Serge et Guylaine aiment leur maison de l'est de Montréal. Achetée il y a cinq ans, la maison en rangée en copropriété vaut présentement 165 000$ environ. «Il nous reste à payer une hypothèque de 64 000$ que nous espérons rembourser d'ici 10 ans», précise Serge.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les charges de copropriété n'étaient pas affligées d'une forte propension à la hausse. Elles sont présentement de 1280$, elles sont indexées de 3% par année.

 

Le domaine de 300 unités, construit au milieu des années 70, commence à montrer son âge. Une cotisation supplémentaire de 600$ est prévue pour les huit prochaines années afin de constituer un fonds de réserve de 1,8 million. «Nous craignons que ce ne soit pas suffisant et que ces frais augmentent alors plus que le taux d'inflation, diminuant aussi la valeur de revente de notre maison, dit Serge. On se demandait s'il ne serait pas plus avantageux d'avoir une maison unifamiliale.»

Or, la retraite est un facteur important. Serge a 52 ans et est enseignant depuis l'âge de 35 ans. S'il prenait sa retraite à 60 ans, il n'aurait droit qu'à une rente équivalant à 50% de son salaire. Sa conjointe, plus jeune de sept ans, n'a aucun régime de retraite complémentaire. Pour prendre une retraite en même temps et laisser le temps à leur petite-fille d'atteindre l'université, ils songent à la reporter dans 15 ans, alors qu'ils auront respectivement 67 et 60 ans.

«L'option du déménagement nous fait peur, confie Serge. Nous pensons être en mesure d'acheter une maison unifamiliale de 250 000$ et de la payer avant de prendre notre retraite d'ici 15 ans. Nous aurions alors une plus grande valeur de revente dans 25 ans. Mais nous ne pensons pas pouvoir simultanément cotiser à un REER à raison de 7000$ par année et rembourser la nouvelle maison.» Tel est leur dilemme.

Résolution de problème

Pour le résoudre, la planificatrice financière Josée Laframboise, de BMO Groupe financier, fait d'abord observer que, dans l'optique d'une retraite dans 15 ans, «il pourrait être hasardeux de tout miser sur l'immobilier».

Si la région de Montréal a connu une forte croissance immobilière depuis quelques années, rien ne garantit que ce rythme se maintiendra à long terme. «Les prévisions pour les 17 prochaines années sont plus modestes et se situent plus près de l'inflation», indique la planificatrice.

En fait, avec des REER totalisant 30 000$ à eux deux, leurs actifs se trouvent en grande partie investis dans l'immobilier. Josée Laframboise propose donc que Guylaine et Serge conservent leur maison actuelle et investissent plutôt dans leurs REER.

REER accumulé

Guylaine a accumulé 64 000$ en droits de cotisation REER. «Il serait important d'investir tous les droits inutilisés avant l'âge de conversion au FERR à 71 ans», recommande la planificatrice.

Le budget du couple lui permet présentement d'épargner 7000$ par année pour la retraite. Puisque Serge n'a pratiquement aucun droit de REER inutilisé, cette somme pourrait être investie dans des placements enregistrés au nom de Guylaine. Les remboursements d'impôts des années suivantes s'ajouteraient aux futures cotisations.

Notre planificatrice a convenu avec le couple qu'une stratégie d'investissement modérée leur conviendrait. Avec des actifs répartis à raison de 30% en actions et 70% en revenus fixes, il est raisonnable d'escompter un rendement à long terme d'environ 5%.

Josée Laframboise s'est également intéressée aux dettes du couple. Outre les 64 000$ de l'hypothèque, Serge et Guylaine ont contracté un prêt auto de 22 000$ et leur marge de crédit affiche un solde de 15 000$.

La planificatrice suggère de consolider l'ensemble de ces dettes dans une marge hypothécaire, dont le taux d'intérêt serait plus favorable que celui de la marge de crédit. En posant l'hypothèse d'une créance de 100 000$ à un taux de 5,25% et d'un amortissement de 10 ans, la mensualité s'établirait à 1127$. Le couple économiserait ainsi une somme supplémentaire qui serait elle aussi ajoutée au REER chaque mois.

Si le couple investit ainsi 11 000$ par année dans un portefeuille REER, le rendement de 5% lui permettrait d'accumuler 264 000$ en 15 ans, au moment d'aborder la retraite.

Comment se présenterait-elle?

Le couple souhaite maintenir un coût de vie équivalant à 70% de ses dépenses actuelles, soit 45 500$. Avec une inflation de 3%, le programme proposé par Mme Laframboise permettrait d'atteindre cet objectif avec une marge de manoeuvre confortable. En fait, si les hypothèses de ses projections se vérifient, Serge et Guylaine pourraient peut-être même cesser de travailler quelques années plus tôt que prévu. À suivre de près...

«De plus, ajoute la planificatrice, dans 25 ans, le produit de la revente de la résidence pourra ajouter au besoin un revenu supplémentaire pour la retraite étant donné qu'il n'y aurait aucun impact fiscal puisque c'est la résidence principale.»

Selon ce programme, la maison de Serge et Guylaine serait payée dans 10 ans.

Le couple n'aurait plus alors à assumer que les charges de copropriété, qui s'élèveront vraisemblablement à 1700$, «ce qui est peu élevé», selon Mme Laframboise.

Serge et Guylaine aiment leur maison. Ils n'ont aucune raison de la quitter.

 

LA SITUATION

Serge et Guylaine s'inquiètent. Ils aiment leur maison, mais les charges de copropriété augmentent rapidement. Serait-il préférable d'acheter une maison unifamiliale? Ils n'auraient plus alors les moyens de cotiser à leurs REER.

Dilemme...

»Ça revient à se poser la question: est-ce qu'une maison est un bon placement?»

- Serge

LES CHIFFRES

Serge, 52 ans

Salaire : 70 000$

Régime de retraite : 67% du salaire à 67 ans

REER : 20 000$

Droits de cotisation inutilisés : négligeables

Guylaine, 45 ans

Salaire : 48 000$

Régime de retraite : aucun

REER: 10 000$

Droits de cotisation inutilisés : 64 000$

Résidence : 165 000$

Hypothèque : 64 000$

Coût de vie : 65 000$

LA RÉPONSE

En fait, il n'y a aucun dilemme : mieux vaut rester dans cette maison qu'ils

aiment, consolider quelques dettes, et se consacrer à leur REER. Ils pourront ainsi prendre leur retraite à l'âge espéré... et peut-être même avant.

«Il faudrait que quelqu'un les suive de près.»

- Josée Laframboise

 

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