La Bourse a retrouvé beaucoup de vigueur depuis le début de l'année. L'indice de la Bourse de Toronto est même en hausse de 30% depuis deux mois. Une hausse tellement rapide que plusieurs analystes anticipent une accalmie sur les marchés boursiers cet été. Devant pareil scénario, la prudence est de mise. Mais prudence n'égale pas nécessairement simplicité. Les investisseurs qui veulent prendre moins de risques ont le choix entre plusieurs produits financiers, des comptes d'épargne aux certificats de placement garanti en passant par les indices d'obligations de sociétés négociés à la Bourse de Toronto. La Presse Affaires a identifié huit produits financiers pouvant intéresser les investisseurs qui veulent faire preuve de prudence au cours des prochains mois.

Compte d'épargne à intérêt élevé

Un stationnement de luxe

Rendement: de 1% à 1,5%

 

Capital garanti: OUI

Empiler ses économies dans un compte d'épargne, c'est un peu comme garer sa voiture dans un stationnement, illustre Éric Menegazzi. «On n'y laisse pas son argent trop longtemps, comme on ne laisse pas sa voiture garée trop longtemps dans un stationnement», dit-il. Toutes les institutions financières offrent un compte d'épargne à intérêt élevé. Les taux ont fondu depuis un an en raison de la baisse du taux directeur de la Banque du Canada. Ils varient actuellement de 1% -dans la plupart des grandes institutions financières canadiennes- à 1,5% chez IND Direct, le pionnier des comptes à intérêt élevé au Canada.

Certificats de placement garanti (dépôts à court et à long terme)

Un surnom révélateur

Rendement: de 0,15% (30 jours) à 3,00% (5 ans)

Capital garanti: OUI

Robert Naoum a un surnom qu'il trouve révélateur pour les CPG, le diminutif des certificats de placement garanti. «Ce sont plutôt des certificats de pauvreté garantie car les rendements ne sont pas alléchants, dit-il. Ce type de placement est aussi contraignant, car il faut geler son capital si on ne veut pas payer de pénalités.» Les CPG ont toutefois une qualité recherchée en temps de crise financière: ce sont les placements les plus sûrs sur le marché car ils bénéficient d'une garantie gouvernementale. Comme le marché obligataire pourrait connaître l'une de ses rares périodes de décroissance prochainement, André Buteau n'écarte pas trop vite les CPG. «C'est possible d'étaler ses CPG sur plusieurs périodes afin de toujours disposer de liquidités», dit-il.

Bons du Trésor

Populaires en temps de crise

Rendement: de 0,11% (1 mois) à 0,42% (1 an)

Capital garanti: OUI

Vendus dans toutes les grandes institutions financières du pays, les bons du Trésor fédéral sont populaires depuis le début de la crise financière. Au 30 avril dernier, la valeur des bons du Trésor en circulation était en hausse de 50% par rapport à l'an dernier (184 milliards de dollars contre 123 milliards). Mais leur popularité n'est pas sans conséquence. Depuis un an, le taux d'intérêt offert a fondu. Les bons du Trésor rapportent actuellement entre 0,11% (1 mois) et 0,42% (1 an) à leurs détenteurs. Après le calcul de l'inflation (1,2% par année au 30 mars dernier), le rendement est pour ainsi dire négatif. En plus, les bons du Trésor rapportaient jusqu'à 21 fois plus à pareille date l'an dernier! Au 6 mai 2008, les bons du Trésor rapportaient de 2,38% (1 mois) à 2,67%) à leurs détenteurs. Pour les bons du Trésor, c'était la belle époque -avant les soubresauts des marchés financiers.

Obligations d'épargne

Une vieille tradition

Rendement: de 1,15% (1 an) à 6% (10 ans) au Québec

Capital garanti: OUI

Les Obligations d'épargne du Québec rapportent actuellement 1,15% par année et sont encaissables en tout temps. Elles sont en vente jusqu'au 1er juin 2009. Épargne Placements Québec offre aussi des obligations à taux progressif. Ces obligations, dont le taux varie entre 1,15% la première année à 6,0% la dixième année, sont encaissables annuellement. Les obligations à taux progressif du Québec offrent aussi un rendement additionnel de 1% la première année si l'investissement est réalisé par le truchement d'un REER. La prochaine émission des Obligations d'épargne du Canada, une vieille tradition pour certains investisseurs partout au pays, aura lieu en octobre 2009.

Obligations gouvernementales

Une valeur sûre

Rendement depuis un an: "1,27% (iShares Government Bond Index)

Capital garanti: NON

Ces obligations sont parmi les produits les plus populaires sur le marché. Heureusement, car c'est ainsi que les gouvernements se financent. Cette catégorie d'obligations comprend à la fois celles du gouvernement fédéral, des provinces canadiennes ainsi que des sociétés d'État. Il est possible d'en acheter à la pièce (via un courtier) ou par l'entremise d'un fonds commun ou d'un fonds indiciel iShares.

