villeneuve constate en effet certaines illusions à ce propos. «Sur 10 gars, il y en a toujours trois qui se sont acheté une nouvelle maison pour leur premier enfant, observe-t-il. Ils peuvent se mettre dans des situations invraisemblables: ils n'ont aucune idée de ce qu'est un bébé et ils prévoient construire des murs pendant leur congé de paternité!»