Les taxes représentent 46 % du prix de la bière au Canada, selon l’industrie brassicole. L’un des coupables est l’indexation automatique de la taxe d’accise fédérale, qui est montrée du doigt par Molson Coors. Le brasseur a eu un répit le 1er avril dernier, mais le combat est à recommencer pour l’an prochain.

« Dans le prix que le consommateur paie partout, il y a 46 % qui sont des taxes », a déclaré Frederic Landtmeters, président de Molson Coors Canada, en marge d’un évènement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) vendredi midi.

D’après le patron de l’entreprise, le Canada est l’un des pays qui taxent le plus la bière avec le Royaume-Uni. Le Canada taxe beaucoup plus la bière que les États-Unis, notamment.

Cette proportion de 46 % est toutefois contestée par des chercheurs qui l’estimaient autour de 20 à 30 % en 2021, comme le rapportait le journaliste André Noël dans le média en ligne Pivot le 12 avril dernier1.

Nonobstant le débat sur les chiffres, l’un des enjeux, selon l’entreprise brassicole, est la formule d’indexation de la taxe d’accise, qui suit l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) depuis 2017.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le président de Molson Coors Canada, Frederic Landtmeters

« Pour 2023, on faisait face à une augmentation au 1er avril de 6,3 %. On a calculé la hausse en dollars, en augmentation de prix en magasin, on est allés présenter ça au gouvernement fédéral en leur disant : “Aidez-nous, ça n’a pas de sens” », a expliqué M. Landtmeters dans un point de presse.

Une indexation conforme à l’IPC en 2022, soit 6,3 %, aurait représenté, pour l’ensemble de l’industrie de la bière au pays, des taxes de 40 millions, lesquelles auraient ensuite été passées aux consommateurs. Ceux-ci font déjà face à de fortes hausses de prix en magasin, avait indiqué le président de Molson Coors Canada quelques minutes plus tôt lors du dîner-causerie organisé par la CCMM.

Finalement, le fédéral a limité l’augmentation à 2 %.

Depuis le 1er avril, la taxe d’accise revient donc à 2,91 $ par caisse de 24 bouteilles. À cette taxe s’ajoutent notamment la taxe spécifique sur les boissons alcooliques du gouvernement québécois et les taxes à la consommation du provincial et du fédéral.

Mais le combat est à recommencer parce qu’on se dirige vers une nouvelle hausse de 4 % le 1er avril 2024.

L’industrie milite donc pour l’abolition de la formule d’augmentation automatique de la taxe d’accise. D’après le registre fédéral des lobbyistes, M. Landtmeters a rencontré des membres du cabinet du ministère des Finances en février dernier à cette fin.

La leçon de la Bud Light

Outre les taxes, M. Landtmeters a parlé à son auditoire de diversité et de l’essor des bières sans alcool.

Le patron canadien a abordé le sujet dans sa causerie en indiquant que la diversité s’inscrivait dans la valeur de l’entreprise consistant à mettre les gens en premier, ce qui veut dire, a-t-il soutenu, tous les gens.

« On essaie de développer des programmes commerciaux, y compris des publicités, qui s’adressent aux consommateurs, tous nos consommateurs », a-t-il répondu par la suite à une question d’un journaliste sur la possibilité de faire appel à une personne transgenre dans une éventuelle campagne publicitaire.

Bud Light fait l’objet d’une polémique depuis la mi-mars lorsqu’une influenceuse transgenre, Dylan Mulvaney, a publié une vidéo sur son compte Instagram pour promouvoir un concours. L’entreprise avait préparé une canette de Bud Light sur laquelle figurait sa photo. Des conservateurs américains ont appelé au boycottage. Les ventes de la marque en ont souffert.

La Heineken 0.0 en vedette au Grand Prix

Les produits faiblement alcoolisés représentent au moins 10 % du marché en Espagne, mais 1 % en Amérique du Nord. Molson Coors y voit une occasion de croissance. « Dans deux semaines, on a le Grand Prix de Formule 1 à Montréal, a dit M. Landtmeters pendant la causerie. Si vous regardez le Grand Prix sur place ou à la télé, il y a de grandes chances que vous remarquiez que c’est la Heineken 0.0 qui va être mise en avant. C’est un choix qui n’a aucun sens par rapport à la taille [des parts de marché] de cette bière. [Mais] ça fait tout le sens du monde au niveau de la croissance [attendue pour] ce produit. »

La marque est importée des Pays-Bas. Pour une bière sans alcool brassée localement, il faut se tourner vers Brasseurs de Montréal, une microbrasserie appartenant à Molson, qui en propose quatre versions.

1. Consultez l’article de Pivot « Le lobby de l’alcool obtient une baisse réelle des taxes sur ses produits »