Les faux entrepreneurs, sans permis et parfois sans scrupule, sont une plaie dans la rénovation résidentielle. Et le problème est particulièrement criant dans les travaux d'asphaltage et de toiture. En voici une preuve de plus.

La situation

La réfection d'une toiture.

Le hic

Le couvreur a empoché 1000?$ d'acompte, mais n'a jamais fait les travaux.

«?Je me suis fait rouler.?» - Roger Desjardins

Au bout du compte

Joint par La Presse, le couvreur a promis de remettre les 1000$ dès lundi.

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Les faux entrepreneurs, sans permis et parfois sans scrupule, sont une plaie dans la rénovation résidentielle. Et le problème est particulièrement criant dans les travaux d'asphaltage et de toiture. En voici une preuve de plus.

En juin dernier, Roger Desjardins décide de refaire la toiture à faible pente de sa maison. Il retient la soumission de Couvreur Toutes Saisons, qu'il a trouvé dans l'annuaire téléphonique. Son représentant, Alain Thibault, lui fait bonne impression et il lui soumet un prix intéressant, soit 4200$.

L'entrepreneur s'engage à faire les travaux en août. Il rédige un contrat et lui demande un acompte de 1000$, pour défrayer le coût des matériaux, dit-il. Sans se méfier, M. Desjardins lui signe un chèque.

À la fin d'août, le couvreur affirme avoir pris du retard à cause du mauvais temps. De semaine en semaine, il décale les travaux jusqu'en octobre. Plus le temps passe, plus M. Desjardins a du mal à le joindre, malgré les nombreux messages laissés sur son répondeur.

Lors d'une conversation à la mi-octobre, le couvreur finit par s'engager à lui rendre son dépôt de 1000$. Une promesse en l'air. «J'ai dû l'appeler 20 fois. Il filtre ses appels», déplore M. Desjardins.

Il veut le poursuivre, lui envoyer une mise en demeure. Mais l'adresse de l'entreprise ne correspond à rien. M. Desjardins se rabat alors vers La Presse afin de mettre en garde le public contre le couvreur qui s'annonce encore: «Tous genres de travaux. Vingt-sept ans d'expérience. Dix à 40 ans de garantie», peut-on lire dans sa publicité des Pages Jaunes.

En réalité, il s'agit d'un couvreur sans papiers. Couvreur Toutes Saisons ne détient pas le permis, pourtant obligatoire, de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ).

Une autre entreprise appelée Couvreur Toutes Saisons (inscrite à une autre adresse dans l'Ouest-de-l'Île, au nom d'un autre dirigeant) possédait bel et bien un permis RBQ jusqu'en 2006. La Régie lui avait toutefois posé des restrictions, en attendant que le couvreur corrige certains problèmes, indique Marjolaine Veillette, porte-parole de la Régie. Finalement, le couvreur a plutôt abandonné son permis.

«On ne l'avait pas renouvelé parce qu'on n'était pas si occupés que ça, a expliqué Alain Thibault à La Presse. On va le renouveler au mois de mars, quand la saison va commencer.»

Par ailleurs, les enquêteurs de la Régie ont présentement quatre dossiers de plaintes visant M. Thibault, qui fait aussi affaire sous le nom de Quality Roofer. M. Thibault a déjà eu à payer des amendes en 2004, pour avoir effectué des travaux sans permis en 2003.

Si M. Desjardins portait plainte à la Régie, cela pourrait lui valoir une autre amende, car chaque nouvelle infraction est passible d'une amende variant entre 750$ et 1400$.

Mais M. Thibault a promis de rendre rapidement les 1000$ à son client. «Je vais aller lui remettre son dépôt. Pas de problème! Je vais aller lui porter un chèque lundi», a-t-il promis à La Presse.

M. Desjardins se croise les doigts. On vous tient au courant...

Mais une chose est sûre: il vaut mieux faire appel à un couvreur compétent, surtout dans le cas d'un toit plat ou à faible pente. «Une couverture de mauvaise qualité ne vous coûtera pas beaucoup moins cher et risque d'être à refaire au complet dans trois ans», soutient Guy Lalonde, directeur technique de l'Association des maîtres couvreurs du Québec (AMCQ).

Pour en savoir plus, lisez «Refaire son toit, sans s'enfarger».