Obligations de sociétés

Un risque calculé?

Rendement depuis un an: 0,00% (iShares Corporate Bond Index)

Capital garanti: NON

Les obligations de sociétés sont très populaires depuis la baisse des taux d'intérêt -et par conséquent la baisse des taux des obligations gouvernementales. «Elles peuvent rapporter un rendement jusqu'à 2% supérieur à celui des obligations gouvernementales», dit André Buteau. Cette analyse ne fait pas l'unanimité. «Les obligations de sociétés offrent généralement plus de rendement, mais qui dit plus de rendement dit aussi plus de risques», rappelle Éric Menegazzi. Son collègue Robert Naoum se méfie aussi des obligations de sociétés, qui ne sont pas à l'abri d'une catastrophe. Il cite l'exemple des obligations d'Air Canada avant sa mise en faillite et celui, plus récent, de BCE. André Buteau propose une solution: miser sur un fonds d'obligations de sociétés plutôt que de choisir soi-même ses obligations. «Le risque est mieux réparti», dit-il.

Fonds communs du marché monétaire

Investir en liquide

Rendement depuis un an: 2,0% (indice Morningstar des marchés monétaires canadiens)

Capital garanti: NON

Ils sont essentiellement un panier de bons du Trésor. Sûrs et liquides, ces fonds sont parfaits pour les investisseurs qui pensent à court terme. «C'est idéal pour quelqu'un qui veut placer son argent dans le but d'acheter une maison ou une voiture», dit Éric Menegazzi. En théorie, ces fonds sont réputés pour ne jamais générer de rendements négatifs (même si le capital n'est pas protégé). En pratique, certains émetteurs de ces fonds ont dû renoncer à leurs frais de gestion l'an dernier afin d'éviter un rendement négatif.

Fonds communs d'obligations et fonds indiciels d'obligations

La formule tout-inclus

Rendement depuis un an: "0,79% (iShares Bond Index)

Capital garanti: NON

Les fonds d'obligation sont à l'investissement ce que les forfaits tout-inclus sont au tourisme: une solution facile, sans calculs à s'arracher les cheveux ni préparatifs à n'en plus finir. Les fonds d'obligations ne sont toutefois pas sans risque, surtout si la Bourse poursuit sa remontée cet été. «Le cours des obligations suit généralement le cours inverse des actions», dit Éric Menegazzi. Son collègue André Buteau a les mêmes réserves au sujet de ces fonds dans le contexte actuel. «Si ces fonds n'ont presque pas connu de rendements négatifs depuis les années 1980, c'est que les taux d'intérêt ont baissé de façon constante, dit-il. Or, nous savons que les taux d'intérêt vont finir par augmenter.» Règle générale, les investisseurs poids lourds préfèrent les fonds indiciels négociés à la Bourse de Toronto (iShares) et leurs frais de gestion peu élevés, tandis que les petits investisseurs apprécient la flexibilité des fonds communs, qui n'ont pas de frais de transaction. Autant les fonds communs que les fonds indiciels offrent un mélange d'obligations gouvernementales que d'obligations de sociétés. Il y en a ainsi pour tous les goûts.

Fonds communs d'actions de dividendes

Pour aventuriers seulement

Rendement depuis un an: -25,7% (indice Morningstar des fonds d'actions canadiennes de revenu)

Capital garanti: NON

Oui, vous avez bien lu - des fonds d'actions comme placements sûrs. C'est que les fonds de dividendes sont perçus comme étant moins risqués parce qu'ils ne comprennent que des titres à dividendes élevés. Le capital n'est pas mieux protégé que celui investi d'autres titres, mais le versement de dividendes élevés constitue une sorte de police d'assurance contre les pertes. Une police d'assurance très imparfaite, comme l'ont rappelé les marchés boursiers l'an dernier. «Nous avons vu que ces fonds ne sont pas invincibles!», dit Robert Naoum.

CPG boursiers et billets à capital protégé

Le pire des deux mondes?

Capital garanti: OUI

Avant que la crise financière n'ébranle les marchés boursiers, ces véhicules d'investissement avaient la cote auprès des investisseurs qui voulaient jouer en Bourse sans risquer de perdre leur capital. La raison: ils pouvaient profiter de la hausse des marchés boursiers tout en ayant leur capital garanti. Ce sont toutefois des produits complexes au rendement plafonné. Aujourd'hui, les détenteurs de certains billets se retrouvent pris avec un investissement qui ne leur rapportera rien sur une longue période (jusqu'à cinq ans!). «Ce sont des outils complexes, dit André Buteau. La seule chose qui est intéressante, c'est que le capital est garanti. À ce compte-là, aussi bien laisser son argent sous le matelas!»