Si vous êtes surendetté au point d'en faire des cauchemars et que vos créanciers vous courent après, vous songez peut-être à la faillite. Avant d'en arriver là, sachez que d'autres solutions existent, chacune comportant des avantages et des inconvénients.

Quelle que soit l'option choisie, la première étape pour redresser ses finances est la consultation budgétaire, qui permet de comprendre comment on en est arrivé là et d'ajuster ses dépenses.

 

Ces consultations sont gratuites à Option consommateurs et dans les Associations coopératives d'économie familiale (ACEF). On vous donnera également tous les renseignements nécessaires sur la faillite et sur les autres avenues pour vous aider à prendre une décision éclairée. Le syndic peut aussi remplir ce rôle.

La consolidation de dettes

La consolidation de dettes est la solution la plus recommandée car elle permet d'éviter que son dossier de crédit ne soit entaché. Il s'agit de faire à la banque un emprunt qui englobera toutes nos dettes.

Cela permet d'étaler le remboursement sur une plus longue période et d'obtenir un taux d'intérêt plus bas. Toutefois, il y a un risque.

«Même si, dans 99% des cas, la banque exige que le client annule toutes ses cartes de crédit, rien n'empêche les compagnies émettrices de solliciter de nouveau l'individu, dit Pierre Fortin, syndic de faillite chez Jean Fortin et Associés. Ce sera alors tentant de retomber dans les mêmes comportements.»

De plus, les banques sont plutôt réticentes à accepter les consolidations. Il se peut que l'on vous refuse le prêt ou que l'on vous demande de trouver une caution. À moins que la somme empruntée soit inférieure à 5000$, Pierre Fortin ne recommande pas d'avoir recours aux membres de sa famille.

«Avant d'impliquer la parenté dans votre endettement, pensez-y bien, car si la banque a des doutes sur votre capacité de rembourser, peut-être que votre caution devrait en avoir elle aussi!» dit-il.

La proposition de consommateur

La proposition de consommateur est faite par l'intermédiaire d'un syndic. Elle permet d'éviter la faillite et de conserver tous ses biens. Au lieu d'éliminer toutes vos dettes, vous offrez à vos créanciers de payer seulement un certain pourcentage de celles-ci en les étalant sur une période maximale de cinq ans, sans intérêts.

Toutefois, cela entachera votre dossier de crédit pendant la durée des remboursements, plus trois ans. Si vous remboursez en cinq ans, l'inscription demeurera donc dans votre dossier pendant huit ans au total.

«Cette solution avantage les gens qui sont capables de rembourser en peu de temps ou qui ont des biens saisissables qu'ils veulent éviter de perdre», explique Éric Lebel, syndic et associé de Raymond Chabot Grant Thornton.

La proposition de consommateur est aussi recommandée aux gens qui font une deuxième faillite puisque, en ce cas, l'inscription au dossier de crédit serait de 14 ans.

Par ailleurs, si vos revenus sont substantiels, vos créanciers pourraient s'opposer à votre faillite. La proposition de consommateur serait alors la seule option.

Le dépôt volontaire

Les intervenants consultés par La Presse sont unanimes: le dépôt volontaire est une option archaïque. Il consiste à s'inscrire au palais de justice en s'engageant à y déposer 30% de son salaire brut, moins certaines déductions admissibles pour les personnes à charge, à chaque paye. Vous payez alors toutes vos dettes, mais avec un taux d'intérêt de 5%.

«Cela permet d'éviter des saisies de revenus à la source, dit Karine Robillard, conseillère budgétaire à Option consommateurs. Mais cela ne vous met pas à l'abri des créanciers, qui peuvent continuer les mesures de recouvrement.»

De plus, le dépôt volontaire sera inscrit à votre dossier de crédit pendant six ans à partir de la date à laquelle vous aurez terminé vos paiements. «C'est très rare qu'on le conseille, dit Pierre Fortin, car il comporte tous les désavantages d'une faillite sans les avantages. Vous payez la dette, mais votre dossier de crédit est quand même entaché.»

Le dépôt volontaire est parfois conseillé comme mesure temporaire aux gens qui ont peur de voir leur salaire saisi et veulent se donner quelques mois de répit pour trouver une solution.